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EUROMED La politique européenne en Méditerranée est-elle un bon outil de médiation ?

La politique européenne en Méditerranée est-elle un bon outil de médiation interculturelle ? Le Centre interculturel euro-libanais (Ciel) de l’Université Saint-Joseph a organisé vendredi dernier une conférence sur la question dans le cadre des rendez-vous mensuels des Masters du Ciel. L’objectif affiché par l’Union européenne, qui a initié en 1995 la politique de partenariat euro-méditerranéen lors de la conférence de Barcelone, est clairement de parvenir à réussir cette « médiation ». Le premier secrétaire de la Délégation de la Commission européenne à Beyrouth, Francesco Acosta, l’a rappelé tout en soulignant l’ampleur de la tâche étant donné le fossé qui sépare les deux rives de la Méditerranée. D’un côté, une Union européenne, grande puissance mondiale, désormais forte de 25 pays ; de l’autre, 12 partenaires méditerranéens dont le PIB cumulé est inférieur à celui de l’Espagne, dont les exportations totales sont inférieures à celles des seuls Pays-Bas et où le PIB moyen par habitant est douze fois inférieur à celui de l’Union européenne… Combler ce fossé n’est pas impossible, comme le prouvent les expériences des ex-pays pauvres de l’Europe qui ont rattrapé leur retard de façon spectaculaire, comme l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande. L’exemple de Chypre, petite île voisine du Liban, est également parlant. Hadjisavvas Caralambos, chargé d’affaires de l’ambassade de Chypre à Beyrouth, en a fait l’exposé. La « carotte » de l’adhésion à l’Union européenne a probablement servi d’accélérateur aux réformes entreprises dans les pays concernés pour réaliser cet extraordinaire bond en avant. Faute de pouvoir offrir une perspective semblable à ses partenaires du sud et de l’est de la Méditerranée, l’Union européenne propose une politique de voisinage élargie destinée à les motiver. Cette stratégie nouvelle vise à renforcer la politique de partenariat « qui est pour l’Union européenne la réponse adéquate » aux défis qui se posent selon Francesco Acosta. Car près de dix ans après Barcelone, le bilan est mitigé. « Nous avons appris à travailler ensemble ; nos partenaires commencent à se connaître et se rapprochent aussi entre eux ; les flux commerciaux ont augmenté entre les deux rives… mais nous remarquons un manque de volonté d’aller de l’avant chez nos partenaires, la Commission restant le principal moteur du partenariat », note Francesco Acosta. Tel qu’il est exposé par le représentant de Bruxelles, le problème pose la question de la représentativité des « partenaires » avec lesquels traite l’Union européenne. Dans un pays comme le Liban où l’institution de l’État s’est effondrée et dont la restauration depuis la fin de la guerre est très difficile, que et qui représentent les élites « émettrices de discours, détentrices de pouvoir, manipulatrices de symboliques culturelles » ? s’interroge l’économiste Charbel Nahas. Youssef el-Khalil, directeur des opérations financières à la Banque du Liban, dit aussi son malaise face à l’idée d’un dialogue entre deux parties inégales. Il dénonce en particulier la restriction du dialogue dans un seul espace où se retrouvent Union européenne et gouvernements, voire des ONG de plus en plus rattachées elles aussi aux régimes en place. « Que de présidents d’ONG qui sont la femme, le fils ou la sœur de responsables politiques », souligne-t-il, appelant à l’ouverture « d’un autre espace de dialogue » pour donner voix au chapitre à ceux qui sont aujourd’hui acculés à « choisir entre corruption et fondamentalisme ». Sibylle RIZK
La politique européenne en Méditerranée est-elle un bon outil de médiation interculturelle ? Le Centre interculturel euro-libanais (Ciel) de l’Université Saint-Joseph a organisé vendredi dernier une conférence sur la question dans le cadre des rendez-vous mensuels des Masters du Ciel.
L’objectif affiché par l’Union européenne, qui a initié en 1995 la politique de partenariat...