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Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement - Le ministre affirme que les prochaines semaines seront déterminantes Déchets ménagers et carrières : des solutions imminentes ?(photos)

C’est une catastrophe que l’on nous a déjà annoncée à plusieurs reprises, mais qui va finir par éclater, même si l’échéance a été retardée quelque peu : la décharge sanitaire de Naamé, gérée par une compagnie privée, Sukleen, mandatée par l’État, est plus que saturée. Or si cette décharge n’est plus en mesure d’accueillir les ordures de Beyrouth et du Mont-Liban sans qu’une alternative ne soit trouvée (il faut quelques mois pour équiper un nouveau site), on verra, de nouveau, les ordures empilées dans les rues. Belle perspective. D’un autre côté, le dossier des carrières continue lui aussi de baigner en plein chaos : des carrières, légales ou illégales mais « protégées », continuent de sévir, alors que le plan directeur annoncé en août dernier, modifié pour des raisons politiques, est resté lettre morte. Interrogé sur ces deux grandes questions dont il dit en avoir fait ses priorités, le ministre de l’Environnement, Wi’am Wahhab, plutôt un habitué des déclarations politiques tonitruantes, annonce des solutions « rapides et globales » pour les deux dossiers. À suivre... « Le dossier des déchets ménagers ne peut pas être traité à la légère, estime M. Wahhab. Fermer la décharge de Naamé sans alternative ne peut résoudre le problème. En fait, ce site est une bombe à retardement, qui va continuer à dégager du gaz méthane durant 17 à 20 ans. Nous effectuons des contacts pour décider de la procédure à suivre. Nous pourrions envisager de produire de l’électricité à partir de ce gaz méthane, par exemple. » Mais qu’en est-il d’une solution radicale pour le problème des déchets ? « Je viens de rencontrer le président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), el-Fadl Chalak, et nous avons décidé d’intensifier nos réunions à partir du début de l’année, explique le ministre. Ce auquel nous aspirons, c’est de concevoir un plan durant les semaines prochaines. La tendance est au lancement d’un appel d’offres international, auquel même Sukleen pourra participer, afin d’obtenir un meilleur prix pour un traitement somme toute plus valable. Mais dans tous les cas, je suis hostile à ce que 60 à 70 % de nos déchets continuent de finir dans des décharges. Pour cela, il nous est indispensable de définir une stratégie claire. » Qu’en est-il des violations du contrat qu’auraient commises les sociétés chargées de ce dossier, et qu’il a lui-même dénoncées publiquement ? « Il est vrai que nous avons décelé des anomalies dans l’exécution du contrat par les sociétés, mais il sera difficile d’obtenir leur condamnation par voie légale parce qu’elles sont couvertes par des décisions du Conseil des ministres », souligne-t-il. L’ancien cabinet, débordé par le problème grandissant des déchets ménagers et l’opposition populaire à la décision de construction de plusieurs décharges dans diverses régions, avait manifesté une tendance à privatiser entièrement le dossier, confiant toute la tâche à des sociétés privées qui décideraient, elles, autant de la méthode de traitement que du site à exploiter. M. Wahhab insiste sur son opposition à un telle éventualité. « Ce n’est pas du tout un plan réalisable, estime-t-il. Comment concevoir que ce soient les compagnies elles-mêmes qui imposent la localisation des usines de traitement et font exécuter les expropriations... » La stratégie du ministère et du gouvernement, selon lui, sera donc fondée sur le lancement d’un appel d’offres international, la construction du moins possible de décharges et la réduction, de manière significative, des coûts de collecte, de transport et de traitement. Adopter le plan directeur initial Pour ce qui est du problème des carrières, le ministre envisage une solution « imminente », fondée sur l’application pure et simple du plan directeur adopté par le précédent gouvernement, en août 2004. « Mais ce plan directeur a été modifié pour des raisons politiques, rappelle-t-il. Ce que je préconise, c’est un retour au plan initial scientifique proposé par l’équipe du ministère. Il n’y a pas de raisons, par exemple, qu’un site riche en eau comme Ouyoun el-Simane figure sur la liste des lieux exploitables. » Une solution à ce dossier serait quasiment une question de jours, ajoute-t-il, « mais nous ne voulons pas prendre de décision hâtive qui ferait grimper les prix une fois de plus et causerait du tort aux gens ». Il rappelle que le texte comporte des critères très stricts auxquels devraient se conformer les propriétaires de carrières. « Il prévoit des tournées régulières de contrôleurs sur les sites, dit-il. Nous préférons qu’elles se fassent tous les trois mois. Ainsi, ceux qui dérogent aux règles seront pénalisés sans tarder. » Mais qui garantira l’application du texte ? « Les Forces de sécurité intérieure (FSI) sont très disposées à remplir ce rôle, sur directives des contrôleurs », répond-il. M. Wahhab poursuit que les carrières fonctionnant illégalement seront arrêtées une fois le plan directeur adopté. « Les forces de l’ordre ont déjà mis un terme au fonctionnement de nombre d’entre elles sur notre recommandation, comme cela a été le cas à Hadath el-Jebbé ou à Marjeyoun, indique-t-il. Il y a même eu des mesures contre certains agents des FSI, pour s’être montrés trop complaisants et laxistes envers des propriétaires de carrières illégales. » Le ministre soulève pourtant le problème de l’écoulement des stocks, qui sert en fait de prétexte à une poursuite du travail durant la nuit. Le cas de Dahr el-Baïdar Par ailleurs, le ministre compte soumettre au Conseil des ministres le cas des carrières (légales) de Dahr el-Baïdar, dont certaines ont été autorisées à reprendre le travail, notamment par une décision du Conseil d’État, alors que d’autres restent fermées. « Le même règlement doit être imposé à tous, soit la poursuite du travail, soit la fermeture, considère-t-il. Pour des considérations écologiques, la seconde solution serait préférable, vu qu’il s’agit d’une région sensible au niveau des ressources hydrauliques, et non loin de la réserve des Cèdres du Chouf. Mais rien n’a encore été décidé. » Enfin, le ministre de l’Environnement manifeste sa volonté de revendiquer la création d’une police verte, et de la présentation d’une loi en ce sens au Parlement. « C’est un outil exécutif dont le ministère a besoin, et qui nous permettrait d’appliquer le code de l’environnement », dit-il. Encore des promesses. Les solutions à ces graves problèmes sont-elles aussi imminentes que cela ? Il est sûr, cependant, que si on continue de les ignorer ou de les mettre au second plan, les conséquences résultant d’agressions contre l’environnement se rappelleront, toujours assez tôt, à nos bons souvenirs... S. B.

C’est une catastrophe que l’on nous a déjà annoncée à plusieurs reprises, mais qui va finir par éclater, même si l’échéance a été retardée quelque peu : la décharge sanitaire de Naamé, gérée par une compagnie privée, Sukleen, mandatée par l’État, est plus que saturée. Or si cette décharge n’est plus en mesure d’accueillir les ordures de Beyrouth et du Mont-Liban...