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EN DENTS DE SCIE - Métamorphose de l’envie

Première semaine de 2005. Une année qui démarre comme l’autre s’est terminée. Comme un yo-yo. En dents de scie ? Des mots qui rassurent, confirment l’espoir, ukrainisent les esprits ; d’autres qui désespèrent, font vaciller la flamme, ramènent à des espaces, des temps médiévaux. Inutile que les petits boutiquiers lige locaux s’amusent à faire des moyennes d’apothicaires : quelque chose a commencé à remuer en chaque Libanais, ou presque, quelque chose que ce dernier attendait depuis longtemps, quelque chose qu’il ne voudra pas nécessairement (s’) avouer. Quelque chose qui ressemble d’abord à de l’envie. Il a été donné au Libanais – et il a su la prendre – l’envie de voir ou de faire bouger, changer les choses, évoluer le pays. Est-ce que cette envie est fonction du temps qui court, des lunaisons, des humeurs des uns et des autres ? Est-ce qu’elle se laisse piéger par les mots de ceux placés depuis des lustres par le tuteur syrien aux différents postes de responsabilité ; est-ce qu’elle se dégonfle, s’atrophie, se ratatine ? « Anjar est notre frère siamois et aucune chirurgie ne nous séparera. » Nabih Berry continuera de refuser jusqu’au bout de scier la branche sur laquelle il est assis, souvent vautré : l’entêtement du n° 2 de l’État a ceci d’impressionnant qu’il n’a décidément peur de rien. Ni de l’outrance, ni du ridicule, ni de se tromper de diagnostic, ni de s’obstiner dans le mauvais traitement. Les frères siamois, les sœurs siamoises naissent avec une malformation, ils n’en écopent pas en cours de route. Nabih Berry ne peut pas ne pas savoir que si cette malformation n’est pas opérée le plus tôt possible, elle provoque, dans 100 % des cas, une mort rapide. Quelle que soit la « siamoiserie » : qu’ils soient (r)attachés par le cerveau, le thorax, les vertèbres, par un QG de SR à Anjar, par le suivisme et le manque total d’amour-propre des vassaux, ou par des « intérêts politico-financiers maffieux » dénoncés par Walid Joumblatt il y a quelques jours, ces jumeaux, pour revivre, pour déployer leurs ailes, chacun de son côté en parfaite harmonie, ont nécessairement besoin d’une opération. Est-ce que cette envie, devenue depuis quelques mois, enfin, la compagne du Libanais, prend du poids, du volume, de la consistance lorsqu’elle se sent ragaillardie par les mots, les idées de ceux qui se battent, contre vents et marées, en faveur d’un Liban indépendant, souverain, désatellisé, libre ; un Liban vivier pour la démocratie, les libertés, le droit et les idées pionnières ? Plusieurs pôles de l’opposition ont rappelé cette semaine le droit sacré des Libanais de l’étranger à s’exprimer, de la même façon que ceux de métropole, lors des grandes échéances. Excellente initiative, parce que quelles que soient les conjonctures locales, régionales ou internationales, c’est surtout le dedans, l’ici, qui reste la clé, la voie à tout véritable changement ; c’est le réveil du peuple. Et puisqu’il est évidemment certain que l’État ou ce qui en reste – puisque ce qui est en reste se consacre exclusivement à la sauvegarde de la tutelle syrienne – n’ouvrira pas ses ambassades aux Libanais qui souhaitent se faire représenter place de l’Étoile, il ne reste que le privé. À l’opposition d’utiliser l’argent électoral à des fins saines et salutaires, à faire en sorte que tous ceux qui le souhaitent (mais qui n’en ont pas les moyens) puissent être présents le jour J, participer à la création du Liban année 0, dire oui ou non, mais dire. Aux électeurs de l’étranger, également, de comprendre qu’un bulletin dans une urne, ce n’est plus rien ; qu’un bulletin plus un bulletin font deux bulletins, et deux plus deux font quatre ; que l’électeur libanais sera celui, en 2005, grâce auquel un pouvoir de substitution – mais surtout un pouvoir de guérison – peut naître, ne serait-ce que par le biais d’une majorité parlementaire... La réponse est claire. L’envie du Libanais est évidemment perméable à ce qui se dit, se fait autour de lui. C’est sans doute cela une envie : condamnée à gonfler et dégonfler suivant l’air du temps. À moins que cette envie, d’ici à une heure, deux jours, trois semaines, ne se transforme en une réalité bien plus efficace, quelque chose d’hermétiquement fermé à toute variation climatique : le besoin. Ziyad MAKHOUL
Première semaine de 2005.
Une année qui démarre comme l’autre s’est terminée. Comme un yo-yo. En dents de scie ? Des mots qui rassurent, confirment l’espoir, ukrainisent les esprits ; d’autres qui désespèrent, font vaciller la flamme, ramènent à des espaces, des temps médiévaux. Inutile que les petits boutiquiers lige locaux s’amusent à faire des moyennes d’apothicaires :...