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Actualités - CHRONOLOGIE

PROJET DE BUDGET 2005 - L’avis de l’ancien ministre des Finances, Georges Corm «Le véritable enjeu est le service de la dette »

Pour l’ancien ministre des Finances, Georges Corm, le projet de budget 2005 est un « vaudeville » qui est, de plus, « anticonstitutionnel », puisque la loi de finances dépasse largement ses attributions en prétendant toucher, entre autres, à la structure de l’Administration. Le summum, dit-il, c’est la proposition d’abolir la Cour des comptes, l’audit du ministère étant appelé à être confié à une société privée. L’économiste estime en fait que son successeur aux Finances usurpe l’adjectif de réformateur. « Si le ministre avait de réelles velléités réformatrices, pourquoi, en dix ans de pouvoir, n’a-t-il pas préparé des lois séparées sur la réforme de la Fonction publique?» s’est interrogé Georges Corm. Si une telle réforme est évidemment nécessaire, elle ne relève pas d’un projet de budget, estime Georges Corm, selon qui les mesures préconisées par le ministre des Finances sont davantage des messages communautaires et sociaux que des projets sérieux. « La communauté chiite est visée à travers la Caisse du Sud, les maronites à travers la Caisse des déplacés, car ils attendent encore d’être indemnisés, souligne-t-il. Quant au message social, il concerne certaines catégories de fonctionnaires, à savoir les instituteurs, les juges ou les retraités de la Fonction publique et de l’armée. » Le poids de l’ajustement ne peut pas reposer uniquement sur certaines catégories sociales, dit l’économiste qui dénonce le caractère « surréaliste » d’un projet qui « jette de l’huile sur le feu d’une situation déjà compliquée, sachant que de toute façon il n’a aucune chance de parvenir au Parlement ». Ce n’est pas en coupant des indemnités versées à telle ou telle catégorie de fonctionnaires qu’on réforme l’Administration et l’armée, ni en décidant de façon arbitraire du nombre de militaires dont a besoin le pays. « La réforme est un tout. Elle doit concerner les fonctionnaires civils et militaires. Pourquoi ne pas proposer par exemple un service civil pour accompagner la mutation de l’armée ? » s’interroge l’ancien ministre. Il s’insurge aussi contre l’idée selon laquelle la réforme est bloquée. « À l’exception des mesures du budget 2003 proposées par Siniora et retirées du budget par son propre camp politique, quelles sont les réformes proposées ? » souligne Georges Corm. En matière de privatisation, il existe toute une liste d’entités privatisables, dit-il, en partant de la Middle East Airlines, du téléphone fixe jusqu’à la Intra Investment ou la société de gestion du port de Beyrouth. « Je n’ai vu aucun projet, la seule bataille qui a été menée a porté sur le cellulaire après que le secteur ait été nationalisé! » ajoute l’ancien ministre. Plafonner le service de la dette Le seul budget sérieux sera celui qui proposera des mesures claires en matière de dette publique, estime Georges Corm. « L’objectif doit être d’obtenir l’accord de la Banque centrale et de l’Association des banques pour un plafonnement du service de la dette, sans que les banques ne perdent de l’argent, précise-t-il. Il faut des swaps sur la livre après des swaps sur le dollar. Les banques doivent diminuer la dépendance de leurs profits à la dette publique et se tourner vers d’autres sources de bénéfices. Il est vrai que le Liban a besoin d’attirer des dépôts pour financer l’État, mais les dépôts représentent trois fois le PIB, alors que la dette n’en est “qu’à” deux fois le PIB. » Le rééchelonnement que préconise — et qui a déjà débuté avec les swaps notamment pour 2005 — doit surtout se faire de façon calme et progressive, dit-il. « Il existe beaucoup de techniques en la matière. Malheureusement, le chapitre concernant la dette dans le projet de budget se résume à la création d’une nouvelle direction au sein du ministère, alors que la tendance est plutôt de créer une entité autonome pour la gestion de la dette », conclut M. Corm. Propos recueillis par Sibylle RIZK


Pour l’ancien ministre des Finances, Georges Corm, le projet de budget 2005 est un « vaudeville » qui est, de plus, « anticonstitutionnel », puisque la loi de finances dépasse largement ses attributions en prétendant toucher, entre autres, à la structure de l’Administration.
Le summum, dit-il, c’est la proposition d’abolir la Cour des comptes, l’audit du ministère étant...