Rechercher
Rechercher

Actualités

Iftar - Les associations féminines du Hezbollah ont réuni près de 3 000 femmes à Ghobeyri Nasrallah : La résistance n’est pas un projet de guerre(PHOTO)

Toute la technologie occidentale, voire américaine, au service de la résistance. Pour l’iftar annuel des femmes, le Hezbollah n’y a pas été de main morte, côté symboles. Jeux de lumières, spots avec images animées, messages lumineux, entrées électroniques, écrans géants, tous les moyens sont bons pour faire la promotion du mouvement et impressionner les quelques milliers de femmes conviées à la cérémonie. Car il y a beaucoup de cérémonial dans toutes les activités du Hezbollah, même celles qui sont censées être légères, voire mondaines. Avec lui, rien n’est simple ou spontané, surtout en ces temps de pressions internationales. Au contraire, chaque détail est étudié, et tout le monde, convive ou membre du parti, étroitement surveillé.
Dès 16h, les femmes commencent à s’attrouper autour du jardin municipal de Ghobeyri, non loin du BHV. En tchador noir, en foulards façon panthère ou encore tête découverte, elles avancent lentement, leurs bavardages semblant chasser les ombres du crépuscule naissant. Derrière les buissons, sur les toits des immeubles avoisinants et dans tous les points stratégiques, des hommes en noir les observent, leurs talkies-walkies bourdonnant en permanence. C’est l’indice que le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, participera à l’iftar.
À l’entrée de l’immense salle où les tables sont dressées, la file s’allonge devant le dispositif de sécurité. Le temps passe et les femmes sont affamées. Des cris de protestation commencent à s’élever, mais les hôtesses, avec une amabilité désarmante, essaient de calmer les invitées. Une fois à l’intérieur, les femmes ne prennent pas la peine de regarder les efforts de décoration : petits bouquets de fleurs sur les tables et affiches à la gloire de la Résistance et, derrière la tribune d’honneur, une grande photo unissant le président Émile Lahoud et le secrétaire général du Hezbollah.

Vibrant hommage
aux femmes
Membres des associations féminines du parti, femmes travaillant dans le social ou simples anonymes, ayant parrainé un orphelin, les invitées se regroupent par affinités, mais la confusion aidant, des journalistes se retrouvent aux côtés de la propriétaire d’un salon de coiffure (elle-même bien coiffée d’ailleurs), d’une mère de famille d’un village du Sud et d’une militante du parti. Les échanges sont cordiaux et les enveloppes prévoyant les donations au parti rapidement remplies... En attendant le grand moment, lorsque le sayyed viendra prononcer son discours. Les hôtesses veillent en permanence, chapeautées par une responsable au look étonnant : voile noir bordé de strass, bas noirs à fleurs et visage de madone, on la verrait mieux dans un film sur Shéhérazade que dans un iftar du Hezbollah.
Mais l’heure n’est plus à ce genre d’interrogations, le sayyed est là, comme surgi de nulle part, un peu plus rond que l’an dernier et l’air un peu las. Mais les femmes ne s’attardent pas à ces détails, elles sont presque en extase.
Conscient de l’effet produit, le secrétaire général du Hezbollah commence d’ailleurs par rendre un vibrant hommage aux femmes, dont le rôle est essentiel dans l’appui et l’encadrement des combattants et la construction d’une société militante.
Mais c’est après ces préliminaires que commencent les choses sérieuses. Sayyed Nasrallah se lance dans un véritable plaidoyer sur la nécessité de maintenir la Résistance, tant que le Liban restera dans le collimateur d’Israël et tant que les menaces d’attaques ou d’agressions diverses pèseront sur lui. Le secrétaire général du Hezbollah sait que la classification américaine, confondant résistance et terrorisme, a semé le trouble dans certains esprits, « mais, dit-il, lorsque le droit à la résistance est bafoué, c’est la loi de la jungle qui règne. La Résistance au Liban a confirmé l’existence de ce droit dans les consciences des Arabes et d’une grande partie du monde, car beaucoup de pays ne partagent pas la vision américaine ».
Nasrallah répond ensuite à tous ses détracteurs, en affirmant que si la Résistance libanaise a obtenu l’appui de certains pays, elle n’a jamais travaillé pour leur compte. « Elle a toujours eu comme priorité l’intérêt national et celui du peuple. Même lorsque nous nous tenons aux côtés de la Syrie, nous avons d’abord en tête l’intérêt du Liban et les considérations de la réconciliation nationale. »
Évoquant les moyens de financement, Nasrallah affirme que l’argent que dépense le Hezbollah n’a jamais été mal gagné. « Pour nous, la fin ne justifie pas les moyens et nous sommes engagés dans la résistance, mais aussi dans le respect de nos valeurs. Nous voulons la libération de notre territoire, mais nous avons en tête le jour où nous comparaîtrons devant Dieu et où nous aurons à répondre de nos actes. »
D’ailleurs, selon le sayyed, si l’État actuel a choisi de protéger la Résistance et de l’encadrer, c’est le fruit de longues années de lutte et c’est parce qu’il l’a longuement vue à l’œuvre. Reste la grande question : dans quelle mesure la Résistance est-elle encore un besoin national au Liban ? Nasrallah se réjouit de l’existence d’un débat sur le sujet, en précisant qu’il respecte toutes les opinions. « Mais il faut vraiment écouter tous les arguments, car l’issue du débat aura des répercussions sur l’avenir du pays. »
Nasrallah reconnaît que si les Israéliens se retirent des fermes de Chebaa (même si la libanité de celles-ci est contestée par certains) comme c’est fort probable, il n’y aura plus de terre libanaise occupée par les Israéliens. « Mais est-ce une raison suffisante pour dire à nos jeunes combattants de ranger leurs armes et de chercher un autre travail ? La région se dirige vers un surplus d’hégémonie sioniste et qu’adviendra-t-il si, demain, on nous arrache notre eau, sous prétexte qu’Israël en manque ? En 1982, il n’y avait pas d’opérations de résistance au Sud. Cela n’a pas empêché les Israéliens d’envahir le Liban en prenant pour prétexte la tentative d’assassinat d’un ambassadeur israélien à Londres, lequel ambassadeur a d’ailleurs survécu et n’est mort que l’année dernière, alors que des milliers de Libanais sont morts, eux, en 1982. L’an dernier aussi, Sharon menaçait encore le Liban de nouvelles attaques. À mon avis, il faut non seulement garder la Résistance, mais la renforcer car c’est grâce à elle que les Israéliens hésitent à entreprendre la moindre aventure au Liban. La Résistance protège le Liban et si elle était un projet de guerre, elle aurait pu provoquer des combats à tout moment, notamment en 2000, au moment du retrait israélien, en tirant sur les colonies proches de la frontière. Mais elle n’a jamais voulu faire cela et effectue à chaque fois des calculs très précis, car elle ne veut pas entraîner le Liban dans une nouvelle aventure, mais au contraire le protéger... Nous estimons que nous avons encore des responsabilités à assumer et nous sommes prêts à le faire. Ni les intimidations, ni les pressions, ni les assassinats ne nous feront changer d’avis. Mais nous sommes ouverts à toute discussion interne. »
Le discours est ponctué d’Allah akbar, surtout lorsque Nasrallah évoque le dossier de l’échange des prisonniers et insiste sur l’exigence de la libération de Samir Kantar, le communiste. Il parle pendant plus d’une heure et à la fin, au moment où il s’apprête à disparaître, une femme fluette s’approche de la tribune. C’est sa mère. Malgré sa pudeur, Nasrallah lui donne l’accolade et l’assistance se demande si ses épouses vont suivre cet exemple. « Il n’a qu’une épouse, rétorque vivement un des gardes du corps. Mais il a eu un enfant récemment. Dieu est bon. »

S.H.
Toute la technologie occidentale, voire américaine, au service de la résistance. Pour l’iftar annuel des femmes, le Hezbollah n’y a pas été de main morte, côté symboles. Jeux de lumières, spots avec images animées, messages lumineux, entrées électroniques, écrans géants, tous les moyens sont bons pour faire la promotion du mouvement et impressionner les quelques...