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Affaire Aoun - La procédure judiciaire a démarré

Mises en garde contre une nouvelle implication de la justice dans un bourbier politique
La procédure judiciaire décidée contre le général Michel Aoun a démarré hier avec les poursuites engagées par le procureur général près la cour d’appel de Beyrouth, Joseph Maamari, qui a déféré le dossier devant le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi. Cette mesure a cependant suscité des réserves dans certains milieux où on l’a jugée inopportune, partant du principe qu’elle est principalement motivée par des considérations politiques.
Le magistrat reproche au général Aoun d’avoir « entrepris des actes et prononcé des discours non autorisés par le gouvernement et de nature à nuire aux relations du Liban avec un pays frère, d’avoir propagé à l’étranger des informations susceptibles de porter atteinte au prestige de l’État, de susciter des dissensions confessionnelles et d’inciter au conflit entre les communautés et d’usurper une fonction civile officielle ».
Les poursuites contre le général Aoun ont été engagées sur base d’articles du code pénal prévoyant des peines de trois ans de prison au minimum. Il a ensuite transmis le dossier au premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi.
M. Maamari avait reçu dans la matinée le dossier auquel toutes les pièces du document avaient été jointes, notamment l’enregistrement de l’intervention du général Aoun devant le Congrès américain.
Le démarrage de la procédure judiciaire a été plutôt mal accueilli par le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, le mouvement du Renouveau démocratique de M. Nassib Lahoud et le Amid du Bloc national, Carlos Eddé.
Tout en soulignant que « nous aurions pu être dispensés de ce qui s’est passé » à Washington, en allusion à l’intervention du général Aoun devant le Congrès, le patriarche Sfeir a déclaré en réponse à une question : « Nous sommes dans un pays démocratique et la justice doit être maintenue dans le cadre qui lui est propre, en ce sens qu’il ne faut pas attendre une prise de position quelconque pour que la justice suive son cours. S’il existe un dossier contre le général Aoun, il aurait fallu déclencher dès le départ une procédure qui aurait été menée jusqu’au bout et non pas attendre qu’il prenne position pour réagir en conséquent. Ce procédé n’a rien à voir avec la justice. »
Prié de dire s’il aura un entretien avec l’ancien chef de gouvernement de militaires, il a déclaré : « Je sais que le général Aoun n’est pas en France. Mais s’il est à Paris et s’il a envie de nous rencontrer, nous aurons une entrevue avec lui. »
Le chef du RD, Nassib Lahoud, s’est dit pour sa part inquiet par la décision du parquet d’engager des poursuites contre le général Aoun et a mis en garde contre toute tentative d’« impliquer la justice dans une nouvelle aventure politique », estimant que « les divergences avec le général Aoun doivent être maintenues dans un cadre strictement politique ».

« L’arbitrage doit être laissé à l’opinion publique »
Pour le Renouveau démocratique, « l’arbitrage dans l’affaire Aoun doit être laissé à l’opinion publique et à personne d’autre ». « Le recours à la justice dans cette affaire est inopportun, d’autant qu’il entraîne une implication de la justice dans des affaires ayant trait à la liberté d’opinion et d’expression et à la préservation des droits fondamentaux de l’opposition et de toute force politique », a estimé M. Lahoud, soulignant que ces éléments « sont le fondement de tout système démocratique et ne doivent pas être foulés au pied ».
« La justice n’a-t-elle pas suffisamment souffert dernièrement à cause de l’autorité politique qui l’a impliquée dans des batailles politiques telles que l’annulation de la députation de Gabriel Murr et la fermeture de la MTV ? » a conclu M. Lahoud.
De son côté, M. Carlos Eddé a vu que les propos tenus par le général Aoun devant le Congrès américain « n’ont rien de nouveau et sont connus de tous, même si de nombreuses personnes qui gardent le silence ou qui le critiquent aujourd’hui sont d’accord en leur for intérieur avec ce qu’il dit ».
M. Eddé a cependant estimé que l’ancien chef de gouvernement de militaires « n’a pas pris en considération le timing et le lieu opportuns pour donner son témoignage, d’autant qu’il s’est exprimé devant des gens qui ne feront rien, étant donné qu’ils s’associent à la Syrie dans la gestion du dossier libanais ».
Pour le chef du Bloc national, « c’est au Liban que le dossier des rapports libano-syriens doit être examiné, et nulle part ailleurs, par une instance judiciaire indépendante, courageuse, bénéficiant d’une liberté de conscience et soucieuse d’instaurer la souveraineté et l’indépendance libanaises sans tenir compte des pressions et des menaces qui étaient constatées dans le passé ».
Mises en garde contre une nouvelle implication de la justice dans un bourbier politiqueLa procédure judiciaire décidée contre le général Michel Aoun a démarré hier avec les poursuites engagées par le procureur général près la cour d’appel de Beyrouth, Joseph Maamari, qui a déféré le dossier devant le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi. Cette mesure a...