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Diplomatie - La sous-secrétaire d’État adjointe accuse Beyrouth et Damas de chercher des « excuses » pour ne pas mettre en œuvre la résolution Debel : Nous n’attendrons pas la paix au Proche-Orient pour faire appliquer la 1559

Élisabeth Debel, qui a récemment succédé à David Satterfield au poste de sous-secrétaire d’État adjoint en charge du Proche-Orient, semble partager deux qualités avec son prédécesseur : une connaissance parfaite des dossiers et un esprit mordant à souhait. Mme Debel a pu en faire preuve à la faveur d’une interview accordée hier à Radio-Sawa – une station américaine destinée au monde arabe –, dans laquelle elle s’emploie à mettre les points sur les i au sujet de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. D’entrée de jeu, Mme Debel donne le ton, en qualifiant de « ridicules » les critiques adressées par des responsables libanais à l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Jeffrey Feltman, pour ses nombreuses interventions sur la 1559 et les élections législatives. Mais elle assène d’autres coups encore : l’argumentation officielle libano-syrienne en faveur d’une application chronologique de toutes les résolutions touchant le Proche-Orient ? « Des excuses pour ne pas mettre en œuvre la 1559 », souligne-t-elle, en faisant savoir que Washington n’a nulle intention d’attendre la paix au Proche-Orient pour voir la 1559 appliquée. La visite de Walid Mouallem à Beyrouth ? « Nous voulons des actes, pas des visites, des rencontres et des paroles. » Taef ? Les Syriens auraient dû « s’y conformer il y a bien longtemps ». Le Hezbollah ? C’est lui qui a « provoqué » Israël dimanche dernier. Sur ce dernier point, Mme Debel va plus loin en soulignant qu’aux yeux de Washington, le parti de Dieu ne saurait avoir un double visage, un « terroriste » à l’extérieur et un « politique » à l’intérieur. De fait, il s’agit là d’un net durcissement de la politique américaine, Washington ayant pendant quelque temps flirté avec une conception – introduite par la Grande-Bretagne – d’un Hezbollah double : le terroriste qu’il s’agit d’éradiquer et le présentable qu’il convient d’encourager. Enfin, au sujet de la Finul, la responsable américaine laisse entendre que la prorogation du mandat de cette force aura lieu à la fin janvier, mais qu’il est possible que des modifications de structure y soient introduites. Élie Fayad Interrogée sur les critiques à l’encontre de M. Feltman, notamment à la suite du communiqué publié la semaine dernière par la chancellerie de Awkar aussitôt après un entretien de l’ambassadeur avec le chef de l’État, Émile Lahoud, Mme Debel a répondu : « Je pense que cette campagne (de critiques) est ridicule. Honnêtement, l’ambassadeur Feltman remplit ses fonctions. Ce qu’il a dit après sa visite chez le président Lahoud n’est qu’une répétition de ce qu’avait déclaré le secrétaire d’État ajoint, Richard Armitage, à Damas. » « Personnellement, je suis heureuse de constater que M. Feltman a entrepris d’expliquer notre politique comme il le fait, car je pense qu’il a mis le doigt sur la plaie », a-t-elle dit. Pour Mme Debel, l’argument en faveur d’une application de la résolution 1559 après la mise en œuvre de tous les textes relatifs au conflit du Proche-Orient « n’est qu’une tactique flagrante destinée à éviter d’appliquer la 1559 ». « Ce sont des excuses pour ne pas appliquer la résolution », a-t-elle insisté. « Il est clair que nous sommes soucieux de voir un jour se mettre en place une solution globale pour le conflit israélo-arabe, mais il n’est pas question que nous retardions la mise en œuvre de la résolution 1559 en attendant ce jour-là », a-t-elle poursuivi. « Notre position à ce sujet est très claire. Nous attendons de voir une application complète de la résolution 1559 qui comprend le retrait des troupes syriennes et met un terme à d’autres ingérences au Liban. Comme nous attendons avec intérêt de voir se dérouler des élections législatives libres, équitables et crédibles permettant aux Libanais d’exprimer leur volonté politique sans ingérence étrangère et sans aucune intimidation à l’encontre des candidats de l’opposition », a-t-elle ajouté. Elle a expliqué que la 1559 « n’introduit pas d’éléments nouveaux » et que « son contenu était déjà clair et bien défini depuis longtemps ». « C’est à la Syrie qu’il incombait de se conformer à l’application des accords de Taëf », a-t-elle souligné. Sur la récente visite à Beyrouth du vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, Mme Debel a déclaré : « Je ne sais pas si cette visite est le signe d’une nouveauté ou bien si c’est une tentative de donner un nouveau visage aux mêmes méthodes. » « Si la visite de M. Mouallem signifie que la Syrie est désormais plus sérieuse dans sa volonté d’application de la 1559, ce signe sera le bienvenu, mais en fin de compte, c’est dans les actes que la preuve en sera faite et non dans les visites, les rencontres et les paroles », a-t-elle martelé, avant d’ajouter : « Nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises aux Syriens. Nous voulons des actes et pas seulement des prises de position répétées. » Sur un autre plan, Mme Debel a réaffirmé que le Hezbollah « a des intentions de déstabilisation dans la région ». « Les États-Unis ont placé le Hezbollah au rang des organisations terroristes du fait de son soutien au terrorisme dans la région, a-t-elle affirmé. Nous ne pensons pas qu’il est possible de distinguer entre ses activités terroristes et son rôle politique. À nos yeux, il ne faut pas permettre au Hezbollah de décider de tenir deux rôles à la fois, et d’autre part, il n’est pas en mesure d’assumer ces deux rôles en même temps », a-t-elle dit. Elle a souligné que « c’est le Hezbollah qui a provoqué Israël dimanche dernier, déclenchant les incidents à la frontière libano-israélienne ». « Ces incidents illustrent le besoin pour la Syrie et le Liban de stopper le Hezbollah », a-t-elle estimé, n’écartant pas l’éventualité d’un lien entre les incidents frontaliers et les élections palestiniennes. Enfin, Mme Debel a indiqué que la prorogation du mandat de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), qui expire à la fin de ce mois, « ne sera pas automatique ». Elle a toutefois ajouté que la Finul « joue un rôle essentiel ». « Ce que nous souhaitons à présent, c’est de voir si dans sa structure actuelle elle est en mesure d’assumer ses fonctions ou bien s’il faudrait envisager une meilleure formule », a-t-elle expliqué. « En résumé, a conclu la responsable, je m’attends à ce que la Finul poursuive sa mission, mais dans le même temps, nous voulons assurer que cette mission soit la mieux adaptée en pratique. » À Beyrouth, M. Feltman, invité hier de l’Association des industriels, a réaffirmé que les élections libanaises seront surveillées de près par la communauté internationale. Il a toutefois nié l’existence d’une cellule à l’ambassade, qui serait en charge de la surveillance des élections. « Le climat international est aujourd’hui tel que les législatives seront suivies de près » automatiquement, a expliqué M. Feltman.
Élisabeth Debel, qui a récemment succédé à David Satterfield au poste de sous-secrétaire d’État adjoint en charge du Proche-Orient, semble partager deux qualités avec son prédécesseur : une connaissance parfaite des dossiers et un esprit mordant à souhait. Mme Debel a pu en faire preuve à la faveur d’une interview accordée hier à Radio-Sawa – une station américaine...