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PHOTO - Les œuvres de deux artistes à l’ADG, jusqu’au 23 décembre Lara Baladi et Joumana Jamhouri : de l’intime à l’industriel et de New York à Beyrouth(PHOTOS)

Organisées par Nadine Mecattaf et Nada Boulos al-Assaad, deux expositions de photos contemporaines se tiennent simultanément dans les locaux de l’ADG (escalier Saint-Nicolas, Gemmayzé) jusqu’au 23 décembre.
L’une, intimiste, prend la forme de deux portfolios luxueux, à mi-chemin entre le coffret d’images et l’édition spéciale, comprenant chacun dix photographies, de grande dimension, à compulser assis autour d’une table. Signées Lara Baladi, une artiste globe-trotter, installée actuellement au Caire et dont les précédentes œuvres ont déjà fait le tour des grandes galeries et villes du monde entier (Fondation Cartier à Paris, La maison de la culture à Berlin, Feldman Gallery à NewYork, Barcelone, Séville, Copenhague, Le Caire, Tokyo...), elles déclinent des images, symboliques et très personnelles, sur le thème de «Aroussa Baladi» et de «Larabesque».
La seconde exposition présente des photographies industrielles réalisées par Joumana Jamhouri, dont c’est la première manifestation individuelle. Accrochées aux cimaises, elles apportent un regard nouveau, coloré, poétique et ludique sur l’univers des usines.

Un appareil oublié
Des styles diamétralement opposés donc pour des travaux de qualité de deux jeunes femmes dont le talent a éclos à New York.
En effet, c’est dans la Grande Pomme que tout a commencé, il y a une dizaine d’années, pour Lara Baladi. «Je suis tombée un jour dans une party new-yorkaise sur une caméra oubliée par son propriétaire. Je m’en suis servie, pour prendre des photos de New York, qui me fascinait littéralement. Et c’est à partir de là que le déclic (c’est le cas de le dire...) a eu lieu, raconte-t-elle. J’ai alors entamé, en parallèle de mes études de commerce, des cours de photo à Londres, où je vivais alors. À l’issue desquels, j’ai intégré le domaine de la photographie publicitaire en France.» Elle s’occupe de production, fait de la photographie de presse, de l’image documentaire, avant de partir s’installer en Égypte et de se diriger progressivement vers l’art contemporain. Un milieu dans lequel Lara Baladi évolue depuis maintenant six ans, avec une reconnaissance internationale consacrée par l’introduction de ses œuvres dans d’importantes collections publiques, à l’instar de la Fondation Cartier ou le Musée d’art contemporain à Copenhague.
Utilisant la photo comme base de son travail, qui se dirige de plus en plus vers l’installation, Lara Baladi allie clichés, musique, image vidéo et matières diverses dans un traitement à chaque fois nouveau. «J’aime que le processus soit différent à chaque fois.»
Ses thèmes? Un mélange de sujets personnels et d’images du monde, de l’univers moyen-oriental en particulier. Base de données, documentation, prise de notes, carnet de bord, mémoire personnelle, langage de son inconscient... la photo est l’instrument de travail majeur de Lara Baladi. «Par la photographie, j’essaye de récupérer des éléments de mes voyages et ma relation au monde.»
Il en est ainsi des photos qu’elle présente au cours de cette exposition. Traitées d’une manière «classique» au niveau de la prise de vue et tirées en pigments permanents sur papier Somerset (similaire au papier Canson), elles sont éditées en 25 exemplaires.

«Baladi», ou l’imagerie
populaire
Prises entre 1995 et 2002, cette vingtaine d’images, un peu monochromes, un peu kitsch, concentrées sur un détail du corps féminin, jouent sur l’interaction entre album personnel et clichés populaires, comme aussi sur son patronyme, qui signifie en égyptien tout à la fois «mon pays» et «populaire».
Inspirée d’une icône locale populaire égyptienne Aroussa al-milad, «Arroussa Baladi» met en images – parfois duelles – cette légende d’une vierge musulmane du XVe siècle, souvent représentée par une poupée en sucre, mais aussi par une mariée de pacotille. Quant à « Larabesque », il s’agit d’une série de photos des jambes de Lara Baladi. «Lorsqu’on est seule dans un pays, une chambre d’hôtel, à un moment donné on regarde par terre et on voit ses pieds, et lorsqu’on est photographe...», explique l’artiste. Qui signale que ces autoportraits par le bas sont «en fait un regard sur le cycle féminin».

Marque de fabrique:
l’esthétique industrielle
Lorsqu’elle reçoit, à 10 ans, son premier appareil photo, Joumana Jamhouri, quant à elle, est loin de se douter qu’il deviendra un jour son outil de travail. Pendant des années, elle s’est contentée de faire cliquer son Kodak Instamatic en amateur. Puis, un beau jour, à New York (elle aussi!), où elle a résidé avec mari et enfants durant une dizaine d’années, cette économiste de formation, qui travaillait dans l’immobilier, décide d’arrêter de s’ennuyer professionnellement et de prendre des cours de photographie à la New York Institute of Photography. Elle décroche un mastère, et des jobs occasionnels par des amis. De clichés publicitaires en photos d’édition, en passant par les portraits, elle tombe presque par hasard sur ce qui deviendra sa spécialité: la photo industrielle. Un domaine où elle évolue avec un enthousiasme communicatif. Et beaucoup d’humilité: «Je ne me considère pas comme une artiste, mais comme une photographe qui s’amuse.»
Sa marque de fabrique? Une recherche d’esthétique dans l’univers des machineries et des engins de fabrication industrielle. «Ce qui me motive, c’est de trouver dans l’objet l’étincelle de vie. C’est de capte, à travers mon objectif, l’aspect poétique, ludique, presque humoristique de la chose inerte, qui devient tout autre l’espace d’une seconde», affirme Joumana Jamhouri. C’est ainsi qu’en parallèle de son travail de commande (pour les catalogues et brochures d’une dizaine d’usines dans la région), elle s’amuse à «traquer» l’image artistique, insolite, celle qui composera un tableau photographique. Et dont elle montre, dans la présente exposition, une trentaine de pièces, aux titres allégoriques. Jardin I et II pour des images de capsules de bouteilles roulant sur un tapis de machine. Instruments à vent pour la salle des machines d’une brasserie. Gratte-ciel et Ruches pour des photos de cageots entassés en hauteur ou en largeur. Lipsticks pour une pile de bouchons rouges d’extincteurs. Ou encore Pépites d’or pour un amas de boulons de transformateurs en cuivre...
Bref, à l’ADG, deux visions de la photo contemporaine à découvrir absolument.
Zéna ZALZAL
Organisées par Nadine Mecattaf et Nada Boulos al-Assaad, deux expositions de photos contemporaines se tiennent simultanément dans les locaux de l’ADG (escalier Saint-Nicolas, Gemmayzé) jusqu’au 23 décembre. L’une, intimiste, prend la forme de deux portfolios luxueux, à mi-chemin entre le coffret d’images et l’édition spéciale, comprenant chacun dix photographies, de...