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Actualités - CHRONOLOGIE

Le goût des autres Nada Moghaizel-Nasr: « Entre la musique, les films et les livres, la vie est vraiment pleine de cadeaux » (photo)

Habiter hors de Beyrouth, Nada Moghaizel-Nasr le considère comme étant une bénédiction, « j’ai la chance d’avoir au moins une heure de musique quotidienne ». Ainsi, au lieu d’être dans un embouteillage, « je suis dans la musique. Les vitres fermées, loin de toute sollicitation, j’écoute Bénédiction de Dieu dans la solitude de Liszt, du Mozart, du Schubert et parfois j’attends la fin d’un morceau avant de descendre ». Nada Moghaizel-Nasr aime également Bach « pendant longtemps, Le clavier tempéré a inondé ma maison, tout comme Les suites anglaises et Les suites françaises interprétées par Glenn Gould ». « C’est mon père, mélomane, qui m’a offert le goût de la musique et de la peinture ». L’écrivain aime également les belles voix, La Callas, bien sûr, mais aussi «Kathleen Ferrier quand elle chante du Purcell ou du Haendel et Victoria de Los Angeles». Nada Moghaizel-Nasr, qui est une amoureuse de la langue française, affectionne aussi les poèmes chantés. « Les poèmes faisaient partie du discours familial, ma mère nous les offrait chantés par Marc Ogeret, Léo Ferré ou Jean Ferrat. Cela a sûrement dû forger ma grille de perception, mes structures mentales.» Nada Moghaizel-Nasr apprécie également Juliette Gréco, « que j’ai vue récemment à la télé chantant, comme à son habitude, le répertoire de son nouvel album. J’aime beaucoup Anne Sylvestre, Guy Béart et son “espérance folle”»… Chaque jour, Nada Moghaizel-Nasr fredonne la chanson Il faut regarder ce qu’il y a de beau de Barbara, la « longue dame brune », un peu comme elle en somme… et essaye de la vivre. « Ces mots me consolent, me rendent heureuse, me font mieux comprendre les choses et les êtres.» La musique arabe, Nada Moghaizel-Nasr la redécouvre par l’intermédiaire de ses enfants. « Rabih Abou Khalil, Charbel Rouhana, Marcel Khalifé, Anouar Ibrahim… je trouve que la musique est le champ culturel qui a évolué de la façon la plus intéressante ces dernières années dans nos pays arabes.» Nada Moghaizel-Nasr est sensible à l’art, aux mots, à la musique, mais aussi aux images. « Je ne pense pas qu’une ville serait une ville sans librairies, cafés, trottoirs et cinémas.» C’est pourquoi, elle n’est pas très DVD, « je ne pense pas que les DVD puissent remplacer le bonheur de se retrouver au fond d’un fauteuil, dans une salle obscure où personne ne peut vous joindre, vivant solitairement un moment d’émotion », avoue-t-elle le sourire aux lèvres. « J’aime aller seule au cinéma, ou alors avec des amis qui ont la même vision que moi… j’aime cette forme de partage, cette mise en écho de l’émotion. » Et quand on lui demande quel genre de cinéma elle aime, Nada Moghaizel-Nasr s’épanche un peu, « les derniers films qui m’ont marquée sont Se souvenir des belles choses, Est-Ouest, Chaos… de très beaux films sur la solidarité humaine, de ce que l’on peut se donner les uns aux autres. Il y a toujours un moment dans la vie où l’on veut rendre ce que l’on a reçu, et la meilleure façon de le faire, à mon avis, c’est de donner à quelqu’un d’autre. C’est ce que Nancy Huston appelle “la chaîne d’énergie humaine”. Elle a écrit d’ailleurs à ce sujet une très belle phrase: “On est comme des planètes, absorbant et reflétant la lumière les uns des autres” ». Une femme sensible, qui aime réécouter certains morceaux, considérant, à l’instar de Manguel qui disait qu’«on ne se baigne jamais dans un même livre », que « ce n’est jamais vraiment pareil à chaque écoute ». MÉDÉA AZOURI HABIB
Habiter hors de Beyrouth, Nada Moghaizel-Nasr le considère comme étant une bénédiction, « j’ai la chance d’avoir au moins une heure de musique quotidienne ». Ainsi, au lieu d’être dans un embouteillage, « je suis dans la musique. Les vitres fermées, loin de toute sollicitation, j’écoute Bénédiction de Dieu dans la solitude de Liszt, du Mozart, du Schubert et parfois...