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Implantation - Un danger plus lancinant que jamais Le droit de retour reste fortement illusoire

Comment le Liban peut-il parer le danger de l’implantation s’il n’y a ni création d’un État palestinien ni redistribution des réfugiés sur d’autres pays ?
Selon un diplomate d’expérience, il est clair que la bataille pour le droit du retour (que Farouk Kaddoumi place avant le droit à un État) est perdue d’avance. Parce que le refus israélien est aussi unanime que catégorique et permanent. À cet égard, il n’y a ni droite ni gauche en Israël.
Shimon Pérès, le travailliste réputé modéré, alors ministre du Développement régional dans le cabinet de Barak en 99, proclamait qu’il était pour « l’implantation des réfugiés en n’importe quel endroit du monde, sauf en Israël ». Pourquoi ? Pour des raisons raciales et Pérès n’a pas honte de l’avouer. Il ajoute en effet que pour Israël, « le problème crucial est de conserver sa judaïcité. Tout ce qui peut la menacer est rejeté par tout Israélien ». Pour l’ancien Premier ministre israélien, il faut commencer par un recensement précis des réfugiés. Leur demander qui veut retourner et qui veut être indemnisé. Il se demande ensuite si les déplacés du Liban voudraient retourner : « Combien d’entre eux n’ont-ils pas acquis des maisons et des terres ? »« Pour traiter sérieusement le dossier, conclut-il, il faut en connaître le vrai volume. »
Même son de cloche, à peu près, chez le radical du Likoud, Benjamin Netanyahu, aujourd’hui en charge des Finances après avoir été Premier ministre. Il met l’accent sur le péril de l’explosion démographique palestinienne au sein même de l’État hébreu. En indiquant qu’au rythme de croissance de la population arabe palestinienne, qui va atteindre un jour les 40 %, Israël risque de devenir rapidement un pays biéthnique sinon binational. Le même point est soulevé dans le Haaretz par l’analyste Israel Harael qui affirme que d’ici 25 à 30 ans, l’État hébreu pourrait imploser sous l’effet de la pression démographique arabe. Il soutient que dans une contrée israélienne limitrophe des Territoires, la population est à 96 % originaire de la Cisjordanie. À ce titre, elle se réclame de l’Autorité palestinienne et participe au Parlement palestinien. Tout en revendiquant des droits civiques israéliens. Le chercheur ajoute que même si Israël se sépare unilatéralement, par une clôture, de ce corps arabe, il ne peut priver des millions de gens, après 37 années de coexistence, de droits socio-économiques acquis. Au stade actuel, selon Harael, les Arabes ne représentent encore que le cinquième de la population en Israël. Mais le taux des élèves arabes du primaire, indice probant pour l’avenir, s’élève déjà à 32 %. Une tranche croissante, puisque les moins de 23 ans forment les 48 % de la frange arabe, alors qu’ils ne sont que 38 % du côté israélien. Autrement dit, la population arabe non seulement s’agrandit plus vite, mais elle est également plus jeune et plus vigoureuse. Un graphique exponentiel qui va sans doute, avertir l’auteur, faire fuir beaucoup d’israélites, ce qui doterait un jour Israël, État juif, d’une population en majorité arabe et mahométane. Qui transformerait tôt ou tard le pays en État palestinien. Ou au mieux, en État mixte dont la partie israélienne serait minoritaire et inférieure.
Ces vues montrent par elles-mêmes à quel point les Israéliens de tout bord sont crispés par rapport à la présence démographique arabe. Combien ils en ont peur et combien ils sont, par voie de conséquence évidente, contre le retour des déplacés palestiniens. Dans ces conditions, reprend l’ancien diplomate cité, il semble vain de vouloir lutter pour un droit de retour, récusé en outre par les USA. De plus, sans toujours l’avouer, beaucoup de gouvernements arabes ne soutiennent pas les Palestiniens pour ce qui est du droit de retour. Ces États pensent qu’on peut trouver une solution plus réaliste, envisageant que ceux qui le voudraient pourraient regagner uniquement les Territoires, ou le futur État palestinien. Tandis que les autres seraient indemnisés.

Émile KHOURY
Comment le Liban peut-il parer le danger de l’implantation s’il n’y a ni création d’un État palestinien ni redistribution des réfugiés sur d’autres pays ?Selon un diplomate d’expérience, il est clair que la bataille pour le droit du retour (que Farouk Kaddoumi place avant le droit à un État) est perdue d’avance. Parce que le refus israélien est aussi unanime que...