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Actualités - OPINION

Dr George W. & Mr Bush

Non moins de neuf bals, rassemblant la fine fleur de la high-society en tuxedo, robe de soirée et bottes texanes, ont été donnés jeudi soir dans les grands hôtels de Washington pour saluer le début du second mandat Bush. Et pourtant, nous apprennent (un peu tard, il est vrai) les derniers sondages, seuls 49 % des Américains sont à la fête. Selon même des estimations à l’échelle planétaire, publiées par la très sérieuse BBC, 58 % des mortels sont mécontents, sceptiques et surtout inquiets, dans leur conviction que par sa gestion très personnelle des affaires du monde, le président US a finalement rendu celui-ci nettement plus dangereux. Sûr de lui-même pourtant, le président des États-Unis persiste et signe, même s’il s’abstient cette fois de mettre les points sur les « i ». C’est ainsi que dans son discours de réinvestiture, il n’a pas cité une seule fois l’Irak, même s’il a tenu à rendre hommage à l’héroïsme de ses boys, par lui-même envoyés dans un sanglant bourbier. Même le mot de terrorisme est rigoureusement – et curieusement – absent ; en revanche, celui de liberté revient non moins de 41 fois dans cette allocution, suivi – c’était inévitable – de celui de Dieu. À l’évidence, le patron de la Maison-Blanche reste convaincu de la mission messianique qui est la sienne : et qui va consister, durant les quatre prochaines années, à lutter contre la « tyrannie » partout où elle sévit, pour protéger l’Amérique. Les « tyrans » de ce monde, qui sont-ils ? Dick Cheney a placé l’Iran en tête de liste des endroits « potentiellement dangereux » : agitant même, sans avoir l’air d’y toucher, la menace d’un raid israélien contre les installations nucléaires des ayatollahs. Outre l’Iran, la secrétaire d’État Condoleezza Rice a désigné quant à elle Cuba, la Corée du Nord, la Birmanie, le Zimbabwe et la Biélorussie ; elle a cependant précisé, en bonne diplomate, que la priorité irait... à la diplomatie. On peut, bien sûr, n’être pas tout à fait d’accord sur la composition de cette liste noire. On peut s’étonner aussi du providentiel oubli dont bénéficient maints autres régimes de par le monde, eux aussi convaincus de tyrannie, mais qui se trouvent figurer aussi parmi les amis et alliés, effectifs ou potentiels, des États-Unis. Ce triste fait est particulièrement évident dans ce Proche et Moyen-Orient où Bush se fait fort d’instaurer la règle démocratique. De quelles vertus démocratiques peut ainsi se prévaloir l’enfant chéri de Washigton, cet État d’Israël par définition raciste, par vocation expansionniste, qui assassine « légalement » et rase les maisons impunément ? Et lequel parmi les dizaines de millions d’habitants de la région, ployant sous les théocraties moyenâgeuses ou les dictatures militaires, pourrait-il aspirer à l’émancipation si elle devait s’opérer dans les mêmes conditions que celles imposées aux infortunés Irakiens ? Le discours de jeudi ne convainc guère, pour la simple raison que toutes ces ambitieuses promesses, c’est précisément un George W. Bush qui les fait. C’est sur un colossal mensonge – les fameuses armes de destruction massive – que ce dévot, repenti de la bouteille, a bâti ses plans cataclysmiques pour l’Irak. Et du Dr Jekyll ou de Mr Hyde, du vertueux illuminé ou du forcené de la gâchette arborant une fausse candeur, même les plus optimistes, les plus portés à l’indulgence seraient bien en peine de décider lequel incarne mieux l’empereur américain, le vrai. Pour nous Libanais, l’énigme comporte une interrogation supplémentaire, passablement dérangeante : peut-on désavouer, entre autres exploits de l’Administration US, le gâchis irakien et le choquant parti pris en Palestine et se féliciter en même temps, en toute confiance, du subit engagement US en faveur de la souveraineté et de l’indépendance de notre pays illustré par la résolution 1559 de l’Onu ? En revanche, l’intérêt national ne commande-t-il pas de prendre ce qui est bon là où il se trouve, de tirer profit de ces occasions dites historiques même quand elles ne sont pas le fait des anges ? Issa GORAIEB
Non moins de neuf bals, rassemblant la fine fleur de la high-society en tuxedo, robe de soirée et bottes texanes, ont été donnés jeudi soir dans les grands hôtels de Washington pour saluer le début du second mandat Bush. Et pourtant, nous apprennent (un peu tard, il est vrai) les derniers sondages, seuls 49 % des Américains sont à la fête. Selon même des estimations à l’échelle...