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La présidentielle fait sentir ses effets partout, même au niveau du budget 2004

La proclamation du président Bachar el-Assad s’en remettant au peuple libanais pour se choisir un président a eu un effet immédiat : une course effrénée pour se gagner les bonnes grâces de ce peuple, promu arbitre de la situation. Et cela à travers la répartition des crédits du budget 2004, que cela soit pour les projets de développement des régions ou pour les prestations sociales. Notamment dans les départements de la santé, de l’éducation, des affaires sociales, de la sécurité du même nom, de l’agriculture, de l’industrie et du tourisme. Bien entendu, le partage du pécule provoque des disputes et attise les tiraillements devenus traditionnels entre les gens du pouvoir comme entre les députés. D’autant que les professionnels ont également en perspective des élections municipales (et de moukhtars) importantes pour leur taux d’influence. Sans compter qu’ils doivent préparer les législatives de 2005. Il faut donc qu’ils soignent leur image de marque populaire sans tarder. On voit ainsi des députés, ou des candidats potentiels, se mettre en campagne dès à présent pour effectuer des tournées de proximité dans leurs circonscriptions virtuelles. Même Hariri s’y met et multiplie les rencontres avec les ligues de familles beyrouthines. Ce mouvement d’approche est du reste favorisé par le mois de ramadan, qui donne lieu à des iftars conviviaux tournant facilement aux meetings. Et, à ce propos, certaines sources informées indiquent que le président du Conseil compte donner la préférence cette année aux iftars de quartiers auxquels il serait convié plutôt qu’à ceux que ses propres services organisent. En d’autres termes, sa devise peut se résumer ainsi : il faut aller au-devant des gens plutôt que de les faire venir à soi.
Parallèlement, les professionnels prévoient une montée en puissance de la mode des sondages. Comme on sait, il y en a eu déjà deux axés sur la présidentielle. Plus exactement sur la reconduction. Et les résultats publiés sont parfaitement contradictoires. Aussi bien sur le point-clé de la prorogation que sur les autres créneaux proposés. Comme les chances respectives des différents candidats en puissance, ou encore comme le choix d’un Premier ministre et la responsabilité de la présente crise économique. Selon les politiciens, l’opinion va être de plus en plus sollicitée par les sondeurs, au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’échéance présidentielle. Ces tests auraient pour but de tenter d’influer sur les options des grands électeurs régionaux et internationaux, la Syrie en tête, si elle garde son statut dans ce domaine.
On peut rappeler à ce propos que le président Hafez el-Assad, recevant le président Élias Hraoui après avoir porté son choix sur le général Émile Lahoud, lui avait déclaré en substance : « Les rapports d’évaluation que nous recevons, les résultats des sondages d’opinion montrent que l’écrasante majorité du peuple libanais souhaite l’avènement du commandant en chef de l’armée. Nous soutenons la volonté des Libanais. Dès lors, il est souhaitable d’amender l’article 49 qui interdit la candidature des fonctionnaires de première catégorie, pour que l’élection du général devienne possible. » Malgré les explications du président Hraoui sur la nécessité de l’article 49, prévu pour empêcher que de hauts commis de l’État n’exploitent leurs postes comme marchepied altérant la démocratie, le président Assad avait maintenu sa décision. Toujours est-il que la référence au peuple libanais, mais surtout aux sondages d’opinion, suscite des interrogations sceptiques. Peut-on se fier à des instituts qui ne seraient pas spécialisés, n’auraient pas l’expérience requise et procéderaient par échantillonnages ciblés sur des régions ou des fractions déterminées, au détriment d’autres ? Et cela alors que même dans les pays évolués les sondages se trouvent fréquemment démentis dans les faits.
Pour certains professionnels locaux, le mieux, en termes de vraie démocratie, serait d’instituer l’élection du président de la République au suffrage universel. C’est en réalité le seul moyen direct de savoir ce que veut vraiment ce peuple que l’on cite comme référence de base. Car, bien évidemment, le taux de représentativité des députés reste pour le moins relatif, quand il n’est pas inexistant. Sans compter l’impact sur les parlementaires des différents jeux de surenchères politiques ou d’obédience.

Émile KHOURY
La proclamation du président Bachar el-Assad s’en remettant au peuple libanais pour se choisir un président a eu un effet immédiat : une course effrénée pour se gagner les bonnes grâces de ce peuple, promu arbitre de la situation. Et cela à travers la répartition des crédits du budget 2004, que cela soit pour les projets de développement des régions ou pour les prestations...