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Le Premier ministre visiblement déterminé à respecter, comme tous les autres, les règles du jeu syrien Désormais, seul Hariri pourra s’exprimer au nom de Hariri

Certains pensent que la trêve va durer des mois, d’autres des semaines, voire même, pour les plus réalistes, le temps d’une rose. Il n’empêche : pour Rafic Hariri, Noël approche ; les objurgations syriennes se font de plus en plus insistantes, dures, fermes, péremptoires et sans appel ; la promptitude de Baabda à brosser le peuple dans le sens du poil est de plus en plus impressionnante – autant que l’habileté de Aïn el-Tiné à se mouvoir dans les eaux les plus troubles et à tirer très adroitement toutes ses épingles du jeu des chaises musicales entre la première et la troisième présidences ; Walid Joumblatt et Sleimane Frangié se sont avérés des alliés bien peu solides ; Kornet Chehwane ne laisse de répit ni à l’un ni à l’autre des deux pôles de l’Exécutif ; les personnalités sunnites ne font que « tirer sur l’ambulance (économique) » – une ambulance, certes, un peu faucharde, etc.
En un mot comme en cent, Rafic Hariri, comme un lapin aveuglé par mille phares, semble avoir compris qu’il n’a plus qu’une chose à faire, s’il ne veut pas être contraint de céder le Sérail aux appétits gloutons de ceux qui pourraient éventuellement convaincre leur monde que le maître de Koraytem n’a pas le monopole du Zorro potentiel. Une seule chose : plier, pour ne pas rompre, et jouer le jeu. Comme tout le monde – au sein du pouvoir, bien entendu. En gros : chaque président reste à sa place – la primauté absolue allant à celui de la République –, on met fin aux tiraillements, on ne mine pas la bonne marche de l’État, on n’en montre pas une image divisée, parasitée, on ne jette pas sur la place publique les sujets qui fâchent, on ne met pas de bâtons dans les roues de la Syrie, qui continue de considérer le Liban comme sa carte maîtresse dans son jeu de quilles avec les États-Unis, on prend en compte, surtout, la « situation régionale ultradélicate », etc.
D’autant plus qu’Émile Lahoud a entendu le message de son allié syrien : « Tu es le n° 1, tu dois être au-dessus de tous, le garant de la Constitution, celui de la bonne marche des institutions, et nous serons toujours à tes côtés ». Il laissera le soin à son ennemi intime de présider le prochain Conseil des ministres (le locataire de Baabda sera en Suisse), il a passé son temps à chuchoter et discuter d’une façon « visiblement sereine » avec Rafic Hariri au cours de la dernière séance des Trente, répétant même plusieurs fois cette phrase historique, « le Premier ministre a raison », et les deux hommes ont même eu un tête-à-tête « debout » à l’issue de la réunion, à la stupéfaction des ministres. Sans compter que les lieutenants du chef de l’État les plus zélés et les plus rapides à dégainer contre le Premier ministre et son équipe semblent avoir également compris que le bémol est désormais de mise : Élias Murr n’a pas mis une seule fois, du moins publiquement, de l’huile sur le feu et Karim Pakradouni a bien insisté sur le fait que lorsqu’il critique, observe ou remarque, il le fait en tant qu’allié du régime et non pas comme porte-parole de celui-ci...
Aussi, Rafic Hariri multiplie-t-il depuis plus de 48 heures, à l’instar des autres, les signes extérieurs de bonne volonté. Après avoir recommandé à tous ses proches en politique de ne plus évoquer les sujets qui fâchent (échéance présidentielle, changement de cabinet...), après avoir fermé sa porte aux journalistes accrédités à Koraytem, le Premier ministre, via son bureau de presse, a fait fort hier – une diatribe contre les médias, une main tendue aux tuteurs : « On remarque depuis un certain temps la diffusion de positions et d’orientations politiques attribuées au chef du gouvernement par le biais des milieux et des sources qui lui sont proches, ou par le biais de ministres ou de députés qui lui sont proches. Le bureau de presse souhaite que les médias qui publient ce genre de choses citent les parties ou les personnes qui leur fournissent ces informations, afin d’éviter toute confusion et pour que l’opinion publique ne soit pas flouée. Le bureau de presse tient à assurer également que seul le Premier ministre fera part, lui-même, en son propre nom, de l’ensemble de ses positions, à travers les médias ou par des communiqués officiels. » En gros, le moindre mot attribué à Rafic Hariri et qui ne sera pas dit par lui-même sera considéré comme simplement faux. Ainsi, plus personne ne pourra « interpréter » ses propos.
Le député haririen de Beyrouth a entendu son chef de bloc : « Nous souhaitons que le réchauffement entre les deux présidents ne soit pas ponctuel, et je m’exprime en tant que Nabil de Freige », a dit hier ce dernier, en demandant « simplement » que les engagements contractés lors de Paris II soient respectés.
C’est sans doute une des nombreuses priorités du Liban. Bien plus que la situation régionale, la concomitance des deux volets, ou l’échéance présidentielle.

Ziyad MAKHOUL
Certains pensent que la trêve va durer des mois, d’autres des semaines, voire même, pour les plus réalistes, le temps d’une rose. Il n’empêche : pour Rafic Hariri, Noël approche ; les objurgations syriennes se font de plus en plus insistantes, dures, fermes, péremptoires et sans appel ; la promptitude de Baabda à brosser le peuple dans le sens du poil est de plus en plus...