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The Good, the Bad and the Ugly*

Dans le temps, il y a très longtemps, on nous avait appris qu’un train qui arrive à l’heure, ce n’est pas une nouvelle. Un chien qui mord un homme, non plus. Mais un homme qui mord un chien, oh que oui. Les westerns, les films de cape et d’épée qu’on pouvait voir à l’œil (c’est le mot), en resquillant sous le guichet, nous laissaient la forte impression que le bon, d’ailleurs toujours beau, ou spécial, finit toujours par triompher.
Idées reçues, idées bêtes soutient Flaubert dans son dictionnaire éponyme. Ce n’est pas tout à fait vrai, pas toujours en tout cas. Mais le glissement des heures et des ans modifie toute perception. Sur le plan individuel, comme au niveau du conscient collectif. Autrement dit, les conventions ou la morale d’aujourd’hui diffèrent sensiblement des postulats d’hier. Par ce cliché même, car c’en est un, on voit que les évidences de jadis ne tiennent plus la route. Ainsi, un train qui arrive à l’heure, c’est désormais une grande, une magnifique nouvelle pour des Européens, Français en tête, harassés par d’incessantes grèves du transport. Et quand un pitbull déchire de tendres mollets, croyez-moi, la presse en fait ses choux gras. Enfin, on étonnerait le plus naïf, le plus éprouvé des innocents, en lui affirmant que, dans la vie, la victoire est promise au vertueux et non pas au pourri.
On revient dès lors à l’enfantin axiome de Rousseau : l’homme est bon de nature, mais la société le pervertit. La progression mathématique veut que la différence entre le négatif et le positif s’accroisse sur terre dans l’exacte proportion de l’explosion démographique. Plus za va, moins za va, comme zézayait Aldo Maccione.
Par une chance arithmétiquement naturelle, ce sont les microcosmes qui résistent le mieux à l’érosion des mœurs, des valeurs et des traditions. Nous manquons ici de statistiques, mais à vue de nez, il est assez clair que, grosso modo, notre société naine garde meilleure santé que les géantes. Les dérives, qui ne sont peut-être pas condamnables dans l’absolu humain mais restent aliénantes pour le progrès commun, n’ont pas encore chez nous droit de cité officialisé. On peut penser au Pacs, au mariage entre homos comme à la drogue ou au crime organisé : ces phénomènes restent assez étranges, assez marginaux ou même inconnus chez nous, alors qu’ils constituent désormais l’ordinaire de l’étranger. Qui, exemple paroxystique, en est déjà à défendre, à justifier l’assassin, à le soigner aux petits oignons plutôt qu’à plaindre la victime. Ce n’est pas encore le cas dans ce pays, que protègent, d’une manière globale, ses structures communautaires, au double sens religieux et clanique. Mais là où est le bien, est le mal clinique. Nous dépérissons du prix à payer pour la protection éthique. À savoir sa récupération par une caste politique. Absolument cynique.

Jean ISSA


*Il buono, il brutto, il cattivo, Sergio Leone, 1968.
Dans le temps, il y a très longtemps, on nous avait appris qu’un train qui arrive à l’heure, ce n’est pas une nouvelle. Un chien qui mord un homme, non plus. Mais un homme qui mord un chien, oh que oui. Les westerns, les films de cape et d’épée qu’on pouvait voir à l’œil (c’est le mot), en resquillant sous le guichet, nous laissaient la forte impression que le bon,...