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DIPLOMATIE - L’avenir politique du Liban et ses relations avec l’UE dépendent d’un scrutin « libre et équitable » À son tour, l’Union européenne rappelle la 1559 au bon souvenir des autorités libanaises

Son pays a certes accompagné activement la genèse et la finalisation de la résolution 1559 de l’Onu, qu’il a coparrainée. Mais Bernard Émié, le nouvel (et infatigable) ambassadeur de France au Liban, l’a martelé à plusieurs reprises : derrière cet appel implicite au retrait des forces syriennes et à l’arrêt des ingérences de Damas dans les affaires internes libanaises, il y a « une véritable volonté internationale ». Cet axiome, le diplomate l’a répété hier à l’issue de ses visites protocolaires successives auprès d’Élias Hraoui puis de Walid Joumblatt : « Ce n’est pas une position de la France, c’est celle de toute la communauté internationale ; et j’attire votre attention sur le fait que tous les pays de l’UE ont effectué hier une démarche auprès des autorités libanaises pour leur rappeler combien l’Europe souhaite que cette résolution soit appliquée », a-t-il rappelé aux journalistes présents. Et effectivement, la troïka européenne a fait avant-hier mercredi d’une pierre deux coups. En se rendant auprès du ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, elle s’est employée à rappeler la 1559 au bon (ou au mauvais...) souvenir des autorités libanaises – si tant est qu’elles l’aient oubliée... –, tout en leur répétant à son tour que c’est l’ensemble de la planète qui souhaite et soutient l’indépendance, la souveraineté et la libre décision du Liban. « Le Conseil européen des 16 et 17 décembre 2004 avait décidé de rappeler l’importance qu’il attache à l’application de la résolution 1559... », écrit le communiqué de presse de l’UE, publié à l’issue de l’entretien au palais Bustros. Et Beyrouth sait d’ailleurs pertinemment, malgré la nonchalance sidérante dont il continue de faire preuve, malgré les atermoiements qu’il continue de multiplier, tous les bénéfices qu’il peut tirer à la fois du processus de Barcelone et du partenariat euro-méditerranéen, qui fêtera d’ailleurs en novembre prochain son dixième anniversaire. Cette fermeté européenne officielle – la troïka était emmenée par l’ambassadeur des Pays-Bas, au nom de la présidence luxembourgeoise de l’UE – intervient en outre quelques jours après la visite au Liban du ministre italien des Affaires étrangères, Gianfranco Fini – et sonne sinon comme un sérieux rappel à l’ordre, du moins comme une indiscutable remise à l’heure des pendules. Le chef de la diplomatie italienne avait effectivement jugé bon de souligner, démarquant volontairement et ostentatoirement l’Italie (qui s’empresse souvent de dire noir quand la France annonce le blanc) du reste de l’UE et de la communauté internationale, qu’il fallait « œuvrer pour une paix globale au Proche-Orient plutôt que de se focaliser sur la résolution 1559 » du Conseil de sécurité de l’Onu. Z.M. La troïka de l’Union européenne est composée de l’ambassadeur des Pays-Bas, Gerard Van Epen (les Pays-Bas remplaçant le Luxembourg, qui assure la présidence tournante de l’UE et qui n’a pas de chancellerie au Liban), de son collègue britannique James Watt (le Royaume-Uni assurera la prochaine présidence), ainsi que du chef de la délégation de la Commission européenne, Patrick Renauld. Et dans le communiqué publié mercredi, la chancellerie néerlandaise commence par rappeler que la réunion avec le ministre Hammoud « fait partie des contacts bilatéraux réguliers que l’UE et le Liban entretiennent dans le cadre de leur coopération mutuelle ». La troïka a d’abord informé le chef de la diplomatie des conclusions du Conseil européen des 16 et 17 décembre 2004, au cours duquel la présidence luxembourgeoise a décidé de « consolider davantage le processus de Barcelone dans l’esprit du partenariat ». Les ambassadeurs européens ont également « informé le ministre Hammoud des derniers développements au niveau de l’UE en ce qui concerne les relations bilatérales avec le Liban, soulignant que le Conseil avait décidé de rappeler l’importance qu’il attache à l’application de la résolution 1559 ». Ils ont « mis l’accent, dans un esprit de coopération, sur la nécessité pour le Liban de se conformer pleinement » à cette décision internationale. « Ils ont rappelé que toutes les résolutions du Conseil de sécurité engagent les pays membres des Nations unies », et, « conformément à la position déjà prise par l’UE, les ambassadeurs ont noté l’importance cruciale d’un déroulement libre et équitable des prochaines élections parlementaires pour l’avenir politique du Liban et de ses relations avec l’Union ». Les ambassadeurs de l’UE ont également évoqué la Politique européenne de voisinage (PEV) et la volonté de l’Union d’y inclure le Liban, « tout en soulignant que la PEV n’est pas un simple programme d’aide, mais qu’elle nécessite une vraie collaboration et un engagement tangible du côté libanais également ». Pour sa part, l’ambassadeur français, Bernard Émié, a d’abord expliqué à l’ancien chef de l’État Élias Hraoui « quel était le sens de l’engagement de la France pour la résolution 1559 : un attachement passionnel à l’indépendance, à la souveraineté et au plein respect de la tradition démocratique » du Liban, « pays ami de la France ». Et refusant de faire à quiconque – et notamment aux autorités syriennes – un procès d’intention, il a estimé que la 1559 « peut et doit être appliquée par l’ensemble des membres de la communauté internationale dans un esprit de dialogue et de coopération. Ce n’est pas une position de la France, c’est celle de toute la communauté internationale ; nous pensons que tous les membres des Nations unies doivent appliquer les résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il déclaré. Plus tard, et à l’issue de sa visite protocolaire auprès du chef du PSP, Bernard Émié a rendu hommage « à la vision politique et à la détermination (de Walid Joumblatt) avec laquelle il défend l’indépendance, la souveraineté et la tradition démocratique » au Liban. Réaffirmant ensuite la volonté de la France, de l’UE et de l’ensemble de la communauté internationale « de voir la 1559 pleinement appliquée », il a souligné l’attachement de son pays à ce que la loi électorale à venir « puisse assurer d’une manière équitable et juste la pleine représentativité de toutes les composantes de la société libanaise. Il sera naturellement important le moment venu que le déroulement de la campagne électorale dans ses différentes phases permette la libre expression de chacun ; le scrutin devra aussi être transparent, et la communauté internationale suivra attentivement ces élections », a-t-il promis. Avant de rappeler combien la France avait été « choquée » par « l’ignoble » attentat contre Marwan Hamadé, et de réclamer que « la pleine lumière » soit faite sur les responsabilités dans cette affaire, et que les coupables soient « identifiés, jugés et punis ».
Son pays a certes accompagné activement la genèse et la finalisation de la résolution 1559 de l’Onu, qu’il a coparrainée. Mais Bernard Émié, le nouvel (et infatigable) ambassadeur de France au Liban, l’a martelé à plusieurs reprises : derrière cet appel implicite au retrait des forces syriennes et à l’arrêt des ingérences de Damas dans les affaires internes libanaises, il y a...