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COMMUNAUTÉS - Les appels à l’application de la 520 occultés Les loyalistes apprécient les réserves de Sfeir concernant les pressions US

On serait tenté de citer les Écritures : « Ils ont des oreilles pour ne pas entendre et des yeux pour ne pas voir... » Ou lire les discours du cardinal itinérant. Dont les propos n’ont d’ailleurs besoin d’aucune lecture entre les lignes. Tant ils sont clairs, nets et précis. Ce qui n’empêche pas certains loyalistes du cru, encore empreints du mot d’ordre des décideurs de composer avec Bkerké à cause de ses positions sur l’Irak, d’applaudir aux véritables coups de gueule du prélat, comme s’il leur envoyait des fleurs ! Alors même qu’il ne cesse de répéter qu’à cause des aberrations dont le système est responsable, notamment à cause de la présence (politique et militaire) des décideurs, le Liban voit partir ses jeunes. Et se trouve malade sur tous les plans.
Cependant, c’est dans l’assurance patriarcale qu’il ne faut pas miser sur le coursier US, ni se montrer fondamentalement hostile à la Syrie, que les loyalistes trouvent leur content. Ils insistent sur ce point, en faisant abstraction des thèmes de souveraineté, d’indépendance, de retrait, de 520, de libre décision que Mgr Sfeir développe.
Le patriarche récuse, en refusant d’en faire le jeu, les pressions US exercées sur Damas. C’est ce que se plaît à souligner une personnalité gouvernementale de premier plan. Pour qui la position du prélat « sert encore une fois la stabilité locale en détendant le climat politique interne. Mgr Sfeir coupe court ainsi aux tentatives de certaines parties qui cherchent à exploiter les vents qui soufflent d’outre-Atlantique en direction de Damas ».
Le fait est que dans ses interventions en Europe, Mgr Sfeir rejette fermement toute idée de recourir à des puissances extérieures contre la Syrie. Conséquent avec lui-même, il rappelle qu’il est en principe contre toute immixtion étrangère. Donc qu’il réclame la souveraineté, l’autonomie de ce pays. En précisant que cela déborde le cas de la présence purement militaire syrienne, pour atteindre les sphères du téléguidage politique.
À quelque chose malheur est bon. La guerre d’Irak a permis à Bkerké de lever toute équivoque quant à sa conception des rapports libano-syriens. Et de coller de plus près aux recommandations initiales du Vatican. Qui a toujours prescrit le rapprochement. La revendication d’indépendance est plus que jamais maintenue. Comme la priorité des priorités. Mais dans un esprit de fraternisation conforté par le rejet de toute collusion, de toute alliance avec les contempteurs de la Syrie, Washington en tête.
C’est suffisant pour que les officiels se rangent parmi les amis du patriarcat. Le ministre cité prend ainsi plaisir à noter que les relations de Hariri avec le cardinal sont constantes et privilégiées, sans aucun nuage. Il ajoute que le Premier ministre, homme de franchise lui-même, apprécie toujours que le patriarche dise les choses comme il les pense, sans détour. Par rapport à la question irakienne, au dossier palestinien et aux pressions US, la position du patriarche « est très proche de la nôtre propre », relève le cadre gouvernemental. Qui souligne que le patriarche est contre le départ des Syriens par la force, contre toute séparation dans la fâcherie et pour une normalisation à l’amiable. Ce que Hariri a apprécié, publiquement, en manifestant « la volonté d’accomplir la moitié du chemin en direction du prélat ». D’où ce constat ministériel, peut-être un peu hâtif : « On peut même parler, désormais, de constantes nationales qui font l’unanimité... »

Philippe ABI-AKL
On serait tenté de citer les Écritures : « Ils ont des oreilles pour ne pas entendre et des yeux pour ne pas voir... » Ou lire les discours du cardinal itinérant. Dont les propos n’ont d’ailleurs besoin d’aucune lecture entre les lignes. Tant ils sont clairs, nets et précis. Ce qui n’empêche pas certains loyalistes du cru, encore empreints du mot d’ordre des décideurs...