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Actualités - OPINION

Ce qu’ils en pensent LES ACTIVITÉS DES AMBASSADEURS

Avec l’adoption de la résolution 1559, le rôle des représentants des pays de la communauté internationale semble avoir décuplé. Les médias sont à l’affût de la moindre déclaration des ambassadeurs des États-Unis, de France ou de Grande-Bretagne. Hier, c’est M. Jeffrey Feltman qui a fait l’actualité, en se rendant à Baabda et en publiant par la suite un communiqué sur la teneur de ses entretiens avec le chef de l’État. Nous avons demandé à l’ancien ministre des AE, Farès Boueiz, spécialiste des questions internationales et de plus en plus, des affaires internes, ce qu’il pense de tout cela. Farès Boueiz, député et ancien ministre des AE Q : Que pensez-vous du fait que l’ambassadeur des États-Unis se soit abstenu de toute déclaration à Baabda pour publier ensuite un communiqué sur la teneur de ses entretiens avec le chef de l’État ? R : « Sur le plan de la forme, je pense que l’ambassadeur des États-Unis n’a pas voulu ou pu faire de déclaration à partir du palais présidentiel. Soit parce que le service de l’information du palais a demandé aux journalistes de ne pas poser de questions à l’ambassadeur, soit par courtoisie de la part de l’ambassadeur lui-même. Je ne vois rien à redire à cela sur le plan de la forme. En ce qui concerne le principe même de la visite, je pense que le fait que l’Administration américaine soit en conflit avec les autorités libanaises sur la résolution 1559 ne signifie nullement que les contacts sont rompus entre la diplomatie américaine et les responsables libanais. Au contraire, les contacts doivent se poursuivre dans ce genre de situation pour parvenir à trouver des solutions aux conflits existants. Il n’y a donc rien à redire sur ce plan-là aussi et je ne vois aucune contradiction entre le principe de la visite et son contenu. » Q : Que doit-on toutefois penser du fait que le palais a publié un communiqué sur la visite dont le contenu diffère de celui de l’ambassade et des propos « musclés » de l’ambassadeur ? R : « Ce que vous qualifiez de “propos musclés” reflète surtout la position de l’Administration américaine, répétée à plusieurs reprises par Bush, Rice, Satterfield et Armitage. La politique des États-Unis à l’égard du Liban est claire, précise et constante. La visite de l’ambassadeur des États-Unis à Baabda intervient après celle de Richard Armitage en Syrie. Comme ce dernier n’avait pas expressément évoqué la résolution 1559, l’ambassadeur a voulu rappeler que l’application de cette résolution reste une exigence de son Administration. Sa visite à Baabda est donc une sorte de complément et de rectificatif à celle d’Armitage à Damas. » Q : L’existence de deux communiqués différents ne vous paraît-elle pas étrange ? R : « Pas vraiment. En fait, c’est comme cela que ça se passe en période de crise. Nous traversons une situation d’exception, et il existe une certaine tension entre l’Administration américaine et les autorités libanaises. À mon avis, l’ambassadeur a voulu, tout en ménageant le palais, rappeler deux choses : que son Administration insiste pour l’application de la 1559 et que son entretien avec le chef de l’État n’est pas une simple visite de courtoisie. » Q : Pensez-vous qu’il est encore possible pour la Syrie, comme le croient certains, de négocier avec les États-Unis la non-application de la 1559 ? R : « Je ne le crois pas. Le contenu de cette résolution s’inscrit dans la politique intrinsèque des États-Unis. On pourrait presque dire qu’elle fait partie de la “doctrine” américaine, et l’Administration US revendiquait les points de la résolution avant même l’adoption de celle-ci. De plus, à partir du moment où l’Europe et les États-Unis se sont unis pour enfanter cette résolution, aucune partie ne peut réclamer ce qui l’intéresse en négligeant ce qui intéresse l’autre. Si les États-Unis souhaitent essentiellement la mise au pas du Hezbollah et du Hamas et empêcher la Syrie de détenir des cartes paramilitaires, l’Europe est plus soucieuse du retrait syrien du Liban et de l’indépendance de ce pays ; désormais, ces deux volets sont indissociables. » Wissam Younès, étudiant en lettres Q : Que pensez-vous du communiqué de l’ambassadeur des États-Unis après sa visite à Baabda et de l’attitude des ambassadeurs en général ? R : « Je suis tout bonnement sidéré. Les ambassadeurs occidentaux se comportent comme s’ils savaient tout mieux que nous, et nous prodiguent leurs conseils avec peut-être de la bonne volonté, mais aussi beaucoup d’assurance. Nous avons longtemps attendu que le Liban redevienne le centre d’intérêt de la communauté internationale, mais cette soudaine détermination me fait un peu peur. C’est vrai qu’en tant que jeunes, nous aspirons à la concrétisation des valeurs occidentales et républicaines, mais cet interventionnisme évident me paraît suspect. Surtout qu’il intervient au moment où le chaos règne en Irak, où le vent de la démocratie tant promis tarde à y souffler. De plus, si on rejette l’interventionnisme syrien dans les affaires libanaises, doit-on pour autant accepter celui de l’Occident ? » Scarlett HADDAD
Avec l’adoption de la résolution 1559, le rôle des représentants des pays de la communauté internationale semble avoir décuplé. Les médias sont à l’affût de la moindre déclaration des ambassadeurs des États-Unis, de France ou de Grande-Bretagne. Hier, c’est M. Jeffrey Feltman qui a fait l’actualité, en se rendant à Baabda et en publiant par la suite un communiqué sur la...