Arrivent les Promeneurs. Le Vieil Homme de la Mer et L’Enfant au Tambour. Ils se tiennent par la main qu’ils balancent. Et s’avancent sur la grève. Dialogue :
– Dis, jeddo, c’est vrai qu’on peut dire cadavre même pour un chaton noyé ?
– C’est possible. Mais là, pour les chevaux, il vaut mieux parler de carcasse. Ça sonne mieux à Carcassonne… C’est un jeu de mots, petit…
– Dis, jeddo, où c’est qu’elle va, la charogne là ? On va pas la ramasser ?
– Pas la peine. Elle voyage, elle s’en va loin. On exporte en Turquie. Qui nous envoie ses biscuits. Un prêté pour un rendu, quoi. C’est partout pareil, crois-moi. Le monde vomit tout à la mer. Des saletés. Marron.
Comme le deuxième avocat aujourd’hui sur la sellette. Tandis que le premier, on se paye sa tête. Parce qu’en faisant de la politique, il s’est payé de la tête des autres.
Bref, d’en haut, de la lune, tu ne peux plus voir de pomme bleue. Rien que du glauque. Pour les choses et pour les hommes. Atteints de glaucome. Qu’ils se trouvent, comme nous, sur le sable. Ou au sérail.
– Pardon, jeddo, mais tu dérailles. Tiens, regarde, regarde bien, il y a aussi des vaches…
– C’est vrai, c’est vrai… Mais c’est que des peaux, des peaux de vache… Tu sais, il y en a partout. Y en a des qui cravachent, d’autres, méfie-toi, qui triturent les potaches, y en a des qui t’arrachent…
Le petit garçon, qui se demande si le papy n’est pas un peu sonné, coupe court : tu as encore des pistaches ?
Survient un garde opportun, chargé de mettre un terme à cette fable : c’est interdit ici. Allez ailleurs.
On y va, on y va de ce pas, c’est sûrement meilleur.
Jean ISSA
* De Sydney Pollack, 1970.
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