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Conseil des ministres - Le devenir des employés de Cellis et de LibanCell au cœur d’un vif débat entre lahoudiens et haririens Les contrats de gestion du réseau cellulaire prorogés pour quatre mois

Intense et relativement calme. Voilà, en trois mots, comment l’on pourrait qualifier le Conseil des ministres qui s’est tenu hier pendant quatre heures. L’affaire des avoirs du Hamas, avec la BDL et les ministères des Affaires étrangères et des Finances en toile de fond, ainsi que le cellulaire (la prolongation pour quatre mois des contrats de gestion du réseau assuré par LibanCell et Cellis) se sont taillés la part du lion des débats. Vifs lorsqu’ils ont abordé le devenir des employés de Cellis et de LibanCell. C’est le chef de l’État qui a évoqué le premier la demande américaine de gel des avoirs de responsables du Hamas et d’associations caritatives gravitant dans son orbite. En rappelant, une nouvelle fois, les « constantes » officielles du Liban pour tout ce qui touche à la résistance. Et le débat a commencé, pour s’étendre à l’ensemble de la question : comment la demande a été faite, comment a-t-elle été reçue, qui est responsable de sa transmission aux banques privées, etc. Sauf qu’une fois qu’Émile Lahoud a avisé le Conseil des ministres qu’il allait s’entretenir, à 17 heures, avec le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, il a été décidé de ne se prononcer officiellement sur rien avant que ce tête-à-tête n’ait lieu.
Cela n’a pas empêché le porte-parole par intérim du gouvernement, le ministre de la Culture, Ghazi Aridi, d’indiquer aux journalistes à l’issue de la réunion qu’une décision a bel et bien été prise : celle stipulant que tout ordre de nature politique qui serait adressé aux ministères et autres administrations officielles doit être soumis au Conseil des ministres, et après que les trois présidents en aient été informés. « C’est pour éviter que ce genre de choses ne se reproduise, et que l’on n’obtempère pas à de telles demandes, ne serait-ce que dans la forme », a précisé Ghazi Aridi. Ajoutant que cet incident a eu au moins le mérite de montrer « une unanimité libanaise autour de la résistance ».
En ce qui concerne le dossier du cellulaire, l’on a appris que le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, a demandé au Conseil d’approuver une prolongation pour quatre mois des contrats de gestion du réseau assuré par LibanCell et Cellis. Une entrée en matière qui a provoqué une réaction tant de la part du chef de l’État que de celle du Premier ministre, notamment autour de l’appel d’offres en vue des enchères ou de l’adjudication du secteur, ainsi qu’en ce qui concerne le délai maximal pour le lancement et l’aboutissement de cet appel d’offres.
C’est la question des salariés de Cellis et de LibanCell, et de leur avenir une fois l’enchère ou l’adjudication menée à bout, qui a été l’objet d’un débat entre Émile Lahoud et Rafic Hariri. Pour le premier, il faut que les salariés des deux entreprises soient réembauchés par celles qui leur succéderont. Pour le locataire du Sérail, il ne faudrait pas imposer aux sociétés qui empocheraient l’appel d’offres l’obligation de garder les employés de Cellis et de LibanCell.
Il a été proposé, selon une source ministérielle, et après un débat ardu, de demander aux ministres de la Justice et des Télécoms de mettre sur pied un cadre légal qui déterminerait le statut de ces salariés. Solution peu envisageable, assurent de nombreux observateurs, d’autant plus que, selon d’autres sources ministérielles, il aurait été convenu (dans le cas d’une adjudication) que la société qui serait créée par l’État hériterait de l’ensemble des contrats, dont la responsabilité incomberait à l’opérateur. Lequel nommerait un conseil d’administration, comme il avait été convenu lors d’une précédente séance du Conseil des ministres. L’opérateur serait ainsi responsable, dans le cadre du montant convenu, de toutes les dépenses de la société, dont les salaires des employés. Il a été enfin demandé à Jean-Louis Cardahi de définir un mécanisme de transfert des contrats. Sachant que le Conseil supérieur de la privatisation se réunira lundi, pour inviter les sociétés ayant remporté les enchères à prendre possession du cahier des charges. Le ministre des Télécoms ayant indiqué que la validité des contrats sera prorogée jusqu’en janvier prochain, et que l’appel d’offres pour l’enchère ou l’adjudication du secteur sera lancée, elle, lundi – les offres devant être faites au cours des soixante prochains jours.

Les salariés de la téléphonie mobile
À ce sujet, des sources ministérielles indiquent que la série d’interventions du chef de l’État au cours du débat sur le cellulaire s’est surtout axée sur la nécessité de lancer « très rapidement » cet appel d’offres, pour continuer « à garantir les droits de l’État et la fluidité du travail », et « sans s’arrêter sur des détails secondaires visant à laisser la situation actuelle stagner ». Émile Lahoud a remarqué qu’ « à chaque fois que l’échéance est sur le point d’arriver à terme, des obstacles se créent ». Et c’est lui, selon les sources en question, qui a demandé à ce qu’un cadre soit fixé pour assurer la continuité de l’emploi des salariés actuels des deux entreprises, laquelle garantirait la continuité du travail.
« Le vide que leur licenciement créerait serait difficile à remplir rapidement, et le rendement du secteur s’en ressentirait. Surtout qu’il n’est pas évident de trouver, en une seule fois, près de 800 employés qualifiés pour faire fonctionner ce secteur », a dit le locataire de Baabda. « Nous nous devons de fournir aux deux sociétés qui succéderaient à celles travaillant aujourd’hui la main-d’œuvre nécessaire. La question des employés ne doit pas être un obstacle qui viendrait entraver les offres des différentes sociétés », a-t-il ajouté. Soulignant qu’il allait demander à Nabih Berry de faire en sorte que la Chambre examine avec un maximum d’attention le projet de loi visant à la création de deux sociétés qui appartiendraient à l’État le plus vite possible.
Pour sa part, le Premier ministre a souligné, selon d’autres sources ministérielles, que « ce n’était vraiment pas le moment de faire supporter à l’État des charges supplémentaires – celles de nouveaux employés ou fonctionnaires ». « C’est aux deux nouveaux opérateurs d’assumer la responsabilité des employés et non pas à l’État à travers les deux sociétés qu’il créerait », a martelé Rafic Hariri, soutenu par Marwan Hamadé, en réponse à la proposition de Jean-Louis Cardahi. Un long débat a eu lieu entre les deux hommes, entrecoupé par les interventions d’Émile Lahoud, de Issam Farès et de Fouad Siniora, et au terme duquel le Premier ministre a déclaré que « peu lui importait si le Conseil des ministres décidait d’adopter le point de vue de Cardahi, mais que l’on sache que je ne suis pas d’accord et que chacun assume ses responsabilités ». Rafic Hariri a ensuite souligné, en réponse à la question d’un journaliste, qu’aucun conflit n’a eu lieu au sujet des salariés de la téléphonie mobile, précisant, d’une façon certes un peu ambiguë, que la clé est juridique et qu’elle avait été trouvée : c’est l’opérateur qui sera responsable des employés.
Quant au ministre de la Justice, Bahige Tabbarah, il a évoqué le caractère illégal d’une obligation qui serait faite aux employés de travailler pour un nouveau patron s’ils ne le souhaitaient pas.

Sukleen
Cette insistance du n° 1 de l’État en ce qui concerne le cellulaire a été la même au sujet de Sukleen, et de la « nécessité d’appliquer ce qui a été décidé en Conseil des ministres ». À savoir : la rupture du contrat et la préparation d’un cahier des charges en prévision de l’appel d’offres international visant au ramassage des ordures. Des contacts ont d’ailleurs eu lieu, pendant le Conseil des ministres, avec le président du CDR pour clarifier certains points concernant les délais fixés. Le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, a estimé, à ce sujet, que le CDR traîne les pieds, qu’il ne respecte pas les dates butoir définies par le Conseil des ministres, et qu’il allait demander la mise à pied de ses cadres si cela continuait.
Rafic Hariri, pour sa part, a indiqué que le cahier des charges mis au point par une société suisse n’est plus valable, puisqu’il ne concernait que la seule ville de Beyrouth, alors que le Conseil des ministres avait décidé que le projet touche l’ensemble du territoire libanais. Il s’est prononcé contre toute précipitation dans l’élaboration du cahier des charges. Quant à Farès Boueiz, il a rappelé au Conseil des ministres, plaisantant avec ironie, qu’il était le ministre de l’Environnement, et qu’il est concerné, « lui aussi », par ce dossier.
Il a ainsi été convenu que le cahier des charges devrait être au point d’ici à un mois et demi, et que le lancement de l’appel d’offres doit se faire le 15 novembre. Sachant que les sociétés désireuses de participer à cet appel bénéficieraient d’un laps de temps de soixante jours, et que le délai de réception des plis s’étendra du 15 décembre jusqu’au 15 février. Émile Lahoud en aurait profité pour insister de nouveau sur la nécessité d’assurer un suivi à l’exécution des décisions adoptées par le Conseil des ministres, demandant une nouvelle fois qu’un mécanisme soit mis sur pied en ce sens. Il a réitéré cet appel lorsque les indemnisations des personnes ayant subi de plein fouet les dégâts des tempêtes de l’hiver dernier ont été évoquées, notamment par le n° 2 du gouvernement, Issam Farès. Le Premier ministre a affirmé à ce sujet que 30 milliards de livres seront versés progressivement aux victimes des tempêtes, par tranches de dix milliards. Le ministre des Finances, Fouad Siniora, a rappelé à ce moment-là la délicate situation financière du pays, s’attirant une réponse foudroyante de Issam Farès : « Les décisions prises en Conseil des ministres doivent être appliquées. »
Signalons également que le chef de l’État a évoqué, en début de séance, le dossier des barrages, dont l’édification dans plusieurs régions du Liban a été décidée par le Conseil des ministres, soulignant que l’étude du barrage de Kayssamani, ainsi que le cahier des charges de celui-ci sont fin prêts.
Le cas de la société nationale koweïtienne

Le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, a évoqué hier la fin de non-recevoir dont a écopé, dans le cadre de l’appel d’offres en vue des enchères ou de l’adjudication du secteur de la téléphonie mobile, la société nationale koweïtienne. Expliquant qu’elle ne répondait pas aux critères demandés, il a relevé que le Conseil supérieur de la privatisation souhaitait qu’elle soit de nouveau incluse dans la liste des prétendants.
« Si elle a été écartée parce qu’elle ne correspond pas aux normes requises, personne n’a le droit de la ramener » sur le tapis, a dit le chef de l’État. Quant au Premier ministre, il a assuré qu’il n’était pas attaché à cette société koweïtienne. « Prenons une décision à ce sujet dans le cadre du Conseil des ministres », a-t-il souligné.
Michel Samaha hospitalisé

Le ministre de l’Information, Michel Samaha, a quitté en cours de débats le Conseil des ministres hier, après un malaise dû à de fortes douleurs à l’estomac. Il s’est immédiatement rendu à l’Hôtel-Dieu pour y subir les examens nécessaires. Il y a été hospitalisé, en attendant la poursuite, aujourd’hui, de ces examens.
Lahoud demande aux ministres de se réunir avec leurs nouveaux homologues syriens

Lorsque la nécessité d’un suivi des accords libano-syriens (et de leur exécution) a été soulevée hier en Conseil des ministres, le chef de l’État, Émile Lahoud, a rappelé aux différents ministres qu’il serait « nécessaire » qu’ils se réunissent avec leurs homologues au sein du nouveau cabinet syrien. Afin, a-t-il précisé, d’évaluer les mesures prises pour l’application des accords bilatéraux, d’étudier les obstacles auxquels ces accords ont à faire face, et d’y trouver des solutions.
Le Premier ministre, Rafic Hariri, en a profité pour indiquer qu’au cours de sa dernière visite à Damas, il s’était entretenu avec son homologue syrien et qu’ils avaient décidé de redynamiser les rencontres entre les ministres libanais et syriens afin d’étudier les sujets toujours en suspens. Il a ainsi proposé des rencontres entre les ministres de l’Agriculture, de l’Économie, de l’Énergie et de l’Eau, et des Finances.
Intense et relativement calme. Voilà, en trois mots, comment l’on pourrait qualifier le Conseil des ministres qui s’est tenu hier pendant quatre heures. L’affaire des avoirs du Hamas, avec la BDL et les ministères des Affaires étrangères et des Finances en toile de fond, ainsi que le cellulaire (la prolongation pour quatre mois des contrats de gestion du réseau assuré par...