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Actualités - ANALYSE

Loi électorale - le choix devrait être tranché la semaine prochaine entre la petite et la moyenne circonscription Un découpage où tout le monde trouverait sa place, au détail mais non en blocs

Brusquement, et après une période de tension extrême où l’élaboration d’une loi électorale relativement satisfaisante semblait tenir de la mission impossible, les obstacles s’estompent les uns après les autres et l’atmosphère générale, dans ce domaine, paraît plus sereine. Une dynamique de dialogue commence à apparaître, comme sous l’effet d’un coup d’une baguette magique, et le gouvernement devrait présenter son projet de loi électorale dans les délais prévus, c’est-à-dire au plus tard la semaine prochaine, ou juste après la fête de l’Adha. À en croire des sources proches des cercles du pouvoir, les prochains jours devraient constituer le sprint final avant la naissance de ce projet et sa présentation, d’abord en Conseil des ministres puis au Parlement. Selon ces mêmes sources, les problèmes qui entravaient la naissance de ce projet et qui étaient dus à la fois aux critiques du président de la Chambre, Nabih Berry, et à l’émergence d’un vaste front d’opposition, qui multipliait les conditions, seraient en voie de solution. Ce qui permet à la cellule gouvernementale qui travaille sur l’élaboration du projet de mettre enfin au point la mouture définitive. Le scrutin proportionnel hors jeu À cet égard, il est désormais certain qu’en dépit de l’appui de certaines figures politiques importantes, le principe du scrutin proportionnel ne sera pas retenu et l’on devrait s’en tenir au scrutin majoritaire, avec toutefois un découpage différent, qui devrait satisfaire, selon le gouvernement, le plus grand nombre de courants politiques. Les sources proches du gouvernement affirment que la principale caractéristique de cette loi sera de permettre à toutes les parties libanaises d’être représentées au sein de l’hémicycle, et surtout de permettre à l’opposition chrétienne d’être présente au Parlement et, par conséquent, d’intégrer le système, dont elle a été écartée – ou dont elle s’est exclue, tout dépend du point de vue où l’on se place – depuis des années. La formule retenue serait une combinaison entre les cazas, qui donnerait des circonscriptions moyennes, mais suffisamment petites pour permettre une bonne représentativité. On se souvient à cet égard que le président Nabih Berry était violemment opposé à ce genre de formule, craignant que son leadership n’en soit la principale victime. Or, Berry ne fait plus aujourd’hui obstruction à la petite circonscription. Il aurait, en fait, reçu des assurances de la part des autorités, mais aussi du Hezbollah, que le scénario des élections municipales qui ne lui avait pratiquement laissé que le caza de Tyr ne serait pas réédité. Berry a longtemps cru que les circonscriptions moyennes ou petites étaient destinées à donner au Hezbollah la plus grande part dans la représentation des chiites, au moment où son mouvement, Amal, peine à produire de nouveaux cadres. Il avait mené une guerre féroce contre cette formule. Mais apparemment, il aurait reçu des assurances de la part des autorités et du Hezbollah que ce dernier ne compte pas grignoter la part de Amal, ni dans les élections législatives ni au sein de l’appareil de l’État, l’organisation islamique considérant que ses priorités restent ailleurs. Des solutions au cas par cas L’obstacle Berry ayant été éliminé, il y en avait encore d’autres, qu’il a fallu résoudre au cas par cas, par des contacts directs et parfois secrets. Car si le gouvernement souhaite organiser des élections modèles en sachant qu’elles devraient permettre une entrée spectaculaire de l’opposition au Parlement, il préférerait que celle-ci ne forme pas un bloc uni et homogène. Les sources proches du gouvernement affirment que ce dernier est assuré d’avoir un bloc d’au moins 75 députés, quelle que soit la formule adoptée. Ce qui assurerait l’élection, dans trois ans, d’un président appartenant à cette ligne politique et déterminerait la politique libanaise pour les neuf prochaines années. Mais il est essentiel, pour le gouvernement, de ne pas avoir en face de lui un bloc homogène. C’est donc sur ce point que butent encore les derniers détails. La visite du chef des SR syriens au Liban à l’ancien président du Conseil, Rafic Hariri, s’inscrirait donc dans ce cadre. Et bien que les Syriens affirment qu’ils n’interviendront pas dans le découpage ni dans l’ensemble du processus électoral, cet entretien aurait permis à Hariri de réaffirmer la solidité de son alliance avec la Syrie. En contrepartie, il aurait reçu l’assurance que nul ne cherchera à l’éliminer et qu’il reste le plus grand leader sunnite de Beyrouth. Cet échange est perçu, dans les milieux gouvernementaux, comme une assurance que Hariri ne rejoindra pas le bloc de l’opposition chrétienne. Selon les sources proches du gouvernement, dans la formule qui sera adoptée, toutes les parties trouveront leur compte, mais au détail et non en gros. Il ne devrait donc pas y avoir de grands blocs, mais une place quand même pour tous les courants. De plus, et les divers responsables ne cessent de le répéter, comme le chef de l’État l’a déclaré devant les ambassadeurs et les consuls, les prochaines élections seront transparentes. Même si la présence d’observateurs reste un sujet de polémique, les responsables savent que les élections se dérouleront sous les projecteurs et ils veilleront par conséquent à ce qu’il n’y ait pas la moindre infraction durant cette période. D’ailleurs, la loi en gestation devrait réglementer les campagnes électorales ainsi que leur médiatisation, afin de donner un temps de passage dans les médias identique à tous les candidats et de fixer un plafond aux dépenses électorales, selon des critères inspirés des lois françaises. Toutes ces promesses seront-elles tenues ? Le suspense ne devrait plus être long, mais c’est l’avenir du Liban qui est en jeu. Scarlett HADDAD

Brusquement, et après une période de tension extrême où l’élaboration d’une loi électorale relativement satisfaisante semblait tenir de la mission impossible, les obstacles s’estompent les uns après les autres et l’atmosphère générale, dans ce domaine, paraît plus sereine. Une dynamique de dialogue commence à apparaître, comme sous l’effet d’un coup d’une baguette...