Rechercher
Rechercher

Actualités

Meeting oratoire au Kesrouan à l’invitation de Souhaid L’opposition d’une seule et même voix, hier, à Fatqa (Photo)

La réunion d’hier n’a pas failli à ce qui est désormais la tradition. Depuis plus de deux ans, la Rencontre de Notre-Dame de la Montagne – Fatqa, organisée par le groupe de travail du député Farès Souhaid, s’est imposée comme un forum de discussion constructif et convivial. Ainsi, hier, quelques-uns des meilleurs orateurs opposants, de différentes communautés, ont successivement pris la parole, mettant l’accent sur l’unité de l’opposition « pour le rétablissement d’un Liban souverain, libre et indépendant » et tenant des propos audacieux et fédérateurs devant des représentants de la quasi-totalité des courants de l’opposition plurielle (notamment le courant aouniste) et un grand nombre d’habitants du Kesrouan. Le plus frappant est que, spécificités et particularités respectées, les six ont donné l’impression de parler d’une même voix. Après l’allocution d’ouverture éloquente de l’avocat Ziyad Baroud, qui a mis l’accent sur la symbolique consensuelle et réconciliatrice de l’événement, le député Farès Souhaid a exprimé une idée qui devait être reprise par chacun des intervenants : l’opposition mènera bataille avec une seule liste électorale du Nord au Sud, adoptera une seule couleur et un seul slogan. M. Souhaid a insisté sur une idée maîtresse : l’opposition plurielle vient transcender les clivages communautaires ou régionaux hérités de la guerre, dans le but de recouvrer l’indépendance du pays. « C’est une opposition qui n’est le monopole de personne ; elle appartient à tout le monde. C’est d’abord l’opposition des mères qui en ont ras le bol de voir leurs enfants émigrer, celle des agriculteurs qui souffrent de la concurrence illicite, celle des jeunes qui ont perdu tout espoir dans l’avenir du pays », a-t-il indiqué. Et de lancer, en conclusion, et sous un tonnerre d’applaudissements : « Il s’agit du dernier gouvernement syrien au Liban. Le temps est venu pour nous de mettre en pratique notre droit à nous gouverner nous-mêmes. » Quelques instants plus tard, il devait ajouter, pour dénoncer la récente campagne occulte de graffitis anti-Walid Joumblatt : « Je préfère mille fois marcher au côté ou derrière Walid Joumblatt que sous la férule d’un officier des SR syriens. » L’enfer, oui, pour le Liban Tout aussi applaudi, le député progressiste Akram Chéhayeb, qui a commencé par reprendre les thèmes-clefs du discours joumblattiste. « Nous poursuivons notre action visant à parfaire l’unité de l’opposition, et il n’y aura pas de retour en arrière », a-t-il souligné. Dans ce cadre, le député a évoqué la dynamique de dialogue entreprise par le PSP auprès des FL et des aounistes, mais aussi avec le Hezbollah. Il a souligné dans ce cadre que le dernier point évoqué avec le général Aoun avait été les législatives, et que l’essentiel avait porté sur le rétablissement de l’indépendance et de la souveraineté du pays. « Le pouvoir tente jour et nuit de saboter cette dynamique. (...) », a-t-il noté. « Nous aurions souhaité que la visite du ministre syrien Moallem vise à un rééquilibrage, mais il ne suffit pas de substituer des habits diplomatiques à un uniforme sécuritaire. (...) On nous menace tous les jours d’un enfer. Mais ce sacrifice pour le Liban en vaut la peine », a-t-il conclu. Le député Misbah Ahdab a également mis l’accent sur le fait que la page de la guerre est définitivement tournée. Défendant le pluralisme et la souplesse de l’opposition, il a accusé le pouvoir d’avoir transposé les tranchées de la guerre en barricades psychologiques dans les esprits des gens. « Nous avons tous payé le prix de la guerre, que nous avons tous perdu », a-t-il indiqué, avant de mettre en évidence les points qui unissent l’opposition. Défendant ensuite les principes du consensus national, il s’est demandé pourquoi les musulmans n’auraient pas le droit d’être dans l’opposition. « Nous souffrons tous des mêmes maux. Il suffit que tout Libanais se pose la question suivante : est-il satisfait de la situation politique, sociale ou économique ? » a-t-il conclu, appelant Tripoli à rejoindre les rangs de l’opposition nationale. L’État musulman non viable Aussi virulent que d’habitude, le député Bassem Sabeh a profité de son intervention pour répondre, sans le nommer, au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. « Nous sommes pour la majorité qualitative. Tous ceux qui sont pour la réconciliation, pour Taëf et pour le Bristol font partie de cette catégorie. Les musulmans, comme entité politique, ont pris une décision politique définitive en faveur de la vie commune. Ils ne délaisseront pas cette formule, malgré les voix qui s’élèvent pour saper la convivialité. Un État chrétien souffrirait d’un manque identitaire. Un État musulman, s’il vit, aura le même problème. Mieux encore, il échouera culturellement, spirituellement et politiquement. Ces deux projets constituent une menace contre le Liban. Je refuse de prendre part à un État confessionnel. Le Liban tire sa richesse du fait que c’est un message. La vraie majorité qualitative, c’est celle des Libanais et de la réconciliation. Les autres sont des majorités téléguidées qui reçoivent leurs ordres des officiers des SR syriens », a-t-il indiqué. Moawad pour la libanisation de la Syrie De son côté, la députée Nayla Moawad a estimé que les législatives seront l’occasion pour les Libanais d’élire un programme, celui du rétablissement de la souveraineté. Ils auront à faire un choix clair dans ce sens : perpétuer la tutelle, l’État sécuritaire et le sous-développement « des bingos », ou opter pour la modernité et l’indépendance. Or c’est pour « une libanisation de la Syrie, et non une syrianisation du Liban, qu’il faut opter ». Selon elle, il faut profiter de la conjoncture internationale pour réaliser un agenda interne de changement au Liban. Par ailleurs, les « démarches symboliques » pour la réconciliation nationale ne suffisent plus : toutes les forces doivent élaborer ensemble leur vision de l’avenir et cesser de rechercher leur légitimité dans le passé. Elle a enfin mis en garde contre le « piège » que pourrait constituer le caza, si l’opposition vient à se livrer bataille et s’engager dans des combats partiels. « Chacun de nous doit comprendre que s’il sort de cette rencontre plurielle, il est fini », a-t-elle ajouté. Dernier à s’exprimer, le candidat au siège grec-orthodoxe de Beyrouth, Gebran Tuéni, a lui aussi mis en garde contre « l’euphorie » qui pourrait pousser certaines forces opposantes au pire. « Si nous n’arrivons pas à définir un plafond commun, nous aurons échoué », a-t-il indiqué, appelant les chefs de l’opposition à faire des concessions sur le plan de la représentation dans l’intérêt général. Avec sa verve habituelle, il a enfin salué le président de la République Émile Lahoud, « qui nous a permis de nous rassembler grâce à la prorogation, qui a provoqué une mobilisation internationale dans l’intérêt du Liban, et qui est l’“homme de la résolution” 1559 ». « Je n’ai pas honte d’appuyer la 1559, qui est une opportunité en or », a conclu M. Tuéni. Les intervenants ont ensuite longuement répondu aux questions des habitants du Kesrouan. Michel HAJJI GEORGIOU
La réunion d’hier n’a pas failli à ce qui est désormais la tradition. Depuis plus de deux ans, la Rencontre de Notre-Dame de la Montagne – Fatqa, organisée par le groupe de travail du député Farès Souhaid, s’est imposée comme un forum de discussion constructif et convivial. Ainsi, hier, quelques-uns des meilleurs orateurs opposants, de différentes communautés, ont successivement...