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Élections locales - Murr précisera la date après les fêtes Pas de reconduction en vue sur le front des municipales

Le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, précisera après les fêtes la date des municipales, prévues pour le prochain printemps. Son département, assure-t-il, est fin prêt. Et il ne voit aucune raison de reporter l’échéance en reconduisant le mandat des édiles. Sur le terrain, les préparatifs battent déjà leur plein. Notamment dans les contrées où l’opposition est bien implantée. Les partis s’activent. Les députés aussi. Car pour beaucoup d’entre eux les municipales constituent un tremplin pour une éventuelle réélection en 2005.
Il reste à savoir si le scrutin va se dérouler selon les normes de la loi existante. Ou en base du projet que prépare la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice. Du point de vue politique, les résultats n’en seraient pas fondamentalement affectés, note un député. Car dans la plupart des cas de figure, les municipales, qui développent en quelque sorte un petit huis clos urbain, mettent aux prises des clans et des rapports de force traditionnels bien répertoriés.
Ce même parlementaire souligne par contre qu’un gel des municipales en faveur du maintien des conseils municipaux actuels pourrait être lourd de conséquences. En ce sens qu’il influerait probablement sur les pesées d’influences devant entrer en jeu dans la présidentielle d’abord, dans les législatives ensuite. Ce lien, ajoute-t-il, semble perçu par la population elle-même. Qui s’oppose, à l’image du patriarche Sfeir, au terme même de la reconduction. En ce qu’il altère la démocratie et frappe de plein fouet le principe de l’alternance. Surtout si l’amendement de la Constitution qu’il nécessite devait servir des intérêts particuliers plutôt que le bien de la nation.
Affinant ce raisonnement, Dory Chamoun, lui-même président de la municipalité de Deir el-Kamar, relève qu’objectivement c’est le pouvoir qui a le premier tout intérêt à organiser de fait les municipales. Pourquoi ? Parce qu’à son avis, les dirigeants riposteraient de cette manière à ceux qui les soupçonnent, ou les accusent, de ne pas vouloir respecter les usages démocratiques, alternance en tête. Les municipales seraient donc portées au crédit du système. Qui pourrait éventuellement en exploiter les résultats. Il reste que Chamoun ne pense pas que les jeux soient faits. À l’en croire, en effet, rien n’interdit de penser que des développements inopinés ne viennent imposer l’ajournement de l’échéance.
Nombre de ministres sont, comme le président du PNL, convaincus que les élections municipales ne peuvent qu’être politiquement profitables au pouvoir. Dont le crédit de confiance, sinon de popularité, serait augmenté par la démonstration in vivo de son attachement à la démocratie. Sans compter, avouent-ils, que les municipales représentent une pâtée à ne pas négliger. Autant qu’un baromètre politique utile en vue des législatives ou de la présidentielle.
Il reste que le caractère réduit de la compétition implique des bras de fer qui n’ont rien à voir avec les options d’ordre national. En effet, dans beaucoup de localités, les rivalités purement locales mettent aux prises des groupes qui appartiennent à une même ligne politique générale. Soit des loyalistes, soit des opposants. C’est souvent même une question de familles déchirées.
Cela étant, certaines régions obéissent plus sensiblement à des considérations d’appartenance partisane. C’est le cas au Sud, dominé dans les villages par l’affiliation au mouvement Amal ou au Hezbollah. Il faudra voir si ces deux formations vont s’entendre sur un package deal. Ou préférer la confrontation ouverte, pour tester leurs forces respectives en vue des législatives de 2005. Pour l’heure, les concertations préparatoires sont en cours, des deux côtés, chacun tâtant le pouls de l’opinion.
Du côté de l’opposition, et pour les raisons microcosmiques évoquées précédemment, il n’y a pas de plan général concerté. Des contacts sont en cours pour diverses alliances rentables, envisagées parfois avec des pôles loyalistes. Mais dans l’esprit des piliers du mouvement contestataire, surtout à l’Est, il est important de marquer globalement des points dans cette épreuve sportive. Pour améliorer le classement final et les positions de l’opposition en tant qu’ensemble sur la scène politique locale. Autrement dit, personne ne veut perdre le sens de l’unité de corps et les arrangements avec les loyalistes resteraient d’ordre purement tactique.
D’une manière générale, tout comme la partielle de Baabda, les municipales apportent la preuve que l’opposition, dans toutes ses composantes, radicaux compris, a désormais choisi de participer à la vie politique, Afin d’essayer de changer les choses de l’intérieur plutôt que de l’extérieur. Dès lors, et malgré les assurances actuelles des autorités, il reste possible que le pouvoir choisisse de reporter des municipales qui risqueraient d’être gagnantes pour ses adversaires. D’autant que même limitée à l’Est, une telle déroute pourrait faire tâche d’huile en termes d’opinion publique. Sur le plan, notamment, de l’opposition populaire à une éventualité de prorogation du côté de la présidentielle.

Philippe ABI-AKL
Le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, précisera après les fêtes la date des municipales, prévues pour le prochain printemps. Son département, assure-t-il, est fin prêt. Et il ne voit aucune raison de reporter l’échéance en reconduisant le mandat des édiles. Sur le terrain, les préparatifs battent déjà leur plein. Notamment dans les contrées où l’opposition est...