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Développement - Les projets du Pnud en cours de réalisation Tournée de Samaha au Liban-Sud : à l’écoute des jeunes et des agriculteurs(photo)

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a organisé hier une tournée dans la zone anciennement occupée, qui a englobé plusieurs villages frontaliers du Liban-Sud, notamment Naqoura, Yarin, Debel, Beit Yahoun, Marjeyoun et Khiam. L’événement organisé à l’initiative du ministre de l’Information Michel Samaha qui a voulu se rendre, à titre officiel au Liban-Sud, a rassemblé le représentant permanent du Pnud au Liban, Yves de San, l’ambassadeur de Grande-Bretagne, Richard Kinchen, le conseiller de presse auprès du CDR, Nader Srage, ainsi qu’une importante équipe du Pnud qui travaille depuis mai 2000, date du retrait israélien, sur le terrain.
Les projets visités entrent dans le programme de réhabilitation du Liban-Sud, lancé au lendemain du retrait israélien et mis en place conjointement par le Pnud et le CDR. Financé initialement à deux millions de dollars par le gouvernement libanais et l’organisme onusien, le programme a bénéficié, petit à petit, de dons de la communauté internationale et ainsi des projets pilotes ont été mis en place.
L’agriculture et les jeunes occupent une part très importante dans ce programme qui vise surtout à aider les populations du Sud à rester dans leurs villages dans une atmosphère de paix et de tolérance.
Hier donc, le ministre de l’Information, accompagné de ses filles Yousra et Rana, s’est mis derrière le volant de sa voiture et a pris la tête du convoi pour arriver à la première étape de la tournée : Naqoura, où la coopérative de pêcheurs inaugurait une poissonnerie, à proximité du port de la localité, qui était tenu jusqu’en mai 2000 par l’ALS.
Ce projet qui a vu le jour grâce au Pnud a été financé, à 35 000 dollars, par l’ambassade de Grande-Bretagne au Liban. Et, cette poissonnerie moderne, qui fera office d’un marché aux poissons, constituera également le siège de la coopérative et aidera les 65 pêcheurs de la région à écouler leur marchandise.
Certes, le poisson à Naqoura ne manque pas, mais les pêcheurs de la zone ne possèdent pas des camionnettes frigorifiques et ne détiennent que 16 barques. Pour vendre la marchandise, la plupart d’entre eux devraient faire, en voiture, le tour des villages voisins, remontant parfois jusqu’à Marjeyoun.
Hier donc, à Naqoura, plusieurs habitants de la région, ayant à leur tête Ali Khreiss, député du Sud, se sont rassemblés pour souhaiter la bienvenue à la délégation venue de Beyrouth.
Prenant la parole, M. de San a brièvement présenté le programme initié, au lendemain du retrait israélien, par l’organisme qu’il représente et par le CDR.
C’est dans une langue arabe presque parfaite que l’ambassadeur de Grande-Bretagne s’est adressé à l’assistance, soulignant que son pays encourage le développement du Liban-Sud et que le marché aux poissons de Naqoura ne sera pas le dernier projet financé, appelant la population à régler les conflits anciens ou plus récents et de regarder vers l’avenir.
Prenant la parole, le ministre de l’Information a souligné l’importance du partenariat qui existe entre les Nations unies et le gouvernement libanais, indiquant que le Liban qui a respecté les résolutions du Conseil de sécurité encourage des négociations initiées par la Conférence de Madrid.
À Beit Yahoun, village entièrement déminé grâce à l’initiative des Nations unies et au financement des Émirats arabes unis, la délégation s’est rendue dans un ancien champ de mines qui a bénéficié d’un projet financé entièrement par le gouvernement suédois : « Des arbres contre des mines. » Dans un terrain de 20 hectares, 16 000 arbres devraient remplacer plus de 12 000 mines israéliennes, plantées durant les années d’occupation. La population qui a opté pour des chênes et des pins a déjà planté plus de 6 000 arbres et le projet est en cours d’achèvement.
À Khiam, un autre projet agricole a été inspecté : la première plantation de kiwi du Liban-Sud, l’un des premiers projets lancés par le Pnud, il y a presque trois ans. Hier MM. de San, Kinchen et Samaha ont pu inspecter les 1 500 jeunes arbres qui portent des fruits, pour la première année. Et l’on aimerait bien, en novembre prochain, retrouver ces kiwis du Liban-Sud sur le marché de Beyrouth. D’ailleurs, M. Srage, qui se rendait pour la première fois au Liban-Sud à titre officiel, a prêté une oreille attentive aux agriculteurs, qui ont évoqué leur production de miel, de mâche et de champignons de Paris.
C’est justement cette atmosphère de convivialité – entre la délégation de responsables venus de Beyrouth et tous les bénéficiaires du programme de réhabilitation du Liban-Sud – qui a marqué la journée d’hier. Et c’est un peu grâce à l’intervention du ministre de l’Information, qui s’était rendu à plusieurs reprises au Liban-Sud, à titre personnel, après le retrait israélien, qu’un dialogue franc a pu être déclenché – une fois n’est pas coutume – entre un responsable libanais et les habitants d’une zone marginalisée depuis plus de trente-cinq ans par l’État et l’occupation israélienne.
Et M. Samaha, connu pour son militantisme estudiantin à la fin des années soixante-dix, sait bien parler aux jeunes. D’ailleurs, hier dans des villages aux configurations aussi différentes que Yarin, Debl ou Marjeyoun, où le Pnud a lancé des activités pour les jeunes, les adolescents se sont sentis à l’aise et les langues se sont déliées.
Rappelons dans ce cadre que le Pnud mise sur les jeunes du Sud pour instaurer le dialogue entre les diverses communautés et pour établir un climat de tolérance et de paix. Ainsi 31 villages ont déjà bénéficié de la création de clubs pour jeunes, où les adolescents se retrouvent pour utiliser l’ordinateur, organiser des activités sportives et tenir des discussions.
Dans ce cadre également, des camps d’été qui regroupent des jeunes venus de tous les villages musulmans, druzes et chrétiens du Liban-Sud sont organisés depuis trois ans. Des rencontres et des activités qui encouragent le rapprochement des adolescents appartenant à diverses communautés figurent également sur l’agenda.
À Yarin, Mahmoud, dix ans, montre fièrement les arbres qu’il a plantés grâce au projet conjoint du Pnud et du CDR et relève qu’il souhaiterait participer aux camps d’été organisés pour les plus âgés. Ses aînés racontent qu’ils aiment retrouver leurs amis des villages voisins.
À Debl, Charbel répond aux questions du ministre de l’Information : « Où sont vos parents ? » demande M. Samaha, et l’adolescent lance sans hésiter : « En prison. » La phrase brise la glace et le ministre de l’Information est à l’écoute. Le club des jeunes de Debl manque d’une connexion Internet, via une ligne fixe ? L’affaire sera simplement résolue : un coup de fil au ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, suffit. Prochainement, tous les clubs de jeunes dotés d’ordinateurs au Liban-Sud bénéficieront d’une ligne fixe pour pouvoir se brancher à Internet.
À Marjeyoun, la délégation a rencontré les jeunes du club de la localité. Fayez, 17 ans, ne posera pas la question qui lui brûle la langue : « Si le Pnud arrête un jour de financer les activités des clubs de jeunesse du Liban-Sud ou met un terme à ses activités, est-ce que le gouvernement libanais s’occupera de cette affaire, soutiendra-t-il les jeunes du Sud ? »
Évidemment, dans une région délaissée depuis plus de trente-cinq ans, il reste beaucoup à faire pour que les habitants de la zone anciennement occupée retrouvent la confiance dans un pays qu’ils aiment tant mais qu’ils n’arrivent pas à retrouver.
Patricia KHODER
Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a organisé hier une tournée dans la zone anciennement occupée, qui a englobé plusieurs villages frontaliers du Liban-Sud, notamment Naqoura, Yarin, Debel, Beit Yahoun, Marjeyoun et Khiam. L’événement organisé à l’initiative du ministre de l’Information Michel Samaha qui a voulu se rendre, à titre officiel au...