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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE Joumblatt et, naturellement, KC fermement attachés à l’harmonie totale avec le patriarche Sfeir... donc au caza L’opposition plurielle décidée à sortir du piège beyrouthin tendu par le pouvoir

Il y a eu un sérieux moment de flottement, d’égarement, un début de panique. Comme si l’arroseur, finalement, avait écarté tout risque de se retrouver, en fin de compte, copieusement arrosé ; comme si le pouvoir avait réussi à piéger l’opposition nationale plurielle, à l’obliger à choisir entre l’assurance de bénéficier du caza comme future circonscription électorale et sa solidarité avec Rafic Hariri, victime principale des ciseaux électoraux du pouvoir et de son tuteur syrien. Parce que, depuis quelques jours, les coulisses du pouvoir se font particulièrement plaisir en ébruitant très clairement des rumeurs assassines sur l’air ricanant du « Vous chantiez ? Eh bien dansez maintenant! ». Comprendre par là que le pouvoir a saisi au bond les critiques formulées contre un projet de loi dont les conséquences pourraient somme toute lui être fort nuisibles, pour menacer de revenir sinon au mohafazat, du moins à la loi de 2000. Et peu importe la 1559 ou le microscope international braqué sur les futures législatives... Sauf que l’opposition est en train de s’employer lentement mais sûrement à neutraliser le piège dans lequel le régime a voulu l’enferrer. Au cours de leur réunion hier à Clemenceau, les députés du bloc Joumblatt ont chargé Marwan Hamadé de fixer avec Rafic Hariri une date pour une rencontre élargie entre ce dernier, le Rassemblement démocratique et Kornet Chehwane – une rencontre destinée à fixer un plafond commun, à bien entendre la décision de l’ancien n° 3 de l’État, et à essayer de trouver une solution au problème posé par le découpage de la capitale. Avec une priorité, boostée par les recommandations éclairées, publiques ou privées, du patriarche Sfeir : la sauvegarde du caza. D’ailleurs, Walid Joumblatt, l’un des principaux alliés de Rafic Hariri, ne s’en cache absolument pas : son principal souci, indépendamment de tout, reste et restera une totale coordination avec Mgr Sfeir, donc un appui inconditionnel, déjà stimulé par sa conviction personnelle, au caza – cela étant tout naturellement valable pour KC, dont le patriarche est le parrain spirituel. Il est vrai que le piège, volontairement ou pas, est malin. En l’obligeant à choisir, le pouvoir met l’opposition nationale devant un sérieux problème d’identité. Parce que, au-delà de la personne même du maître de Koraytem, ce sont, de Tripoli et Denniyé à Saïda, en passant par Baabda, l’Iqlim el-Kharroub et, bien entendu, Beyrouth, 60 % des sunnites au moins, proches du courant du Futur, qui sont concernés. Et en se désintéressant de leur sort, l’opposition nationale perd de facto l’une de ses couleurs principales. Sauf que sur la balance du bon sens, du pragmatisme et de l’intelligence politiques, c’est le caza qui prime. Surtout qu’il ne s’agit pas d’être plus royaliste que le roi : des députés haririens pur souche ont assuré le week-end dernier qu’ils ne voteraient pas contre le projet de loi électoral dans sa mouture actuelle, que, tout au plus, ils s’abstiendraient. Sans compter qu’un coup de grâce peut être asséné au pouvoir dans la deuxième circonscription de Beyrouth, si Rafic Hariri s’y présente personnellement – une circonscription où ce pouvoir-là, de par le découpage perverti qu’il a imposé à la capitale, compte bien compenser les pertes en nombre de strapontins parlementaires que le choix du caza entraînerait automatiquement. Tout dépendra, dans ce Beyrouth II, du vote chiite, et surtout, arménien. À l’opposition de leur faire comprendre, et notamment aux seconds, habitués à voter en toutes circonstances pour les candidats loyalistes, quels qu’ils soient, tout l’intérêt dont ils pourraient bénéficier si jamais ils participaient au changement à l’échelle nationale. Reste à l’opposition, une fois écarté le piège de l’abandon du caza – reste cependant à sonder les véritables intentions du binôme Baabda-Anjar – de se pencher, dans la mesure du possible, sur trois articles dont les méfaits ne sont pas (ou plus) à prouver (lire en page 3) : les articles 63, 68 (sur lequel travaille en ce moment Bahije Tabbarah) et 74 de la loi électorale version 2005. Dures perspectives. Ziyad MAKHOUL

Il y a eu un sérieux moment de flottement, d’égarement, un début de panique. Comme si l’arroseur, finalement, avait écarté tout risque de se retrouver, en fin de compte, copieusement arrosé ; comme si le pouvoir avait réussi à piéger l’opposition nationale plurielle, à l’obliger à choisir entre l’assurance de bénéficier du caza comme future circonscription électorale et...