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Les relations syro-US au centre de la crise politique libanaise

Encore une fois, ce sont les relations entre la Syrie et les USA qui déterminent le devenir politique de ce pays. C’est ce que prouve l’intérêt maximal porté aux positions de Feltman. Dans ce cadre, Nabih Berry, qui a pris sur lui de défendre Anjar face à Awkar, se montre plus souple, plus nuancé dans ses entretiens avec les députés. Il leur a ainsi laissé entendre que, malgré les apparences, il y a de la détente entre Syriens et Américains. Ajoutant que le dernier communiqué de l’ambassade US, tout à fait comminatoire, n’est que de la poudre aux yeux. Selon Berry, cité par les députés, le volet interne de la 1559 est secondaire car l’échéance présidentielle est maintenant dépassée. Le ministre jordanien des Affaires étrangères, M. Hani Moulki, avait expressément invité le Liban à appliquer la 1559 sans pinailler. Le contredisant presque, Berry affirme que ce visiteur lui avait affirmé qu’il ne fallait pas trop se soucier des clauses exigeant le retrait syrien et le désarmement des milices. À en croire le président de la Chambre, toujours cité par les parlementaires, M. Hani Moulki lui aurait dit en substance : « Vous faites bien d’annoncer que vous êtes disposés à appliquer la 1559, mais en fonction des impératifs de l’intérêt supérieur libanais, simultanément avec l’application des autres résolutions internationales. » Une approbation dont on ne retrouve pas trace dans les déclarations publiques du ministre jordanien. Qui a au contraire pressé les Libanais de ne pas plaisanter avec la légalité onusienne. Cependant Berry, se fondant sur des données qu’il détiendrait, trouve qu’il existe des indices positifs d’amélioration des rapports syro-américains. Du côté des Syriens, on indique que le cas libanais n’a été évoqué par Armitage, lors de son entretien avec Assad, que pendant une minute. Le temps pour lui d’évoquer la nécessité d’appliquer la résolution numéro 1559. Ce à quoi le chef de l’État syrien n’a pas répondu. Les Syriens insistent beaucoup, à travers leurs hérauts habituels, pour accréditer cette thèse que l’Américain ne leur a pratiquement pas parlé du Liban. Qu’il s’est centré sur l’Irak. Cette campagne tend, selon les observateurs locaux, à faire croire que la 1559 n’a pas été au centre des échanges avec Armitage. Pour laisser entendre qu’un marché sur le cas libanais reste toujours possible. Mais les sources informées locales, qui ont des échos de l’ambassade américaine, soutiennent que la perception syrienne n’est pas exacte. Et que les impressions positives de Berry ne sont pas justifiées. Car, au contraire, les Américains mettent plus que jamais la pression sur Damas au sujet du Liban. Pour ces professionnels, il est évident que le communiqué de l’ambassade est un acte de virulente injonction et d’hostilité à peine voilée, qui n’a pu être pris sans ordre formel de Washington. Qui a voulu avertir les Libanais et adresser un coup de semonce très sévère aux Syriens. Les mêmes personnalités relèvent que les décideurs et leurs affidés continuent à recourir à l’intox. Déjà en septembre, William Burns s’était rendu à Damas pour enjoindre aux Syriens de ne plus tergiverser dans la stricte application de la 1559. Or les prosyriens ont soutenu, après cette visite, qu’elle avait été positive pour leurs maîtres tutélaires et qu’il n’y avait pas eu de pression. Sans s’apercevoir que, s’il en avait été ainsi, on aurait dû se demander ce que Burns était allé faire en Syrie. Cette fois, le communiqué de l’ambassade US empêche toute équivoque. De plus, selon des voyageurs retour de Washington, l’intérêt porté au dossier libanais ne se limite plus à quelques cadres de l’Administration, mais s’élève ces derniers jours jusqu’au trône de Bush lui-même. Qui se fonde sur la décision du Congrès faisant suite au Syria Accountability Act, pour accélérer la réintégration du Liban dans le concert des nations vraiment indépendantes. Afin de favoriser, parallèlement aux élections en Irak, le processus de démocratisation de cette région sensible du monde. Le président américain est en outre tenu de prendre en compte les recommandations du Congrès au sujet des mesures à prendre contre la Syrie et contre le Liban officiel, s’ils n’appliquent pas la 1559. Dans ce contexte, les mêmes sources excluent qu’il puisse y avoir un deal, un marché, entre les Américains et les Syriens. Car les premiers sont désormais ligotés par la loi-cadre, le Syria Accountability Act, qu’ils ont adoptée. Sans compter que les tactiques syriennes d’atermoiement, l’exploitation de la carte libanaise, qui étaient encore valables dans les années 90, ne le sont plus du tout depuis le 11 septembre 2001. Selon ces sources, si la Syrie ne comprend pas que les choses ont totalement changé, elle risque d’aller droit dans le mur. Et ses alliés libanais avec elle. Philippe ABI-AKL
Encore une fois, ce sont les relations entre la Syrie et les USA qui déterminent le devenir politique de ce pays. C’est ce que prouve l’intérêt maximal porté aux positions de Feltman. Dans ce cadre, Nabih Berry, qui a pris sur lui de défendre Anjar face à Awkar, se montre plus souple, plus nuancé dans ses entretiens avec les députés. Il leur a ainsi laissé entendre que, malgré les...