Nassib Lahoud : Le pouvoir s’est désisté de sa souveraineté

Le député Nassib Lahoud a estimé hier que le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, avait exprimé, durant sa tournée réussie en Europe, « les sentiments profonds de l’ensemble des Libanais, et notamment leur douleur face aux problèmes vécus au quotidien ».
« La visite du patriarche en Europe est venue à un moment où le pouvoir est dans une situation très pénible. Il s’agit d’un pouvoir qui s’est désisté de sa souveraineté, qui se divertit avec ses petites querelles de clochers et qui a besoin d’une tutelle permanente pour continuer d’exister », a affirmé M. Lahoud, qui a été reçu hier à Bkerké par Mgr Sfeir. Le député du Metn a par ailleurs estimé que le pouvoir avait « abandonné le règlement de la crise économique et financière ». « Le projet de budget qui a été présenté exprime cette orientation. Toute recherche d’un remède à la souffrance des Libanais a également été abandonnée. Cela doit absolument changer », a-t-il souligné.
Interrogé sur l’ouverture de plusieurs dossiers judiciaires, ces derniers jours, Nassib Lahoud a indiqué : « Il s’agit d’une tentative de faire intervenir la justice dans le cadre des luttes politiques. Il est normal qu’il y ait des batailles politiques et des conflits sur tout sujet appartenant au domaine de la politique. Mais ce qui est anormal, c’est la volonté de transformer la justice en protagoniste de la lutte politique. Ceci est en train de se produire au niveau de tous les dossiers qui sont aujourd’hui sous examen ».
« Je crois que la majorité des dossiers qui ont été examinés durant les derniers mois sont en rapport avec la lutte pour le pouvoir à laquelle se livrent les responsables », a-t-il indiqué.
Le patriarche Sfeir a ensuite reçu le député Robert Ghanem, avec qui il a évoqué la question de l’implantation des réfugiés palestiniens, et notamment du projet de résolution présenté par Mme Ileana Ross Lehtinen, membre de la Chambre US des représentants, au Congrès américain, et du projet présenté par le Parlement européen dans le même sens. « Il est du devoir du gouvernement d’expliquer les dangers de l’implantation pour le Liban, qui aboutit notamment à vider de son contenu le projet de l’édification d’un État palestinien, puisqu’il occulte le droit au retour des réfugiés. Il ne suffit pas de dire que nous sommes contre l’implantation, clause qui existe déjà dans la Constitution. Il nous faut rester présents sur la scène au niveau de cette question pour qu’aucune décision ne nous soit imposée d’en haut », a indiqué M. Ghanem.