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Actualités - OPINION

Liban-USA L’indignation devant l’intervention américaine est pour le moins déplacée

Une instance religieuse rit sous cape devant le soudain zèle souverainiste de nos dirigeants qui s’étranglent d’indignation devant les « ingérences américaines ». En oubliant, d’une part, qu’ils ne cessent d’applaudir à l’immixtionnisme syrien; et d’autre part, que ce n’est pas la première fois, tant s’en faut, que les USA se mêlent des affaires libanaises. Sans qu’on songeât à le leur reprocher, du moment qu’ils s’arrangeaient avec les Syriens sur le dos de ce pays. Ce dignitaire relève que pour être conséquents avec eux-mêmes, pour assumer cette dignité nationale que les Libanais souhaitent voir réhabilitée, les responsables devraient rejeter les immixtions d’où qu’elles viennent. Malheureusement, ajoute-t-il, ils bénéficient dans leur dérive courante de circonstances atténuantes. Car il existe de multiples précédents historiques, datant de plusieurs siècles. Pour ne pas aller trop loin, on peut citer le soutien britannique à Chamoun face à Hamid Frangié, en 52. L’accord égypto-américain sur Chehab, en 58, face à Raymond Eddé. Comminatoire, l’envoyé US, Robert Murphy, avait lancé aux députés : « Chehab sera président. » Un point c’est tout. Plus tard, Damas et Washington se sont entendus sur Élias Sarkis. Un autre Murphy, Richard, a tenté en 88, après entente avec Assad, d’imposer de même Mikhaïl Daher. En déclarant que ce serait ça ou l’anarchie. Mais pour une fois, cela n’a pas marché, parce qu’on était encore en guerre et que le camp chrétien a su faire face au diktat. Ce dont il a payé lourdement le prix par la suite, comme on sait. Bref, poursuit la personnalité citée, l’indiscrétion US est admise par les loyalistes quand elle rejoint la volonté syrienne et rejetée autrement. Même quand l’accord entre les deux puissances se fait aux dépens du Liban. Et même quand, comme c’est le cas aujourd’hui, l’intervention américaine sert les intérêts du pays. La contradiction est d’autant plus frappante que si les Américains devaient de nouveau s’entendre avec les Syriens, ces loyalistes ne verraient plus d’inconvénient à leur ingérence. Cependant, il était établi jusqu’à présent qu’une mésentente entre joueurs étrangers signifiait du tracas pour le Liban, côté stabilité. Une entente aussi, du reste. Car elle se faisait au détriment de sa souveraineté. Aujourd’hui, les USA, la France, la communauté internationale contre-interviennent, si l’on peut dire. Pour eux, la logique des loyalistes, qui font une différence entre l’immixtion proche ou lointaine, ne tient pas debout. Pourquoi ce qui est permis à la Syrie ne le serait pas à d’autres, à un pays arabe par exemple ? Sans compter que depuis 1975, le Liban en a vu de toutes les couleurs : les Syriens, les Israéliens, les Palestiniens, les Saoudiens, les Égyptiens, les Irakiens, les Libyens, les Iraniens, les Américains, les Français, l’Onu etc. Les guerres des autres sur son sol, comme l’avait relevé Ghassan Tuéni, ont ainsi duré plus de 15 ans. Côté élections, les interventions ne se limitaient pas à la présidentielle et affectaient également les législatives. Ce fut le cas en 43 puis en 47, le Destour étant appuyé par les Anglais et la France soutenant le Bloc national. Plus tard, après Taëf, c’est la Syrie qui a joué la partition musicale de la contrainte en solo, en 92 (scrutin boycotté par 87 % des électeurs), en 96 puis en 2000. Le président Gemayel relève dans un article publié par la Massira que la 1559 n’aurait pas vu le jour si ses auteurs n’avaient pas constaté que le terrain devenait propice. Pour se mettre à réclamer ce que les Libanais font depuis des années. On ne peut reprocher à ces derniers, ajoute l’ancien chef de l’État, le fait que les circonstances internationales aient changé. Rendant caduque la procuration délivrée à la Syrie. Pour le président Gemayel, le rôle de la Syrie n’aurait pas été affecté, n’aurait pas été contesté, s’il avait été bien conduit. Si elle s’était comportée comme il fallait le faire, d’une manière modérée, équilibrée, juste. Sans se mêler des affaires de justice, des municipalités, des nominations comme si le Liban était une province syrienne. Les Libanais, ajoute le président Gemayel, ne peuvent être blâmés de se réjouir de voir arriver cette indépendance qu’ils attendent depuis vingt ans, comme le font tous les peuples sous tutelle ou sous occupation. Émile KHOURY
Une instance religieuse rit sous cape devant le soudain zèle souverainiste de nos dirigeants qui s’étranglent d’indignation devant les « ingérences américaines ». En oubliant, d’une part, qu’ils ne cessent d’applaudir à l’immixtionnisme syrien; et d’autre part, que ce n’est pas la première fois, tant s’en faut, que les USA se mêlent des affaires libanaises. Sans qu’on...