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Actualités - CHRONOLOGIE

Le comte Guillaume d’Andlau a créé une association et multiplie les initiatives, invitant étudiants et artistes à réinvestir les lieux Les châteaux forts alsaciens à la recherche d’une nouvelle vie

Pour le comte Guillaume d’Andlau, descendant de l’une des plus illustres familles d’Alsace et propriétaire du château en ruines qui porte son nom, le déclic est venu de l’effondrement, en 1998, d’un mur de basse-cour sur un chemin très fréquenté par les randonneurs. «J’étais en train de m’installer en Alsace et cet incident largement médiatisé, car le site est emblématique, a permis une prise de conscience de la dégradation du patrimoine », se souvient M. d’Andlau, directeur du Conseil économique et social d’Alsace (CESA). Depuis lors, le jeune comte n’a plus ménagé ses efforts pour rassembler du monde autour de la sauvegarde et de la mise en valeur de sa forteresse, reconnaissable à ses deux tours rondes flanquant un logis allongé, qui domine la plaine d’Alsace, non loin de la ville de Barr sans le Bas-Rhin. Sans idée préconçue sur l’affectation des lieux et féru d’art contemporain, il crée une association des amis du château d’Andlau et multiplie les initiatives, invitant étudiants et artistes à réinvestir les lieux, comme le plasticien Franck Morzuch, qui, l’été dernier, avait suspendu une grande ourse artificielle entre les donjons, visible depuis la plaine. Pas question de faire un Disneyland. « Je veux un projet qui conserve le rêve et le mystère et tienne compte des aspirations des promeneurs ». À tel point qu’il n’a pas hésité à interviewer lui-même des randonneurs pour leur demander d’où ils venaient ou comment ils voyaient l’avenir d’un château, devenu partie intégrante du paysage. « Les Alsaciens tiennent particulièrement à leurs châteaux qui font partie de leur imaginaire, c’est un élément fort de la communauté locale », note Simon Piéchaud, le conservateur régional des monuments historiques. Des vestiges dangereux Mais malgré l’engouement pour ces quelque 200 à 250 vestiges encore visibles, dont les silhouettes familières ornent les bouteilles de certains grands crus alsaciens, la plupart d’entre eux sont devenus dangereux au fil des années. Pour les remettre en sécurité, l’État et les collectivités locales ont entrepris dès l’an 2000 de signer des conventions permettant le déblocage, d’ici à 2005, de 182000 euros par an dans le Haut-Rhin et 600000 euros par an dans le Bas-Rhin. Grâce à ces subventions, les propriétaires privés, qui détiennent plus de la moitié des châteaux forts alsaciens, ne doivent plus débourser que 5 % des travaux, dès lors que ceux-ci portent sur des « ruines prioritaires ». Mais les incitations financières ne sont pas toujours suffisantes. « Certains propriétaires hésitent parce que faire des travaux – et donc attirer plus de promeneurs – ne rapporte rien et risque, de surcroît, de perturber la chasse », relève Alphonse Troestler, un responsable du patrimoine au conseil régional. Pour le président de l’Association des châteaux forts et villes fortifiées d’Alsace, la sauvegarde des châteaux forts passe par la mobilisation de la population. « Il faut que chaque village prenne en charge sa ruine », estime Jean-Marie Nick, qui déplore que les associations ne soient pas davantage impliquées. Il cite le cas du château du Hohlandsbourg, largement reconstruit grâce à d’importants investissements, mais qui peine aujourd’hui à trouver des animations. « L’intervention publique est utile, mais elle doit accompagner des projets en cours », note pour sa part le comte d’Andlau.

Pour le comte Guillaume d’Andlau, descendant de l’une des plus illustres familles d’Alsace et propriétaire du château en ruines qui porte son nom, le déclic est venu de l’effondrement, en 1998, d’un mur de basse-cour sur un chemin très fréquenté par les randonneurs.

«J’étais en train de m’installer en Alsace et cet incident largement médiatisé, car le site est...