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Les entretiens du patriarche maronite avec Chirac, Barnier et Aoun au centre de tous les regards Sfeir : L’opposition perdra si elle tombe dans le piège des rivalités

La dynamique multidirectionnelle de l’opposition est indubitablement en marche. Du moins, un constat s’impose de par lui-même : chaque pôle de cette opposition est en train de déployer des efforts pour susciter des interactions positives et resserrer les liens interopposants. Arrivé dans la matinée d’hier à Paris pour une visite de trois jours, le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, l’un des pôles majeurs de cette équation, a consacré ses premières heures en terre française aux préparatifs du déjeuner de travail qu’il aura aujourd’hui à l’Elysée avec le président français Jacques Chirac. Un déjeuner qui sera suivi d’une rencontre au Quai d’Orsay avec le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, puis d’une réunion au Palais Bourbon avec les membres de la commission parlementaire des Affaires étrangères, à l’initiative du président de la commission, l’ancien Premier ministre Édouard Balladur. Selon notre correspondant à Paris, Élie Masboungi, les milieux parlementaires et diplomatiques parisiens qualifient cette visite de très importante tant pour les relations franco-libanaises et l’attitude ferme de la France à l’égard de l’application de la résolution 1559 que pour les élections législatives du printemps que Paris voudrait voir se dérouler dans des conditions optimales de liberté, loin de toute pression. Un point sur lequel le patriarche maronite a insisté hier, dans un entretien accordé à la LBCI, estimant qu’il était nécessaire qu’il y ait « une surveillance du processus électoral ». « Le cabinet actuel compte au moins vingt candidats qui feront tout pour remporter les élections », a-t-il indiqué, évoquant les quelques expériences où le Liban s’était doté d’un cabinet neutre de transition, formé de juges et d’avocats ou d’hommes politiques qui n’étaient pas candidats, chargé uniquement de gérer les élections. « Nous ne pensons pas que ce cabinet va démissionner », a-t-il poursuivi, en plaidant en faveur d’une surveillance interne, sans désapprouver pour autant la surveillance internationale, qui est cependant perçue par certains sur la scène interne comme une ingérence. Pour démystifier cette proposition, Mgr Sfeir a donné l’exemple des observateurs internationaux qui ont surveillé la présidentielle palestinienne, laquelle n’a pas été remise en question. Mgr Sfeir a en outre mis l’accent sur la nécessité d’une entente sur toute la ligne entre les différentes forces de l’opposition. « Toute rivalité serait fatale. Sinon, c’est le pouvoir qui l’emportera », a-t-il souligné. Concernant la 1559, le prélat maronite a estimé qu’elle « va dans le sens des principes que nous réclamons : la liberté, la souveraineté et l’indépendance ». « Nous sommes évidemment pour, mais la question se pose au niveau de l’application de la résolution, une question qui nécessite beaucoup d’efforts, de sagesse et de minutie », a-t-il indiqué. Le prélat maronite a en outre estimé que Samir Geagea n’est pas la seule personne à avoir pris part à des pratiques miliciennes, et que tout le monde doit être traité sur le même pied d’égalité. Il a enfin indiqué qu’il allait rencontrer le général Aoun. « Le général Aoun a le droit, en tant que libanais, de rentrer au Liban », a-t-il conclu. Aoun-Sfeir demain Le volet libano-libanais de la visite de Mgr Sfeir sera d’ailleurs marqué par un tête-à-tête demain samedi, dans la matinée, avec le général Michel Aoun, qui pourrait être déterminant et même crucial pour la consultation électorale, selon l’entourage de l’ancien chef du gouvernement des militaires, dont le courant est un autre pilier de cette dynamique d’opposition particulièrement active ces derniers jours. Coordination, simple accord de principe sur le proche avenir du Liban ou stratégie électorale commune ? On en saura plus samedi à l’issue de la réunion Sfeir-Aoun prévue à 10 heures à l’hôtel Raphaël, lieu de résidence du chef de l’Église maronite. Il se pourrait même, a ajouté l’entourage cité, que le général Aoun fasse une déclaration qui ferait l’effet d’une bombe, ce qui ressort également d’un entretien que le général a accordé à l’hebdomadaire al-Massira. Dans les cercles libanais de Paris, on se perd en conjectures et d’aucuns estiment qu’ils ne seraient pas étonnés d’entendre le général Aoun fixer la date de son retour au Liban ou de dévoiler sa stratégie électorale qui vise à présenter des listes de candidats aounistes alliés à des personnalités indépendantes ayant exprimé récemment leur soutien au leader de l’opposition exilé en France. Certains ont même prédit que Aoun annoncera sa propre candidature dans les jours qui viennent. Contacté par L’Orient-Le Jour, Michel Aoun a néanmoins démenti l’information. Il reste que le CPL est en train de multiplier les rencontres avec le général dans les différentes régions. Hier, le général Aoun s’est adressé par téléphone à plusieurs personnalités mahométanes réunies dans le centre-ville, parmi lesquelles Abdel Hamid el-Ahdab, Chawqi Safieddine, Rached Sabri Hamadé, Rabah Abou Haïdar, Khalil el-Khalil et Hani Nsouly, invitées à débattre la résolution 1559. Et aujourd’hui, Michel Aoun doit faire une intervention académique par téléphone également sur la convivialité au Liban toujours à Beyrouth-Ouest, au Méridien-Commodore. D’autres interventions sont prévues dans les jours qui viennent, dans différentes régions, notamment à Tripoli. Et Aoun-Joumblatt ? Y aura-t-il une rencontre Aoun-Joumblatt dans les jours qui viennent ? Tout semble l’indiquer, même si aucune des deux parties n’annonce pour l’instant de dates. Les positions exprimées par le chef du PSP mercredi à l’USJ ont considérablement amenuisé les quelques divergences qui existent encore entre les deux hommes. Et une délégation du CPL, formée du général Nadim Lteif, et de MM. Alain Aoun et Ziad Abs, a été reçue hier par le secrétaire général du PSP, Chérif Fayad, et M. Waël Bou Faour. Prenant la parole à l’issue de la rencontre, M. Lteif a plaidé en faveur de l’unité de l’opposition, estimant que l’entretien vise à consolider la plateforme commune qui existe entre les deux courants au niveau de la souveraineté et de l’indépendance. De son côté, M. Fayad a indiqué que les législatives constitueront une étape importante vers la formation d’un nouveau cabinet libre qui puisse négocier avec Damas le retrait des troupes syriennes du Liban. Pour sa part, le patriarche maronite recevra la presse samedi après-midi dans les salons de l’hôtel Raphaël pour dresser le bilan de sa visite en France et de ses divers entretiens à Paris. Dimanche, il recevra les membres de la communauté libanaise de France, après la messe qu’il célèbrera en l’Église N-D du Liban, rue d’Ulm.

La dynamique multidirectionnelle de l’opposition est indubitablement en marche. Du moins, un constat s’impose de par lui-même : chaque pôle de cette opposition est en train de déployer des efforts pour susciter des interactions positives et resserrer les liens interopposants.
Arrivé dans la matinée d’hier à Paris pour une visite de trois jours, le patriarche maronite, Mgr...