Showbiz - La mystérieuse chanteuse n’est pas musulmane, elle serait d’origine géorgienne et vit à Moscou Foulard islamique et décolleté, Nato succède à Tatou (Photo0

Des paramilitaires armés de fusils à peinture sécurisent la scène avant que la mystérieuse Nato ne prenne le micro pour son premier concert : cette star montante s’est attirée une couverture médiatique impressionnante en chantant le visage couvert d’un foulard islamique. La musique est entraînante, des chants traditionnels ouzbeks et géorgiens sont interprétés par la jeune femme au rythme de guitares électriques et de musique électronique. Sur scène, les cheveux et le visage voilés, elle joue sa musique secrète, protégée. Personne ne peut l’approcher, dans la salle des gardes en uniforme tirent des cartouches d’air comprimé pour éloigner ceux qui sont trop curieux. Si toute la presse moscovite s’est déplacée pour ce petit concert, c’est que Nato, le nouveau « projet » de Ivan Chapovalov, l’ex-producteur du duo techno-lesbien à succès Tatou, a déjà fait scandale. Nato et M. Chapovalov avaient dès septembre fait parler d’eux avec l’annulation d’un premier concert lors duquel une attaque terroriste devait être simulée. La salle a préféré renoncer, la Russie étant alors traumatisée par une série d’attentats. Les rares personnes venues écouter ce concert apprécient mais regrettent de ne pas voir la scène de la petite salle, cachée par une forêt de caméras. « Ce sont des sensations nouvelles ! Je comprends que les gens ont eu peur, mais elle (Nato) lutte contre le terrorisme avec l’art », dit Natalia, 25 ans. Rouslan, un web-designer de 27 ans, a découvert Nato à la radio. Au courant de la première polémique du mois de septembre dernier, il s’attendait à du grand spectacle. «Ce concert est un défilé pour la presse. Ça passe bien le foulard à l’écran, mais les gens s’inquiètent. Ils ont peur de devoir écouter de la musique allongés par terre les mains sur la tête », explique le jeune homme. « J’espère que la prochaine fois elle chantera debout sur un char et avec du public», conclut Rouslan. Certains hommes politiques ont fait le déplacement pour voir ce que donnait en vrai cette chanteuse au visage camouflé mais dotée d’un décolleté avantageux. « Les Russes vont peut-être comprendre que tous les musulmans ne sont pas des terroristes. Je préfère le djihad musical au vrai, aux bus qui explosent!» dit Alexeï Mitrofanov, un député en vue du parti ultranationaliste de Vladimir Jirinovski. Entre les chansons, des extraits des nouvelles de CNN sur les attentats en Irak ou la rébellion islamiste en Indonésie sont diffusés sur des écrans de télévision. M. Chapovalov joue lui avec les médias, se fait attendre, répond à une question par une autre. La veille du concert, il se fait interviewer dans une chambre d’hôtel de Moscou, allongé sur un lit, où il tire avec une mitraillette en plastique sur les murs. Nato, « de la provocation ? Je ne sais pas... Moi ça m’excite de vous voir tous là!» explique-t-il dans un grand éclat de rire. Certains disent que Chapovalov est fou, d’autres qu’il joue un rôle. On n’en saura pas plus. Pas un mot non plus sur qui est cette Nato. Le mystère doit être préservé. Seule petite indiscrétion glanée, Nato (dont le nom de scène n’a rien à voir avec l’Alliance atlantique, jure le producteur) n’est pas musulmane, serait d’origine géorgienne et vit à Moscou. D’après les organisateurs, son succès sera mondial et les négociations sont en bonne voie pour une sortie internationale du disque. Le tapage médiatique fera vendre. « C’est marrant, toutes ces caméras, les gens viendront par centaines la prochaine fois, c’est sûr. Les Moscovites sont comme ça, ils attendent que ce soit à la télévision pour venir », conclut Tania, 25 ans, étudiante en marketing.