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Actualités - OPINION

Tais-toi et mange !

Tous les États du monde organisent des élections. Chez nous, on fabrique des lois électorales. Un procédé sympa et pour le moins original, puisque tous les quatre ans, on change la règle du jeu en la faisant voter au chausse-pied, la veille du scrutin, quelques minutes avant minuit. Avec au final, 128 tronches de cake dont l’écrasante majorité a pour seule et unique mission de servir la soupe aux Syriens. Qui, en retour, dans leur infinie bonté, consentent à postillonner le surplus en direction de leurs poulains libanais. Pas moins de 30 ministres, dont certains notoirement intermittents du neurone, phosphorent aujourd’hui sur un sujet hautement planétaire : faut-il opter pour le « député-caza » ou le « député-mohafazat » ? Le premier serait élu par deux pelés et trois tondus, le second par 200 pelés et 180 000 tondus. Istiz Nabeuh, lui, a déjà annoncé la couleur. Sa préférence va pour la grande circonscription, englobant si possible la Békaa, le Liban-Sud, la Syrie, l’Irak et l’Iran. Fini les bulldozers et autres autobus. C’est en avion charter qu’il veut amener ses larbins jusqu’à l’hémicycle... Pour lui damer le pion, l’opposition a choisi la plus petite circonscription possible. Jusqu’au plus petit caillou du dernier village. L’idéal étant d’installer tous les roitelets provinciaux place de l’Étoile. On voterait toujours pour un ahuri, mais ce serait un ahuri de proximité. Coupant la poire en deux, le ministre de l’Intérieur s’est quelque peu déboutonné devant les journalistes en leur donnant un os à ronger : la circonscription moyenne. L’idée a fichu en rogne le Déshérité de Aïn el-Tiné qui risque de se prendre une baffe mémorable du Hezbollah, vu que dans la cour où ils se battent le nombre de barbus surclasse largement celui des imberbes. Le plus miraculeux dans tout ça, est que Adnane Addoum, qui ne traverse jamais une rue sans faire au préalable une conférence de presse, ait gardé le silence sur ce sujet. Dans son univers à une dimension, il est évident que pour lui tous les Libanais sont des délinquants qui s’ignorent et que, le moment venu, il se chargera de leur faire avaler la nouvelle loi. En fait, avaliser serait plus élégant qu’avaler, puisque pour tous, ce sera l’avalise ou le cercueil. Gaby NASR
Tous les États du monde organisent des élections. Chez nous, on
fabrique des lois électorales. Un procédé sympa et pour le moins original, puisque tous les quatre ans, on change la règle du jeu en la faisant voter au chausse-pied, la veille du scrutin, quelques
minutes avant minuit. Avec au final, 128 tronches de cake dont l’écrasante majorité a pour seule et unique mission de servir...