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Une étude de l’association écologique AFDC Sondage d’opinion accablant pour la classe politique

Des 1 200 carrières recensées au Liban, selon le dernier rapport de l’armée (qui a été chargée récemment de vérifier l’ampleur des stocks), 67 seulement étaient opérationnelles suivant un système de délais administratifs sans cesse renouvelés. Trois fonctionnaient en vertu de permis d’exploitation pour 25 ans (dont deux à Dahr el-Baïdar et une à Baalbeck), et cinq grâce à des permis d’une durée de cinq ans. En d’autres termes, avant la décision du Conseil des ministres de fermer les carrières du pays, 1 125 fonctionnaient sans permis valable, ou avec des permis de bonification de terrains ou de nettoyage des fleuves. Ces chiffres, fournis par l’Association de développement et de conservation des forêts (AFDC), montrent l’étendue de la désorganisation de ce secteur, qui a mené à l’élaboration d’un plan directeur aujourd’hui vivement contesté. Une question qui sera une fois de plus soulevée aujourd’hui en Conseil des ministres, qui doit plancher sur une recommandation parlementaire lui enjoignant indirectement de rouvrir les carrières, prise lors de la séance du 15 courant.
Dans une étude sur les carrières qu’elle rendra bientôt publique, l’AFDC livre un sondage d’opinion effectué auprès d’un échantillon de mille personnes choisies au hasard parmi la population de Beyrouth, du Mont-Liban et de la Békaa. L’Orient-Le Jour a obtenu les premiers résultats de l’enquête (portant sur 500 personnes), qui montrent entre autres que 65 % des individus interrogés ne croient pas que le gouvernement soit capable d’appliquer sa décision de fermer les carrières (contre 8 % d’opinions positives et 27 % d’indécis). Par ailleurs, 87 % des sondés ont répondu oui à la question de savoir si les hommes politiques avaient des intérêts dans le secteur des carrières (contre 2 % qui ont dit non et 11 % qui ont répondu « Parfois »). Aussi impressionnante est la proportion de 85 % des personnes interrogées qui ont trouvé que les hommes politiques avaient recours à des « méthodes illégales » pour protéger leurs intérêts dans le cas de certaines carrières (contre 3 % qui pensent le contraire et 12 % qui ont répondu « Parfois »). Enfin, à la question de savoir qui (ou quel facteur) représente le principal soutien au fonctionnement des carrières illégales, 27 % ont désigné les hommes politiques, 6 % la corruption, 6 % les principaux intéressés (propriétaires des carrières, chauffeurs de camion...), 56 % tous ces facteurs réunis. Les 5 % restants ont coché la case « Autres ».
Pour Mounir Bou Ghanem, directeur de l’AFDC, « ces premiers résultats reflètent le manque de confiance de l’opinion publique en la capacité du gouvernement à faire appliquer sa décision ». « Ce qui nous a le plus frappés, ajoute-t-il, c’est qu’un propriétaire de carrière rencontré par hasard dans le cadre du sondage d’opinion a répondu exactement de la même manière qu’un environnementaliste convaincu. »
Commentant les éventuelles pertes que subira le pays après la fermeture des carrières, principal argument des détracteurs du plan directeur, M. Bou Ghanem fournit des chiffres, récoltés par son association, qui prouvent, selon lui, que « l’État ne faisait que très peu de bénéfices des taxes payées par les propriétaires de carrières » : en fait, dit-il, seulement 195 entreprises exploitant des carrières au Mont-Liban auraient fait une déclaration de revenus auprès du ministère des Finances afin de s’acquitter de leurs impôts. « Au Liban-Sud, au Liban-Nord et dans la Békaa, c’est comme si les carrières n’avaient jamais existé », s’indigne-t-il. Il poursuit que le chiffre d’affaires déclaré du secteur au Mont-Liban est de 27 milliards de livres, dont 35 millions reviennent à l’État par les taxes. Au Liban-Sud, le chiffre d’affaires déclaré n’est que de 240 millions de livres, dont trois millions payés à l’État.
« Or une source sûre de l’État rapporte qu’un seul investisseur au Liban-Sud a gagné six millions de dollars grâce à l’exploitation de ses carrières, révèle M. Bou Ghanem. Même le président du syndicat des propriétaires de carrières, Yehia Jaber, a reconnu dans une entrevue télévisée que les rentrées de ce secteur étaient de quelque 456 millions de dollars. Il n’en revient que des miettes à l’État. » Il souligne que dans le budget national de 2003, il est précisé que pour chaque mètre cube de gravier extrait, l’exploitant devait payer la somme de 1 500 livres, une décision qui, selon lui, n’a jamais été appliquée.
M. Bou Ghanem rappelle qu’un plan directeur, qui limite les sites exploitables à la chaîne de l’Anti-Liban, a été élaboré, et que les résultats de l’étude ont montré que cette région pourrait fournir quelque 172 kilomètres carrés de gravier et de sable.
Toutefois, comme environnementaliste, ne craint-il pas que la chaîne de l’Anti-Liban subisse le même sort que le Mont-Liban ? « Les carrières nuisent principalement au paysage, qu’elles défigurent si elles sont mal exploitées, et aux nappes phréatiques, explique-t-il. Il est certain que l’une de nos revendications, c’est que l’exploitation des nouveaux sites se fasse selon les règles écologiques et qu’un système de surveillance exercé par des spécialistes soit instauré. Cependant, même au pire des cas, les dégâts seront moins importants au niveau des nappes phréatiques, qui ne sont pas aussi abondantes dans les régions citées dans le plan directeur que dans le Mont-Liban. »
S.B.
Des 1 200 carrières recensées au Liban, selon le dernier rapport de l’armée (qui a été chargée récemment de vérifier l’ampleur des stocks), 67 seulement étaient opérationnelles suivant un système de délais administratifs sans cesse renouvelés. Trois fonctionnaient en vertu de permis d’exploitation pour 25 ans (dont deux à Dahr el-Baïdar et une à Baalbeck), et cinq...