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Vie politique - Confidences de Berry aux députés Les relations entre les dirigeants restent extrêmement tendues

Ça ne va toujours pas fort entre Baabda et Koraytem. C’est ce que soulignent des députés qui ont récemment recueilli les confidences, désabusées, de Berry. Les rapports sont si tendus entre les deux têtes de l’Exécutif que l’on serait tout près du point de rupture, l’élastique risquant de claquer à tout moment. La brouille larvée, qui se traduit dans la valse-hésitation des décisions officielles, suscite de part ou d’autre des messages qui entraînent autant de réponses, plus ou moins diplomatiques. L’affaire des carrières, qui a donné lieu à un plan aussitôt attaqué au sein même du pouvoir, en offre un exemple pointu.
Berry, selon ses visiteurs, ne se contente pas de mettre le doigt sur la plaie. Il avoue en effet qu’à son avis, le problème relationnel est définitivement insoluble. En précisant que l’on a épuisé tous les moyens pour recoller les morceaux sans résultat tangible. La crise, mal camouflée, risque de perdurer. Car, toujours selon les indications attribuées à Berry, les Syriens limitent leur intervention de rabibochage au strict minimum. Sans doute découragés par tant de précédentes expériences avortées, ils ne font plus d’efforts pour rétablir une véritable harmonie au sein de la classe dirigeante libanaise. Et se contentent de garder le cours des choses sous contrôle, en prévenant tout dérapage, toute brusque implosion du système. Ils ne bougent donc que lorsqu’ils ont l’impression que l’un ou l’autre protagoniste se trouve tenté d’aller trop loin, d’outrepasser les lignes rouges. Toujours selon les mêmes parlementaires, les Syriens ne cherchent donc pas à organiser une véritable réconciliation de fond entre le président de la République et le président du Conseil.
Quant à Berry, il indique que cette fois, lui non plus ne souhaite pas intervenir dans le conflit, pour que nul n’aille lui reprocher d’en être partie prenante. Il précise qu’il n’a de préférence ni pour l’un ni pour l’autre des deux camps loyalistes en présence. Pour respecter les préceptes des décideurs qui consacrent la primauté du chef de l’État, le président de la Chambre déclare de temps à autre qu’il en soutient les prises de position. Mais il ne pousse pas plus loin son engagement, qui reste donc de pure forme. En tout cas, il ne veut plus jouer les médiateurs, afin de ne pas se coincer le doigt entre l’écorce et l’arbre. Comme ce fut le cas naguère quand il rendit visite à Bkerké, après les dernières législatives, pour se faire ensuite taper sur les doigts (justement) par les décideurs, alertés par de bonnes âmes locales. Depuis lors, le président de la Chambre veille à ce que rien n’assombrisse ses rapports avec Damas. Il évite donc des initiatives qui pourraient se retourner contre lui et préfère actuellement le rôle de spectateur à celui d’acteur. Berry rappelle que ses précédentes tentatives de conciliateur entre Lahoud et Hariri, dont le fameux « lavage des cœurs », ont débouché sur autant de fiascos. Pour lui, il est clair que rien ne peut arranger le choses.
Dès lors, il se rabat sur son terrain de chasse propre. C’est-à-dire qu’il s’efforce d’activer la Chambre, en précisant que ce n’est dirigé contre personne. Il n’empêche qu’il s’est trouvé confronté à des questions posées par d’autres loyalistes : pourquoi avoir convoqué l’Assemblée à une séance de questions-réponses ? Pourquoi avoir retenu, sur une liste de 20, les interpellations de Fattouche sur les carrières et de Chehayeb sur les dépotoirs ? Ce sont les milieux proches de Baabda qui se sont sentis visés par l’initiative de Berry (qui a d’ailleurs tourné court). Et c’est assez normal : le plan directeur concernant les carrières a été adopté en Conseil des ministres malgré les remarques de Hariri. Les ministres berryistes, notent les lahoudistes, n’avaient pas fait objection, alors pourquoi faire rebondir le débat au Parlement ? Surtout que le gouvernement a finalement décidé, au bout d’une semaine, de réviser sa décision. En résumé, les lahoudistes soupçonnent les berryistes de jouer un double jeu.
Comme quoi les tensions que Berry désigne du doigt ne sont pas loin de le concerner également.

Philippe ABI-AKL
Ça ne va toujours pas fort entre Baabda et Koraytem. C’est ce que soulignent des députés qui ont récemment recueilli les confidences, désabusées, de Berry. Les rapports sont si tendus entre les deux têtes de l’Exécutif que l’on serait tout près du point de rupture, l’élastique risquant de claquer à tout moment. La brouille larvée, qui se traduit dans la...