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Loi électorale - Vibrant plaidoyer pour la formule de 1960 La Ligue maronite se mobilise contre le sectarisme de la campagne anti-caza

La Ligue maronite, que préside l’ancien ministre Michel Eddé, mène bataille pour une représentation parlementaire qui serait enfin authentique. Dans un communiqué publié hier, le Conseil exécutif de cette instance s’inquiète fortement de l’escalade de la campagne, marquée par des procédés d’intimidation et des menaces à peine voilées, orchestrée contre le projet de loi électorale transmis à la Chambre. Attaques montées uniquement parce que le texte adopte le caza comme figure de circonscription. Et d’autant plus outrées qu’elles s’alimentent des tisons incandescents du confessionnalisme et du sectarisme. Alors que, de toute évidence, le caza garantit une vraie représentativité des élus. Tout en favorisant le respect effectif du principe constitutionnel qui consacre, à travers une entente nationale bien comprise, le droit de toutes les familles spirituelles du pays à une équitable représentation politique. Lourd héritage La Ligue relève que les lois défectueuses de 92, 96 et 2000 ont été la source même de la déperdition politique et socio-économique du pays. Ces textes, que certains veulent rétablir ou élargir même à la circonscription unique, ont produit les tristement célèbres bulldozers ou bus qui dénaturent la représentation. En privant les électeurs de leur droit sacré de demander des comptes à des « députés » qui, ne les représentant pas du tout, se soucient de leurs problèmes comme d’une guigne. Ou encore de contrôler les actes du gouvernement. Ne songeant qu’à complaire à leurs chefs de file, en servant leurs intérêts avant toute chose. Barrage rédhibitoire Ces mêmes lois, souligne encore le réquisitoire de la Ligue, ont porté un coup fatal à cette réconciliation nationale assignée comme objectif vital par le pacte fondateur de Taëf. Dont elles ont systématiquement dévié, alors qu’il ordonnait l’adoption du mohafazat après cette révision du découpage administratif qui n’a pas été accomplie. Parallèlement, ces dispositions dénaturées ont généré une transgression pérenne du principe de la séparation des pouvoirs. L’autorité publique devenant objet de copartage, de clientélisme, de butins partagés, dans un bouillon de corruption consacrant la domination des corrupteurs. Manipulation dénoncée La Ligue note ensuite qu’il est matériellement impossible, à deux petits mois des élections, de donner corps aux préceptes de Taëf concernant la mise en chantier d’une nouvelle configuration administrative, pour adopter ensuite le mohafazat comme circonscription. Car une refonte improvisée, précipitée serait forcément considérée, aussi bonnes que les intentions puissent être, comme une immixtion falsificatrice dans le processus électoral. Une intervention destinée à tailler la loi électorale à la mesure de telle liste ou de telle autre, de tel pôle politique ou de tel autre. Dès lors, le Conseil exécutif de la Ligue maronite insiste pour que le projet de loi gouvernemental transmis à la Chambre soit adopté tel quel. Réfutation Le communiqué réfute ensuite les allégations selon lesquelles le caza, ou la petite circonscription, ne produisent que de l’extrémisme. Ne profite qu’aux partitionnistes et aux « israélianisés ». En affirmant que ces assertions absurdes autant que trompeuses sont le fait de ceux qui voient s’effondrer l’échafaudage d’intérêts, de profits particuliers, qu’assuraient les précédentes lois électorales. Pour la Ligue, la loi de 1960, qui inspire l’actuel projet, a largement fait ses preuves, aux yeux des Libanais, en termes de représentativité effective. À preuve que cette formule a servi pour quatre éditions successives, la dernière remontant à 1972. Une loi, rappelle la Ligue, promulguée au plus fort de la vague montante du mouvement de libération arabe en Égypte comme en Syrie, sous Nasser. Nul ne peut donc prétendre qu’Israël avait pu jouer un rôle, même camouflé, dans l’élaboration de cette loi. Tout comme il ne viendrait à l’esprit de personne d’accuser Fouad Chehab, Rachid Karamé, Saëb Salam ou Kamal Joumblatt, artisans-partisans de la loi, d’avoir cherché à servir les sionistes, en divisant le Liban en corrals confessionnels isolationnistes. La Chambre fondatrice Bien entendu, ajoute le communiqué, nul n’ignore que le Parlement issu des élections de 1972 a été la seule institution publique dont l’orage de la guerre n’a pu souffler l’unité et la cohésion. Cette Chambre a perduré vingt ans durant, opérant en corps unifié pour préserver l’unité du Liban comme sa formule sociétale de coexistence. La vie parlementaire était restée remarquablement active, malgré l’appartenance des députés à des courants politiques opposés. C’est ainsi que cette Assemblée, élue sur la base du caza, a pu sauver le pays de la guerre en concluant à Taëf le pacte national, dit document de l’entente nationale. Car, indique encore la Ligue, par sa composition qui traduisait une représentativité authentique, la Chambre d’alors consacrait le droit à la différence. Lui permettait de résister, de former un rempart solide face aux assauts des tenants de la thèse de la liquidation de l’autre. Démocratie Le communiqué de la Ligue réitère l’exigence, motivée par les circonstances générales présentes, d’une adoption du projet de loi présenté par le gouvernement. Il estime qu’il y a là une vraie nécessité démocratique, pour commencer. Mais aussi un impératif libanais, tout aussi important, de respecter la validité de la représentation populaire. Tout comme la représentation, également indispensable en ce pays, de ses familles spirituelles. C’est là un droit qui n’est pas un présent, une offrande de quiconque et qui ne tend pas à complaire à une partie donnée, ni à défendre l’intérêt d’un particulier, d’un leader ou d’un pôle. Et de conclure en exprimant la certitude que l’adoption du projet permettra d’avancer sur la voie d’une réconciliation nationale complète, de bien souder les Libanais, de permettre au pays de faire face aux périls régionaux.

La Ligue maronite, que préside l’ancien ministre Michel Eddé, mène bataille pour une représentation parlementaire qui serait enfin authentique. Dans un communiqué publié hier, le Conseil exécutif de cette instance s’inquiète fortement de l’escalade de la campagne, marquée par des procédés d’intimidation et des menaces à peine voilées, orchestrée contre le projet de loi...