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Baabda - Le leader druze a été retenu à déjeuner par le chef de l’État Lahoud et Joumblatt d’accord pour augmenter les prestations sociales

L’information est chargée de symboles. Joumblatt à Baabda, trois jours après avoir lancé de graves attaques contre « les services de sécurité » qui chercheraient, selon lui, à peser sur l’échéance présidentielle... cela ne peut passer inaperçu, surtout auprès de la classe politique, dont le leader druze demeure le meilleur baromètre. Pourtant, ni les milieux présidentiels ni ceux du chef du PSP n’ont voulu commenter cette rencontre avec le chef de l’État, suivie d’un déjeuner, ni révéler la teneur des entretiens.
Mardi, le Conseil des ministres est au bord de l’éclatement et les relations entre le chef de l’État et son Premier ministre frôlent la cassure définitive. Mercredi, Walid Joumblatt, qui s’est rapproché récemment de Rafic Hariri, après une période de grand froid, se rend au palais présidentiel où, le rendez-vous officiel achevé, il est retenu par le général Émile Lahoud à déjeuner. On peut donc légitimement se poser mille et une questions, surtout après les critiques à peine déguisées proférées ces derniers temps par le leader druze contre le chef de l’État et le pouvoir en général. Faut-il y voir la baguette magique du chef des SR syriens au Liban, qui a passé la journée et une partie de la nuit de mardi à chercher à convaincre M. Hariri de tenir une réunion du Conseil des ministres mercredi soir, tout en poussant les parties au conflit à dépasser leurs divergences pour ne pas paralyser les institutions du pays ? Ni les milieux proches de Baabda ni ceux du chef du PSP n’ont voulu donner de détails, se contentant d’un communiqué officiel des plus laconiques. Tout ce qu’il a été possible de savoir, c’est que l’initiative serait venue du palais présidentiel, qui souhaitait même que le rendez-vous soit fixé à vendredi, mais ce jour-là, le leader druze se rend généralement à Moukhtara et la rencontre a été fixée à mercredi. Elle ne serait donc pas liée aux derniers développements politiques, mais s’inscrirait dans le cadre de la volonté réelle du chef de l’État à consulter régulièrement les pôles politiques, en particulier Walid Joumblatt, ainsi que les représentants des divers groupes de la société.

Dossier régional
et questions internes
Toutefois, malgré le réchauffement intervenu récemment dans ses relations avec M. Hariri, le leader druze partage certaines critiques adressées par le chef de l’État au projet de budget présenté par le ministre des Finances. Comme M. Lahoud, il est convaincu de la nécessité d’augmenter les prestations sociales dans la distribution des ressources. Et s’il est impossible, pour l’instant, de réclamer de grandes réformes, Joumblatt estime qu’il faut quand même consacrer plus de fonds au développement des régions. S’il n’est pas forcément hostile au CDR, il ne serait pas loin d’approuver une modification des priorités dans les projets de ce « supraministère ». N’oublions pas que c’est son groupe parlementaire qui, l’an dernier, avait été le fer de lance de la bataille de la loi sur le budget, obtenant, avec l’aide de la CGTL, des amendements concernant de nouvelles taxes...
En somme, malgré ses critiques des derniers temps, Joumblatt serait assez proche du président Lahoud dans ses revendications sociales et ses réserves économiques sur les projets du Premier ministre. De plus, sentant avant tout le monde dans quel sens le vent tourne, il veut garder de bonnes relations avec le chef de l’État. D’abord parce que c’est le mot d’ordre de la Syrie, ensuite parce qu’il est probablement convaincu que les positions nationales du président Lahoud sont courageuses.
D’ailleurs, une bonne partie des entretiens d’hier a été axée sur la situation régionale. Joumblatt a exposé ses appréhensions quant à une éventuelle attaque israélienne contre le Liban et la Syrie, surtout s’il se confirme que les États-Unis auraient chargé l’État hébreu « de faire le travail à leur place », comme le disent certaines rumeurs. Le président Lahoud aurait, lui, confirmé la position officielle du Liban, solidaire de la Syrie en toutes circonstances.
Dans ce contexte, et au-delà du symbolisme que revêt la rencontre entre les deux hommes, les entretiens ont, dit-on, été cordiaux et les points de vue convergents sur de nombreux dossiers. Pour le président Lahoud, avec son conflit sans cesse renouvelé avec le président du Conseil et la tentative de le présenter comme une divergence fondamentale entre le « style militaire » et celui de l’ensemble de la classe politique, maintenir un contact cordial, voire stratégique, avec Joumblatt, dont le leadership, au fil des ans, ne fait que se renforcer, ne peut être que bénéfique, d’autant qu’il ne comporte aucune concession sur le fond.
Entretien positif donc, déjeuner sans protocole et timing particulièrement intéressant, c’est ainsi qu’on pourrait résumer la visite hier de Joumblatt à Baabda. Le chef de l’État a aussi reçu, comme chaque mercredi, le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, le chef de la Sûreté de l’État, le général Édouard Mansour, et le ministre d’État, M. Karam Karam.
L’information est chargée de symboles. Joumblatt à Baabda, trois jours après avoir lancé de graves attaques contre « les services de sécurité » qui chercheraient, selon lui, à peser sur l’échéance présidentielle... cela ne peut passer inaperçu, surtout auprès de la classe politique, dont le leader druze demeure le meilleur baromètre. Pourtant, ni les milieux...