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Électricité - Hmayed qualifie la situation de « grave », évoquant des problèmes de financement Le Liban risque de sombrer dans le noir total

Le Liban sera-t-il privé d’électricité d’ici à quelques jours ? C’est la question que se posent depuis 24 heures tous les familiers du dossier de l’électricité. Si l’on en croit certains experts, qui affirment que les réserves en fuel-oil et en mazout sont déjà bel et bien épuisées, l’EDL n’aura plus de quoi faire tourner ses centrales électriques dans les dix prochains jours. Une situation d’autant plus absurde que malgré les mises en garde qui se sont multipliées au cours des dernières semaines, aucune mesure n’a été prise jusque-là pour éviter la catastrophe. L’approvisionnement en carburants dépendant directement des moyens de financement, aucun mécanisme viable n’a pu être trouvé pour obtenir les crédits auprès des banques privées, une question que seul le gouverneur de la Banque centrale est en mesure de trancher, relève une source autorisée. Or, M. Salamé, qui était depuis plusieurs semaines à l’étranger, n’a pu plancher sur ce dossier qu’hier soir, dans le cadre d’une réunion qu’il a eue avec le PDG de l’EDL, Kamal Hayeck. En soirée, on apprenait que les négociations entre les deux responsables se sont avérées plus difficiles que prévu, dans la mesure où l’ouverture de crédits nécessite la promulgation d’une loi spéciale, une procédure qui risque de prendre plus d’un mois.
Pour le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Ayoub Hmayed, les négociations tripartites (BDL, banques privées, EDL) entamées depuis plusieurs jours « n’ont donné aucun résultat jusque-là et risquent fort de ne pas aboutir tant que la question de savoir si l’EDL est solvable n’a toujours pas été résolue ». Interrogé par L’Orient-Le Jour, le ministre a reconnu que la situation était effectivement « grave » et qu’il s’agissait là « d’une course contre la montre ». « J’ai prévenu depuis plusieurs mois (les responsables) qu’on risquait d’en arriver là », a insisté le ministre. Il a ajouté qu’un programme de rationnement sévère sera appliqué dans les prochains jours, y compris à Beyrouth et dans les centres de villégiatures, alors qu’il avait affirmé la veille, lundi, que ces régions seraient relativement épargnées.
Entre-temps et en attendant une solution à la question du financement, le ministère essaye d’assurer au jour le jour les quantités de fuel et de mazout qui suffiront à peine à éclairer le pays quelques heures par jour. Sur le terrain, le programme de rationnement s’est intensifié dès hier. « À partir de ce jour, c’est devenu une question de survie », indique une source informée, en soulignant que le rationnement deviendra désormais extrêmement sévère, puisqu’il passerait de 4 heures à 8 heures par jour.
Première manifestation de cette crise, l’arrêt, dès hier, de la centrale de Deir Amar au Liban-Nord, faute de carburant, une information que le ministre Hmayed n’a pas démentie. Les responsables de la concession de Qadicha ont, à leur tour, confirmé l’interruption du fonctionnement de la centrale dans un communiqué publié hier, en annonçant qu’un programme de rationnement draconien est déjà entré en vigueur avec une moyenne de dix heures de coupure par jour.
« Les autres centrales suivront incessamment, et les coupures seront de plus en plus fréquentes, si une solution n’est pas trouvée dans les prochains jours », a ajouté la même source, avant de préciser que « le Beyrouth administratif sera le dernier bastion à résister aux pannes dans la mesure où les responsables s’efforcent de maintenir la capitale éclairée ».

D’une pénurie à l’autre
Devant l’imminence de la catastrophe, les responsables ont multiplié les contacts pour trouver un palliatif au manque de carburant. Dans une véritable fuite en avant, le ministère de l’Énergie a finalement décidé de s’approvisionner auprès des réserves en carburant de Zahrani et Tripoli qui sont normalement destinées à la consommation locale. « Celles-ci ont été détournées au profit de l’EDL, qui peut encore survivre pendant quelques jours », confie une source autorisée. Mais cette solution provisoire entraîne, d’une part, un manque à gagner pour le ministère de l’Énergie qui ne peut plus vendre ces réserves sur le marché local et, d’autre part, une pénurie de mazout normalement utilisé pour alimenter les générateurs de quartier et faire fonctionner les usines. En voulant mettre fin à une pénurie, le ministère risque fort d’en créer une autre, qui serait tout aussi grave, commente la source. « À ce rythme, l’EDL n’aura plus d’autre choix que d’arrêter les centrales », dit-elle.
Autre solution envisagée par le ministère de l’Énergie, des accords avec des sociétés d’importation censées fournir une partie des besoins en carburant. Le ministère avait décidé d’importer deux cargaisons dont une seule a été payée. Le coût de la seconde devait être ajouté au montant des arriérés que l’EDL doit au fournisseur en question. Or le navire, qui est amarré depuis plusieurs jours près de la centrale de Zouk, n’arrive pas à ce jour à décharger le fuel, les banques garantes du fournisseur ayant refusé de financer le chargement.
Autant de péripéties qui, pour l’instant, n’ont pas encore entravé l’opération antifraude lancée par l’EDL en collaboration avec les forces de l’ordre. Entamée depuis plusieurs jours, cette campagne qui jusque-là a donné des résultats probants pourrait être également interrompue à cause des coupures de courant, qui affecteraient ostensiblement le travail des techniciens sur place. Priée de commenter les retombées de l’opération, une source autorisée affirme que tout allait bien jusqu’au jour où le ministre de tutelle a annoncé « de manière très maladroite d’ailleurs » qu’il y aurait une réduction de 50 pour cent sur le paiement des procès-verbaux. « Tout d’un coup, plus personne n’est venu régler sa contravention, dans l’espoir de se voir exempté de 50 %. » Prié de commenter cette maladresse, un responsable de l’EDL a précisé que la réduction de 50 % concerne, en fait, les nouveaux abonnements et non les procès-verbaux.
Lancement d’un appel d’offres
pour la gestion de la facturation à l’EDL

Le ministre d’État pour la Réforme administrative, Karim Pakradouni, a lancé hier un appel d’offres pour la gestion des opérations de facturation et de collecte des factures au profit de l’EDL à Beyrouth. Il a fixé au 7 octobre la date finale pour la réception des offres, sachant que la société qui remportera l’adjudication devra commencer son action au début du mois de décembre.
Ce projet, dont le coût est estimé à 150 000 euros, s’inscrit dans le cadre du programme de développement de l’administration libanaise, financé pour 38 millions d’euros par l’Union européenne.
Grâce à un système informatique développé, ce projet doit permettre de déterminer avec précision la consommation de l’électricité dans la capitale, ce qui mettra fin à l’émission arbitraire de factures.
En 1997, Doha avait proposé au Liban
de remplacer le fuel par le gaz

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a reçu hier le ministre qatari de l’Énergie et de l’Industrie, Abdallah Attiyah, pour un entretien axé notamment sur les moyens de consolider les relations entre Beyrouth et Doha, d’autant plus que le ministre Attiyah est le président de la commission d’amitié qataro-libanaise.
Interrogé à sa sortie du palais Bustros sur le point de savoir ce qu’il est advenu de la proposition de Doha de fournir au Liban du gaz qatari, le ministre Attiyah a rappelé qu’en 1997, son pays avait proposé, en coopération avec Total, un projet d’approvisionnement du Liban en gaz. Lequel serait destiné à remplacer le fuel dans les centrales électriques. « Nous avions mis en exergue l’importance de ce projet, sa portée et son impact positif sur l’environnement comme sur le montant des factures. Le gaz permettrait également une économie de 30 % sur le prix de production et sur l’entretien, sachant que l’efficacité des turbines de gaz caracole entre 80 et 99 % », a souligné le ministre qatari de l’Énergie. « Nous avions fait, en 1997, une offre complète que nous avions remise aux responsables libanais », a-t-il tenu à préciser.
Abdallah Attiyah a indiqué qu’il avait évoqué ce projet avec son homologue libanais, Ayoub Hmayed, « ainsi qu’avec d’autres responsables », ajoutant qu’il avait assuré ses interlocuteurs libanais que son pays « est prêt, à n’importe quel instant, à ouvrir ce dossier », grâce auquel une économie substantielle serait assurée par rapport à ce que coûte, aujourd’hui, le fuel.

Jeanine JALKH
Le Liban sera-t-il privé d’électricité d’ici à quelques jours ? C’est la question que se posent depuis 24 heures tous les familiers du dossier de l’électricité. Si l’on en croit certains experts, qui affirment que les réserves en fuel-oil et en mazout sont déjà bel et bien épuisées, l’EDL n’aura plus de quoi faire tourner ses centrales électriques dans les dix...