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Entre griefs et propositions de réforme, le service militaire en question Ce n’est pas tant le principe de servir le pays qui est contesté que le mode d’application et l’iniquité I - Une perte de temps pour les uns, une expérience positive pour les autres, les conscrits témoignent(photos)

Le service militaire. Trois mots qui font se délier les langues dans les salons et provoquent des débats pour le moins passionnés. Une année entière de perdue pour les jeunes pressés de rentrer dans la vie active et qui reçoivent une solde de misère, entend-on par ci; la cause essentielle de l’émigration des jeunes qui, pour bénéficier d’une exemption définitive, poursuivent leurs études durant cinq ans à l’étranger et finissent par ne plus revenir au pays, entend-on par là. Véritable épine dans la vie des jeunes Libanais et de leurs parents taraudés par la crise économique, le service militaire est pourtant considéré comme une nécessité vitale par l’État et notamment par l’armée, à l’heure où la région entière est en état d’ébullition. Tous les hommes doivent être capables de défendre le pays tant que celui-ci est menacé, telle et la réponse formelle des officiels. Çà et là, des voix s’élèvent contre la loi sur le service du drapeau en vigueur depuis 1993. Des lobbys se mettent en place dans le milieu estudiantin mais aussi au niveau des députés qui réclament, sinon l’annulation du service militaire, du moins le raccourcissement de sa durée, son remplacement par un service civil ou alors l’augmentation des dérisoires rétributions des conscrits. Jeunes appelés, députés ayant présenté des propositions de loi, mais aussi hauts responsables de l’armée développent, qui leurs griefs, qui leurs arguments. Dans ce dialogue de sourds où chacun campe sur ses positions, transparaît une jeunesse amère, désabusée, servant, souvent sans conviction, un pays où le confessionnalisme et le piston priment et qui ne lui donne rien en retour. Et pourtant, au commandement de l’armée, on se félicite de la réussite du service militaire qui apporte des bras à une armée en manque d’hommes et qui sensibilise la jeunesse aux problèmes du pays.

Ce n’est pas tant le principe de servir le pays qui est contesté que le mode d’application et l’iniquité
I - Une perte de temps pour les uns, une expérience
positive pour les autres, les conscrits témoignent

Appréhension, sourde inquiétude, frustration, le service du drapeau devient une véritable hantise pour les jeunes gens âgés entre 18 et 30 ans, mais aussi pour leurs familles. Une année entière de perdue en pleine crise économique est un sacrifice bien trop important, voire une perte de temps, aux dires des jeunes appelés. Nous en avons rencontré quelques-uns qui ont accepté de raconter leur expérience, de livrer leurs impressions, à la condition de garder l’anonymat. Indiscutablement, les conscrits qui gardent un bon souvenir de leur service militaire sont nombreux. Mais encore plus nombreux sont ceux qui n’hésitent pas à montrer du doigt les désagréments de la vie de caserne, l’hygiène qui laisse à désirer, le mauvais entretien du matériel, l’arrogance des supérieurs, le confessionnalisme dont font preuve de nombreux appelés, l’ennui qui mine les soldats, les soldes dérisoires des fins de mois et le piston dont il faut user pour bénéficier d’une affectation convenable. Après une année au service de leur pays, les jeunes persistent et signent : le service militaire, il faut l’annuler, le modifier ou réduire sa durée. Un bilan qui devrait porter à réfléchir...

Afin de retarder cette étape tant crainte, durant laquelle ils devront se résoudre à mettre leur vie entre parenthèses, tout devient pour les jeunes gens prétexte au report : des études à terminer, des jobs dont il est difficile de se passer, mais aussi une peur irraisonnée de la vie de conscrit qu’ils déclarent ne pas avoir choisie. «J’appréhendais tellement le service militaire, raconte Fady, un architecte de 30 ans, que je prolongeais mes études au maximum, histoire d’obtenir l’ajournement tant espéré.» Au terme de ses études universitaires, le jeune homme n’a eu d’autre choix que de se plier, en tant que sous-lieutenant, à cette obligation qu’il a toujours considérée comme une véritable corvée. «L’orientation militaire était totalement contraire à mes aspirations, car je suis un non-violent et je m’éloigne sciemment de toute forme de violence», explique-t-il à ce propos.
Nombreux sont ceux qui ont décidé de partir à l’étranger pour 5 années poursuivre des études universitaires ou même travailler, dans l’espoir d’obtenir une exemption définitive. C’est ce qu’a tenté Philippe qui refusait absolument l’idée de faire son service militaire. «Dès que j’ai obtenu ma licence en multimédias, raconte-t-il, je me suis dépêché de partir pour Dubaï où j’avais obtenu un emploi dans le domaine publicitaire. Mais je n’ai tenu le coup que trois mois, au grand dam de mes parents. J’ai déprimé. Rien que l’idée de passer 5 ans loin du pays m’était insupportable, même si je savais qu’au bout de la première année, j’avais l’autorisation de passer trois mois par an au Liban.» «D’ailleurs, précise-t-il, la loi concernant l’exemption au bout de 5 ans d’absence n’était pas claire.» En effet, les renseignements que Philippe glanait, chaque fois qu’il contactait le bureau de l’orientation de l’armée, étaient confus. Personne, selon ses dires, n’a été à même de lui expliquer clairement que ces 5 années à l’étranger devaient se dérouler à partir de 18 ans et avant l’âge de 30 ans. C’est uniquement pour avoir la paix et pour éviter de se plier aux innombrables formalités administratives que le jeune homme, âgé de 25 ans, a décidé de retourner au pays et de servir durant une année. La majorité de ses camarades de promotion est restée à l’étranger pour être exemptée du service militaire. « Mes amis m’ont traité de fou, lance-t-il, mais je voulais être libre de circuler comme bon me semble sans avoir cette hantise d’être arrêté à tout bout de champ.»

Ennui, enfermement,
monotonie
Pour les jeunes qui l’ont expérimenté, le service du drapeau n’est qu’un mauvais souvenir synonyme d’ennui, de perte de temps et d’argent, parfois même, mais plus rarement, une période plutôt agréable où ils ont vaguement acquis quelques notions militaires. Au niveau des conscrits qui effectuent toujours leur service militaire, qu’ils soient soldats, sous-officiers ou officiers, les plaintes fusent, les aspects négatifs ressortent, la déprime s’installe même parfois. Tout ce que l’on souhaite, c’est que cette période se termine le plus rapidement et se déroule le mieux possible. Et surtout, qu’elle ne se renouvelle pas...
Tantôt haï, tantôt apprécié, l’entraînement militaire auquel chaque appelé doit se plier durant les deux ou trois premiers mois de son service, selon son grade, n’est pas seul montré du doigt. Pour les jeunes gens habitués au confort, tout, dans la vie de caserne, est matière à critique, notamment la nourriture, l’hygiène, la cohabitation, l’éloignement de leurs parents, la discipline de fer poussée parfois jusqu’à l’excès, l’ennui et même le traitement de faveur réservé à certains. Pour les autres, moins gâtés par la vie et qui par surcroît souffrent du chômage, les deux à trois mois qu’ils ont passés à la caserne étaient l’occasion de manger à leur faim, de suivre des sessions d’alphabétisation et de bénéficier d’une formation professionnelle.
«Ces dix semaines de caserne étaient mortelles, se souvient Georges. À part deux ou trois heures de marche militaire et deux à trois heures de cours par jour, nous ne faisions pratiquement rien de nos journées qui démarraient pourtant à 4 heures trente. Nous trouvions le temps si long qu’il nous arrivait de déprimer», poursuit-il. Cette monotonie mais aussi l’éloignement de ses proches et l’enfermement étaient, pour le jeune adjudant, bien plus durs à supporter que la fatigue physique engendrée par l’entraînement militaire.
Pour Philippe, qui pratique différents sports et qui s’est rapidement adapté au rythme des entraînements, les exercices physiques ne sont pas vraiment à la portée de tous. «Je n’imagine pas un jeune homme chétif réussir tous les exercices imposés, remarque-t-il, d’autant plus que certains ne sont pas sans danger.» Et d’ajouter que si les simples soldats écopent des corvées subalternes et des gros travaux, les gradés, eux, ne sont pas tous traités sur le même pied d’égalité. «Certes, laisse échapper le jeune homme, le piston n’est pas chose courante durant les entraînements, mais on sent parfois que certains groupes sont privilégiés au détriment d’autres, que les supérieurs ferment les yeux sur les caprices ou les faiblesses d’une recrue connue pour être le fils d’un haut placé.» «Par ailleurs, reprend l’adjudant, dans le camp d’entraînement, c’est autant la nourriture que l’hygiène qui laissent à désirer. Durant les deux premières semaines, se souvient-il, je ne suis pas rentré aux toilettes du camp car elles étaient trop sales.» Une saleté qui, selon lui, provient non seulement du manque d’hygiène de certains conscrits, mais aussi du mauvais entretien du matériel : chasses d’eau qui ne fonctionnent pas, canalisations bouchées, etc. Quant à la nourriture de la cantine, il n’y a goûté qu’une seule fois. «Le riz était cru et je n’en ai mangé qu’une bouchée», dit-il. Depuis, le jeune homme se nourrit, à l’instar d’une vingtaine de ses camarades, de fromage en boîte et de conserves. «Mais, remarque-t-il, je ne pourrais tenir le coup longtemps, notamment durant les trois semaines d’affilée que je devrais passer au camp. Je crois que je vais me résigner à goûter à la nourriture du camp. Tout le monde en mange et ils disent que cela passe. Mais pour le moment, je me contente de me rattraper en week-end, chez mes parents, où je mange comme un ogre.»

Formation et alphabétisation
La conception de Malek semble tout autre : en effet, les appréhensions du jeune homme se sont envolées dès les premiers jours de son existence de soldat. «Les journées sportives, l’apprentissage militaire, les corvées ménagères et les nombreux cours que l’on nous a donnés m’ont été très favorables, affirme-t-il, d’autant plus que ma session a débuté juste avant la période de Noël. J’ai ainsi eu la possibilité de bénéficier d’une série de congés.» Ne tarissant pas d’éloges sur les officiers qui ont toujours été respectueux à son égard, il avoue n’avoir eu aucun mal à s’adapter à la vie de caserne, à exécuter les ordres et à se plier à l’entraînement militaire, malgré les innombrables interdits qui en découlaient. Certains, comme Mazen, étudiant en maîtrise de droit, politiquement engagé, parlent même de la construction d’une identité commune au terme des quelques mois passés avec des jeunes issus de tous milieux, de toutes confessions. «Que l’on soit issu d’un milieu laïc ou confessionnel, que l’on vienne d’un milieu aisé ou défavorisé, il est possible d’éliminer ses préjugés sociaux et confessionnels et de regarder dans la même direction, à condition d’accepter le principe de servir son pays et de partager cette expérience», observe-t-il. Et le jeune adjudant d’ajouter, avec un brin d’humour: «Servir son pays… gratuitement», faisant ainsi allusion à la solde dérisoire qu’il touche à la fin du mois.
Cependant, accepter les règles du camp et se plier à la discipline militaire n’est, de toute évidence, pas du goût de tous. Une poignée de jeunes recrues refusent carrément d’obéir aux ordres de leurs supérieurs, arguant qu’ils n’ont pas choisi la carrière militaire. Leur service militaire se transforme alors en véritable cauchemar, car ils deviennent, par leurs actes, la bête noire de leurs supérieurs. « Cette première période a été lamentable pour moi, se souvient Fady. L’entraînement militaire n’était ni sérieux ni de qualité. D’ailleurs, je n’ai absolument rien appris. Comment aurais-je pu apprendre quelque chose vu le manque d’éducation et de culture si flagrant dans cette institution ? » dit-il, faisant ainsi allusion aux insultes et aux ordres qui faisaient, selon ses propos, partie du quotidien des appelés. «J’ai simplement passé mon temps à faire plein de bêtises avec quelques camarades aussi perdus que moi, histoire de ne pas me laisser aller à la déprime», poursuit-il. Fuyant la caserne, se cachant durant l’entraînement militaire, multipliant les farces à l’encontre des conscrits, discutant de politique ou de sujets interdits avec ses camarades, Fady s’est retrouvé plus d’une fois en prison.

Des affectations en fonction
des relations
La seconde partie du service militaire, autrement dit l’affectation des appelés dans les différents services de l’armée, dès la fin de la période d’entraînement et selon leurs spécialisation, semble, de prime abord, moins pénible. Car la vie de caserne avec ce qu’elle implique comme cohabitation et désagréments appartient désormais au passé, notamment pour les gradés. En effet, les conscrits bénéficient à ce stade d’une relative disponibilité, mais les huit mois n’en demeurent pas moins contraignants pour la grande partie des appelés qui n’ont qu’une hantise: avoir des horaires souples afin de pouvoir travailler en parallèle.
Les contacts vont alors bon train. On fait systématiquement travailler relations et pistons pour être affecté non loin de son domicile, pour avoir l’autorisation de passer la nuit chez soi, pour bénéficier d’un ordre de mission dans un lieu agréable, genre bain militaire ou club des officiers, ou tout simplement pour changer de service. Quant aux affectations, qui doivent tenir compte des spécialisations de chacun, elles sont parfois arbitraires. C’est ainsi qu’un architecte s’est retrouvé chargé de la maintenance des générateurs d’une caserne. Souvent mécontents de ces affectations, les jeunes dénoncent l’injustice dont ils déclarent être victimes, déplorant par ailleurs la perte de temps que ces huit mois représentent pour eux.
«Je suis actuellement de service dans un bureau où j’assure une permanence quotidienne de 8 à 14 heures, raconte Jihad. Ces huit mois sont une véritable perte de temps, car je sommeille toute la journée, n’ayant absolument rien à faire.» Quant au piston, le lieutenant n’a pas hésité à y recourir pour bénéficier de ces horaires de bureau: «Au départ, j’étais tenu d’assurer une permanence nocturne dans ce même service deux fois par semaine. Le piston m’a permis de limiter cette permanence à trois nuits par mois», dit-il, satisfait.
Il en est de même pour Malek, simple soldat, qui n’a pas hésité à utiliser ses relations, ce qui lui a permis de servir dans l’administration durant huit mois au lieu d’aller grossir les rangs d’un quelconque bataillon placé sur le terrain. «J’ai une belle écriture, observe-t-il. Cela m’a aidé à être affecté dans un bureau de la police et à bénéficier d’horaires plus souples que ceux des soldats.» En effet, au terme de trois mois d’entraînement militaire, le jeune homme travaille quotidiennement de 8 à 14 heures et rentre chez lui le soir.
Pour le récalcitrant Fady, véritable bête noire des officiers, les choses ne se sont pas passées aussi facilement. Refusant par conviction d’avoir recours au piston, le jeune architecte a été affecté dans une caserne durant la seconde étape de son service militaire pour y entraîner les nouvelles recrues. «C’était un désastre, se souvient-il, parce que je refusais d’exercer le moindre pouvoir sur les conscrits.» Constamment houspillé par ses supérieurs, régulièrement appelé à répondre de son comportement réfractaire devant les services de renseignements de l’armée, emprisonné à plusieurs reprises, le jeune homme a tout bonnement flanché au bout de 4 mois. «J’étais à bout, raconte-t-il. J’ai alors eu recours à un proche, politiquement très puissant, et obtenu d’être envoyé au bain militaire, affectation généralement réservée aux VIP.» À partir de ce moment, le sous-lieutenant a passé, selon ses dires, les quatre mois les plus agréables de sa vie à nager, pêcher et s’amuser, en attendant de pouvoir réintégrer la vie normale.
«D’ailleurs, ajoute-t-il, certains conscrits usaient de pistons tels qu’ils n’ont jamais servi durant l’ensemble des 8 mois et se sont juste contentés d’aller toucher leur solde à la fin du mois. Alors, pourquoi les autres en profiteraient-ils et pas moi ?»
En effet, pourquoi pas lui ? Et pourquoi pas tous les autres ? Quel avenir, dans ces conditions, pour le service militaire et que peuvent répondre à ces interrogations les responsables militaires en charge des conscrits ?
Anne-Marie el-HAGE

Une année, c’est bien trop long…

Si on leur demande de faire un bilan de l’année durant laquelle ils ont servi leur pays, qu’ils aient apprécié ou haï cette période, la majorité des conscrits tient le même langage : une année au service du drapeau, c’est bien trop long à leur gré. L’idéal serait carrément de l’annuler pour certains, de le limiter aux trois mois d’entraînement militaire pour d’autres, ou alors de le remplacer par un service civil, plus formateur et certes plus utile. Les raisons qu’ils invoquent sont la perte de temps et d’argent, car les appelés n’ont pas le droit de travailler ou de poursuivre leurs études universitaires durant la période où ils servent leur pays. Pour les jeunes conscrits qui bénéficiaient d’un emploi avant de s’engager, le manque à gagner est énorme, car leur solde mensuelle de militaires est dérisoire: le soldat reçoit 110 000 LL par mois, le sous-officier 179000 LL et l’officier 286000 LL. Pas vraiment de quoi donner aux jeunes l’envie de servir... D’autant plus que vu la crise économique et la montée du chômage, les universitaires craignent, au terme de leurs études, de disparaître du marché durant un an et d’être oubliés de la profession. Cependant, au terme des trois mois d’entraînement militaire, de nombreux conscrits bénéficient d’horaires nettement plus souples et parviennent à réintégrer leur emploi à temps partiel ou à se faire employer à l’heure ou à la journée, pour ne pas perdre la main et pour subvenir à leurs besoins. Une pratique qui est officiellement interdite par le service de l’orientation de l’armée, mais sur laquelle les supérieurs ferment les yeux en ces temps de crise.
Certes, les conscrits qui vantent les mérites du service militaire existent, mais leurs voix se noient dans la masse des réfractaires qui réclament une réforme.

Le confessionnalisme,
un mal à l’image du pays

Vanté par les hautes sphères politiques comme étant un moyen de privilégier le dialogue national, le service militaire est, selon les jeunes, à l’image du pays. En effet, quels que soit leur confession ou le jugement qu’ils portent sur le service du drapeau, les conscrits ont pu constater certains comportements confessionnels. « Dès les premiers jours et malgré la répartition dans des groupes multiconfessionnels, des clans se forment », souligne l’un d’entre eux : chrétiens d’un côté, musulmans de l’autre. « On a beau tenter d’abolir ses propres préjugés, on se heurte souvent à des problèmes de tolérance », note un autre conscrit. L’amertume des appelés est ainsi grande à ce sujet: le confessionnalisme existe bel et bien, malgré les efforts entrepris par les supérieurs pour privilégier le brassage. Un mal à l’image du pays, comme ils le déplorent tous... même si, çà et là, des amitiés sont nées entre conscrits de confessions différentes.
Le service militaire. Trois mots qui font se délier les langues dans les salons et provoquent des débats pour le moins passionnés. Une année entière de perdue pour les jeunes pressés de rentrer dans la vie active et qui reçoivent une solde de misère, entend-on par ci; la cause essentielle de l’émigration des jeunes qui, pour bénéficier d’une exemption définitive,...