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Liban-USA - John Kerry réclame des sanctions contre le Liban et la Syrie Appel à contrer les accusations de blanchiment d’un candidat à la Maison-Blanche

On s’interroge, dans des milieux bien informés au Liban, sur les raisons poussant les autorités libanaises à garder le mutisme face aux dangereuses allégations d’un candidat démocrate à la présidentielle américaine, le sénateur John Kerry.
En mai dernier, M. Kerry avait adressé au président américain George W. Bush une lettre dans laquelle il lui demande de proclamer le Liban et la Syrie comme étant des sources de blanchiment d’argent et de prendre, en conséquence, les mesures qui s’imposent à leur encontre.
Le candidat démocrate est récemment revenu à la charge, publiant un communiqué dans lequel il exprime son étonnement face à l’inaction de la Maison-Blanche à la suite de sa première lettre et souligne que des sanctions financières contre les deux pays permettraient notamment de « couper le financement des organisations terroristes en Irak ».
M. Kerry suggère à M. Bush d’autoriser son secrétaire au Trésor, John Snow, d’user de ses prérogatives en la matière conformément au « Citizenship Act », en vertu duquel Washington pourrait imposer des sanctions à l’encontre du Liban et de la Syrie.
Face à cette insistance de la part du sénateur, on juge à Beyrouth surprenant le silence des autorités, censées normalement se mobiliser pour contrer les accusations de M. Kerry. D’autant que ce dernier, qui semble utiliser cette affaire dans le cadre de sa campagne électorale, ne se contente pas de parler de l’Irak. Selon lui, l’imposition d’un contrôle sur les transactions à partir du Liban et de la Syrie pourrait interrompre également les transferts d’argent vers les organisations terroristes opérant aux États-Unis.
On souligne, dans ces mêmes milieux, que ces allégations sont d’une grande gravité pour la réputation du système bancaire libanais, car si les mesures préconisées par M. Kerry étaient finalement adoptées par Washington, d’autres pays ainsi que des institutions financières internationales seraient amenés à suivre les pas des États-Unis. Jamais, même aux pires moments de la guerre au Liban, la confiance arabe et internationale dans le système bancaire libanais n’était tombée aussi bas.
Le sénateur américain admet, dans son communiqué, que le Liban jouit de l’un des systèmes bancaires les plus performants de la région, qu’il est doté de la loi sur le secret, et surtout que ce pays a enregistré quelques progrès dans la modernisation des législations visant à lutter contre le blanchiment d’argent sale.
Cependant, relève-t-on à Beyrouth, M. Kerry exprime ensuite, sans transition, des soupçons quant à la nature des fonds rapatriés par les émigrés libanais dans les pays du Golfe, en Afrique et ailleurs et considère comme « faible » l’arsenal judiciaire en vigueur au Liban en matière de responsabilité financière.
Pour le sénateur, ces deux éléments sont de nature à favoriser un climat financier propice au blanchiment d’argent au bénéfice d’organisations à ramifications internationales, actives non seulement dans le terrorisme mais aussi dans le trafic de drogue, la contrebande et la contrefaçon de billets de banque.
En fait, ajoute-t-on de mêmes sources à Beyrouth, le candidat démocrate se fonde dans son analyse sur le fait que le régime déchu de Saddam Hussein avait déposé des montants importants dans des banques libanaises et syriennes. Or, M. Kerry affirme qu’une partie de ces sommes a été utilisée pour financer des actes terroristes, sans pour autant apporter de preuves, ni identifier les cibles de ces actes.
Visiblement, souligne-t-on, le sénateur ignore tout de l’action menée par l’ambassade des États-Unis à Beyrouth, dont la vigilance est sans faille pour ce qui est d’observer et de déceler tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à du terrorisme. Or, ce n’est un secret pour personne que la chancellerie américaine est assez satisfaite de ce qu’accomplissent les autorités libanaises concernées par la lutte contre le terrorisme. L’ambassadeur, Vincent Battle, l’a dit à plusieurs reprises, mais aussi plusieurs responsables américains qui ont visité le Liban.
Ce sentiment de satisfaction est d’ailleurs partagé par le comité formé par le Conseil de sécurité de l’Onu dans le cadre de l’application des résolutions ayant trait à la lutte antiterroriste. Ce comité reçoit ainsi régulièrement des réponses de la part des autorités libanaises aux questions qu’il leur adresse.
C’est pour toutes ces raisons que le mutisme officiel libanais à l’égard des appels de M. Kerry est extrêmement dangereux, estiment ces mêmes sources, qui exhortent les autorités à agir rapidement et de manière intensive pour que le Liban ou certaines questions qui y sont rattachées soient rapidement exclus des surenchères de la bataille électorale aux États-Unis. D’autant que ces surenchères sont appelées à s’intensifier à mesure que se rapproche l’échéance présidentielle américaine, prévue à l’automne 2004.
Elles proposent notamment que l’ambassade du Liban à Washington soit chargée d’entrer en contact, d’abord avec M. Kerry lui-même afin de l’éclairer sur la réalité du système bancaire libanais et ensuite avec des membres influents de la diaspora libanaise aux États-Unis, notamment ceux qui occupent des fonctions au sein du Parti démocrate, pour les inciter à agir afin de lever tout soupçon pesant sur les banques au Liban.

Khalil FLEYHANE
On s’interroge, dans des milieux bien informés au Liban, sur les raisons poussant les autorités libanaises à garder le mutisme face aux dangereuses allégations d’un candidat démocrate à la présidentielle américaine, le sénateur John Kerry.En mai dernier, M. Kerry avait adressé au président américain George W. Bush une lettre dans laquelle il lui demande de proclamer le...