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Tout changement est lié à la souveraineté, estime un dignitaire religieux

Selon une personnalité religieuse, aucun changement n’est envisageable, sur la scène intérieure, tant que le pays n’a pas recouvré sa souveraineté, son pouvoir de décision autonome. Pour qu’il y ait une autorité vraiment comptable de ses actes devant la population. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, du moment que la direction n’est pas issue de la libre volonté des Libanais. En effet, ajoute ce dignitaire, nul n’ignore que le président de la République, le président du Conseil et les ministres sont désignés de l’extérieur, sans tenir aucun compte de l’opinion des Libanais. De même, un grand nombre de députés sont parachutés. Demander des comptes au gouvernement, comme cela se faisait jadis, n’est plus de mise. Un ministre, qui n’était pas d’accord avec la ligne officielle, démissionnait. Aujourd’hui, à l’ombre de la situation aberrante que le pays subit depuis plus de vingt ans, la démission est interdite aussi bien au président du Conseil qu’aux ministres. Les députés mécontents ne peuvent pas voter la défiance. Si certains s’y risquent, ils perdent leur siège lors des élections suivantes. Ainsi, par crainte d’agacer les décideurs, le chef du gouvernement reste en poste à contrecœur, alors qu’il supporte bien des avanies. De même aucun ministre ne s’aventure à rendre son tablier. Et, naturellement, les députés qui n’ont pas été les vrais élus du peuple ne vont pas fâcher ceux auxquels ils doivent leur strapontin. Pour appuyer ses dires, le prélat cite le président Hariri qui avoue qu’il ne démissionnerait que si la Syrie le lui demandait. En précisant qu’il n’est pas disposé à prendre une initiative qui surprendrait Damas, quel que soit le degré de son mécontentement. Il subit donc une coexistence pénible pour ne pas irriter la Syrie. Tous les candidats au Sérail savent, de leur côté, qu’ils ne sauraient y accéder sans l’aval des décideurs. Walid Joumblatt, quant à lui, ne peut retirer ses ministres du gouvernement sans en référer. Dans de telles conditions, souligne la personnalité citée, il n’y a pas grande différence entre un président présenté comme fort et un président faible, que cela soit au niveau du régime ou à celui du Sérail. Car celui qui est soutenu par la Syrie devient apparemment fort, et faible s’il n’a pas cet avantage. D’autant que sous le couvert de la tutelle, l’on a élaboré des lois électorales successives toutes inéquitables, confortant le clivage et les déséquilibres. Le mandat du président Hraoui avait été prorogé, malgré les réticences initiales de l’intéressé lui-même et en dépit de l’opposition de l’écrasante majorité parlementaire, qui s’est écrasée au moment voulu. Le bail du président Lahoud serait de même reconduit ou prolongé, si la Syrie y trouve de l’intérêt. Et sinon, même si la majorité y était favorable, la rallonge ne serait pas possible.
Le problème de base, comme le relève le député de Beyrouth Bassem Yammout, tient au fait que Taëf n’a pas prévu de solution en cas de conflit entre les présidents. Il n’y a pas d’arbitrage local, donc on s’adresse ailleurs. Pour corriger la trajectoire, il faudrait clarifier, en les révisant, les dispositions de la Constitution issue de Taëf. Pour abolir notamment l’obligation faite aux deux présidents de s’entendre, de cosigner les décrets afin qu’ils passent. Car leur mésentente signifie le blocage, puisqu’un seul paraphe ne suffit pas. D’une manière générale, pour sortir de l’impasse, il faut que le pays retrouve son indépendance, que les Libanais se gouvernent vraiment eux-mêmes. En s’appuyant sur une loi électorale équilibrée et juste, assurant une représentation parlementaire de proximité authentique. Ce qui donnerait une Chambre devant laquelle le gouvernement aurait effectivement à répondre de ses actes, bons ou mauvais. Parallèlement, la direction devrait être assumée par une seule tête et non par trois. Pour la cohésion et l’unité du pouvoir, ainsi mis à l’abri des querelles et du système dit du partage, à l’ombre des immixtions étrangères. Le ministre Sleiman Frangié plaide pour le pouvoir à une seule tête. D’autres pôles sont du même avis, car Taëf a montré ses limites. Ainsi Sélim Hoss relève que l’ordre établi n’engendre que rarement une direction vraiment nationale. Il ajoute que la réforme doit commencer par un système électoral rénové qui coupe l’herbe sous les pieds du féodalisme politique et rogne le rôle de l’argent.

Émile KHOURY
Selon une personnalité religieuse, aucun changement n’est envisageable, sur la scène intérieure, tant que le pays n’a pas recouvré sa souveraineté, son pouvoir de décision autonome. Pour qu’il y ait une autorité vraiment comptable de ses actes devant la population. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, du moment que la direction n’est pas issue de la libre volonté...