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Actualités - CHRONOLOGIE

Affaire al-Manar - Meeting de solidarité avec la chaîne du Hezbollah à l’Ordre de la presse « La déclaration de Beyrouth » invite la France et les États-Unis à revenir sur leur décision (photo)

Ils étaient venus nombreux au rendez-vous d’hier, au siège de l’Ordre de la presse. Des journalistes, des intellectuels et des responsables libanais et arabes, ainsi que le secrétaire général de Reporters sans frontières, Robert Ménard, ont pris part au meeting de soutien à la chaîne du Hezbollah, al-Manar, interdite en France et qualifiée d’organisation terroriste par les États-Unis, en décembre dernier. En clôture du meeting, un texte intitulé « La déclaration de Beyrouth » appelant la communauté internationale, notamment la France et les États-Unis, à respecter les droits de l’homme et la liberté d’expression, et invitant ces deux pays à revenir sur leur décision et à respecter les traditions démocratiques, a été adopté. Cette déclaration considère comme une « première dangereuse » et qualifie de « terrorisme intellectuel contre les médias » le fait que l’Administration américaine ait inscrit la chaîne du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. Elle souligne également que « la liberté de la presse est sacrée » et invite « au dialogue – celui-ci étant une des missions sacrées de la presse et des médias libres – qui permet l’interaction entre les peuples, les civilisations et les cultures ». Les participants ont estimé également que les mesures d’interdiction d’al-Manar en France et aux États-Unis visent à « empêcher toute critique d’Israël, en assimilant celle-ci à de l’antisémitisme ». Parmi les personnalités qui ont pris part au meeting de soutien avec la chaîne du Hezbollah, citons notamment l’ancien ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur et président actuel de la Ligue maronite, Michel Eddé, les présidents des Ordres de la presse et des journalistes, respectivement Mohammed Baalbacki et Melhem Karam, le secrétaire général de la Fédération des journalistes arabes, Salaheddine Hafez, le président de la Fédération des journalistes syriens, Saber Falhout, et le président du syndicat des journalistes palestiniens, Naïm Toubassi. Le président du CNA, Abelhadi Mahfouz, le PDG d’an-Nahar, Gebrane Tuéni, le PDG d’as-Safir, Talal Salman, le PDG de la Future TV, Nadim Mounla, ont également participé à la réunion. Prenant la parole, M. Baalbacki a indiqué que les problèmes auxquels fait face al-Manar en France pourraient s’étendre, dans l’avenir, à d’autres chaînes arabes. M. Salaheddine Hafez a, de son côté, critiqué certains médias arabes « qui participent au complot américain, en occultant les massacres en Palestine et en Irak ». Eddé : al-Manar n’a diffusé que des faits réels Le président de la Ligue maronite a, pour sa part, rappelé que des accords avaient été signés entre le Conseil supérieur français de l’audiovisuel et al-Manar. La chaîne libanaise avait honoré ses engagements dans ce cadre, a-t-il dit, dénonçant les campagnes virulentes qui avaient été menées pour obtenir l’annulation de cet accord. « La chaîne n’a diffusé que des informations et des faits réels. Elle n’a passé aucun film provocateur », a relevé M. Eddé. Il a également annoncé qu’un avocat suit l’affaire en France pour obtenir la révocation de cette mesure, soulignant sa solidarité avec al-Manar « parce que nous sommes tous en faveur de la liberté ». Le secrétaire général de Reporters sans frontières a, de son côté, estimé que la qualification par les États-Unis d’al-Manar comme organisation terroriste est dangereuse car elle risque d’en faire une cible militaire. « La qualification américaine est un dangereux précédent car elle risque d’en faire une cible militaire à l’instar de la télévision serbe (bombardée par l’Otan lors de la guerre du Kosovo) ou d’al-Jazira », a-t-il dit. « Faire taire un média parce qu’il est partisan d’une cause constitue un acte contre la liberté d’expression, c’est pourquoi je suis venu à Beyrouth pour exprimer ma solidarité avec al-Manar. Beaucoup de médias arabes prennent parti dans le conflit avec Israël. Dans la logique occidentale actuelle, il faudrait les interdire tous », a-t-il ajouté. Le président de l’Ordre des journalistes, Melhem Karam, a, pour sa part, souligné que « la résistance contre l’occupation, que ce soit en Irak, en Palestine ou au Liban, est un droit ». Il a également passé en revue l’histoire de la chaîne, qui avait entamé sa diffusion au Liban, il y a 13 ans. « D’une télévision propre aux chiites et à la banlieue sud, al-Manar est devenue la télévision de tout le Liban. Avec la libération du Liban-Sud, elle est sortie sur satellite pour devenir universelle », a-t-il ajouté. Quant à M. Saber Falhout, il a souligné que l’affaire d’al-Manar représente une véritable cause pour la défense de la liberté d’opinion. La chaîne paie actuellement le prix de sa lutte et de son combat contre le sionisme, car elle met la lumière sur les crimes racistes commis au Liban-Sud et en Palestine. « Al-Manar a aussi réussi à montrer l’islam tel qu’il est, c’est-à-dire, une religion juste et tolérante, ce qui nuit à la stratégie américano-sioniste », a-t-il ajouté. M. Naïm Toubassi a, pour sa part, indiqué que « le complot contre le peuple arabe se poursuit car al-Manar n’a jamais menti, diffusant toujours la réalité sur la destruction et les massacres perpétrés en Palestine ». Prenant à son tour la parole, le patron d’an-Nahar, Gebrane Tuéni, a souligné qu’il est présent à la réunion en sa qualité de journaliste et de membre de l’Ordre de la presse. « Je ne suis pas ici en ma qualité d’homme politique », a-t-il précisé, expliquant que ses positions « sont catégoriquement opposées à la politique du Hezbollah et de la chaîne al-Manar. J’estime cependant que la lutte pour la liberté est un tout indissociable, a-t-il indiqué. « Comme nous avons combattu pour la MTV, nous combattrons pour tout journaliste, tout média et toute presse arabe qui subissent des pressions au Liban », a-t-il ajouté. M. Tuéni a également appelé la France, « qui se tient aux côtés du Liban avec la résolution 1559 du Conseil de sécurité, qui est à mon avis positive pour le pays, à permettre la rediffusion d’al-Manar, et ce dans le respect des spécificités et des lois françaises ». M. Nadim Mounla a, de son côté, dénoncé « l’époque actuelle où la résistance devient du terrorisme et où l’on veut créer des médias monochromes, qui rapportent uniquement l’avis des tout-puissants », a-t-il dit.

Ils étaient venus nombreux au rendez-vous d’hier, au siège de l’Ordre de la presse. Des journalistes, des intellectuels et des responsables libanais et arabes, ainsi que le secrétaire général de Reporters sans frontières, Robert Ménard, ont pris part au meeting de soutien à la chaîne du Hezbollah, al-Manar, interdite en France et qualifiée d’organisation terroriste par les...