Un peu plus de... Aznavour

Ce fils d’immigrés arméniens qui est arrivé en haut de l’affiche à force de volonté, est un (si ce n’est le) des derniers grands de la chanson française ! Pour ses 80 ans, un coffret en « Arc de triomphe » vient de lui être consacré. À cette occasion, revenons rapidement sur cette carrière exceptionnelle. Né en 1924 à Paris, le «petit Charles», surnommé ainsi à ses débuts en comparaison au « grand Charles Trenet », a commencé très tôt dans le monde du spectacle, à l’âge de 9 ans ! En 1941, il rencontre Pierre Roche avec qui, en duo, il écumera les cabarets. Cinq ans plus tard, c’est la rencontre avec Edith Piaf qui ouvrira au duo les portes de l’Amérique. Pendant des mois, ils seront à l’affiche aux USA et à Montréal. Roche y restera et Aznavour, revenu en France, tentera une carrière en solo… sans succès. En revanche, il se fera un nom en tant que compositeur pour Mistinguett ou Juliette Gréco. C’est en 1954 qu’Aznavour enregistrera ses premiers succès publics. Il a déjà une trentaine de chansons à son actif. De succès en succès, le chanteur commencera en parallèle une belle carrière au cinéma. Mocky puis Truffaut. En 1960, grâce au succès de Tirez sur le pianiste aux USA, Aznavour voit les portes du célèbre Carnegie Hall s’ouvrir pour lui. La critique et le public sont enthousiastes et l’interprète de « La mamma », vendu à 1 million d’exemplaires à l’époque, commence une tournée mondiale de plusieurs années qui, après l’avoir amené en URSS ou en Grèce, le fera passer par le Liban. 1965, A znavour monte sur la scène de l’Olympia pendant 12 semaines et crée sa comédie musicale Monsieur carnaval dont est tiré la légendaire La bohème. C’est toujours et encore de succès en succès que l’artiste vole… et une multitude de prix viennent couronner sa carrière, dont le prix de la Société américaine des auteurs compositeurs pour Hier encore, en 1969. Les années 70 marquent chez Aznavour un intérêt pour les faits de société : Le temps des loups, Mourir d’aimer, tiré d’un fait divers, ou encore Comme ils disent en sont les meilleurs exemples. Partout où le chanteur se produit, c’est un triomphe! Ses tournées sont de plus en plus longues et passent par de nombreux pays, où il rencontre des succès inattendus, comme avec She en 1974, disque de platine en Grande-Bretagne et qui ne marchera jamais en France. Vedette internationale, Aznavour sera repris par les plus grands, de Ray Charles à Fred Astaire, en passant par Bing Crosby… En 1988, le terrible tremblement de terre en Arménie mobilisera l’artiste et il mènera alors un combat ininterrompu pour son pays d’origine. Sa chanson Pour toi Arménie, enregistrée avec plus de 70 chanteurs et comédiens, se vendra à plus d’un million d’exemplaires… Plusieurs concerts, tournées, duos et albums rythmeront encore cette carrière hors du commun. Et malgré plusieurs adieux, refusés par le public, Aznavour remontera en mai dernier sur scène pour célébrer ses 80 ans en grande pompe. Un nouvel album en décembre 2003, un autre pour l’été 2005, «l’immense Charles» ne peut pas s’arrêter. 80 ans, 60 ans de carrière, 750 chansons, dont 350 en français, 150 en anglais, 8 disques en espagnol, 7 en allemand, des versions jazz… On comprend pourquoi en 1999, les internautes de CNN et du Time ont sacré Aznavour chanteur du XXe siècle devant Elvis… Et s’il continue ainsi, qu’en dira-t-on au XXIe ? MÉDÉA AZOURI HABIB