Oui, nous avons la télévision la plus subversive qui soit! Évidemment, dans votre candeur naturelle de téléspectateur aussi naïf qu’innocent, vous ne vous en étiez pas rendu compte. C’est justement cela la subversion: vous faire avaler des couleuvres, mine de rien. Et une fois le ver introduit dans la pomme, le laisser creuser son chemin. Comme le virus du Sras.
Heureusement, téléspectateurs crédules, on veille sur vous. Pas question de faire de vous une victime de l’intox. Aux petits maux les grands remèdes, on ne lésine pas sur les moyens.
Finie l’époque où il suffisait d’un avertissement à celui ou à celle qui avait outrepassé ses prérogatives pour que tout rentre dans l’ordre. Ainsi le clip (phénoménal, à mon goût) où M. Einstein était confronté à l’insoluble problème de notre dette publique fut retiré, sans autre forme de procès, de l’antenne. On s’était contenté à l’époque de taper sur les bouts des doigts du troublion en question.
Depuis, on a fait mieux dans le domaine de la punition. Ce fut alors le procès de triste mémoire à l’encontre de la compagnie qui avait osé afficher à l’antenne la lutte fratricide des Horace et des Curiace. Le jugement fut, quant à lui, coriace: la fermeture de la station. Au nom des grands principes.
Et comme dans la chanson de Guy Béart, on vient d’associer aux grands principes les grands sentiments. Au nom desquels on réclame aujourd’hui la fermeture d’une autre chaîne qui nous aurait mis à mal avec un de nos grands frères. En famille, on ne lave plus son linge, même entre deux réclames de détergent!
Au train où vont les choses, j’en viens à penser que bientôt nous n’aurons plus de chaînes du tout, ce qui n’est pas plus mal, me diront les détracteurs du petit écran.
Reste (entier!) le problème de la liberté d’expression. La réponse est là: on n’a que ce que l’on mérite et comme nous avons une télé subversive il faut en faire les frais. Et tant pis pour nous!
Alain PLISSON
P.S.: Les subversifs, film des frères Taviani avec Lucio Dalla, Fabienne Fabre.
Heureusement, téléspectateurs crédules, on veille sur vous. Pas question de faire de vous une victime de l’intox. Aux petits maux les grands remèdes, on ne lésine pas sur les moyens.
Finie l’époque où il suffisait d’un avertissement à celui ou à celle qui avait outrepassé ses prérogatives pour que tout rentre dans l’ordre. Ainsi le clip (phénoménal, à mon goût) où M. Einstein était confronté à l’insoluble problème de notre dette publique fut retiré, sans autre forme de procès, de l’antenne. On s’était contenté à l’époque de taper sur les bouts des doigts du troublion en question.
Depuis, on a fait mieux dans le domaine de la punition. Ce fut alors le procès de triste mémoire à l’encontre de la compagnie qui avait osé afficher à l’antenne la lutte fratricide des Horace et des Curiace. Le jugement fut, quant à lui, coriace: la fermeture de la station. Au nom des grands principes.
Et comme dans la chanson de Guy Béart, on vient d’associer aux grands principes les grands sentiments. Au nom desquels on réclame aujourd’hui la fermeture d’une autre chaîne qui nous aurait mis à mal avec un de nos grands frères. En famille, on ne lave plus son linge, même entre deux réclames de détergent!
Au train où vont les choses, j’en viens à penser que bientôt nous n’aurons plus de chaînes du tout, ce qui n’est pas plus mal, me diront les détracteurs du petit écran.
Reste (entier!) le problème de la liberté d’expression. La réponse est là: on n’a que ce que l’on mérite et comme nous avons une télé subversive il faut en faire les frais. Et tant pis pour nous!
Alain PLISSON
P.S.: Les subversifs, film des frères Taviani avec Lucio Dalla, Fabienne Fabre.
Oui, nous avons la télévision la plus subversive qui soit! Évidemment, dans votre candeur naturelle de téléspectateur aussi naïf qu’innocent, vous ne vous en étiez pas rendu compte. C’est justement cela la subversion: vous faire avaler des couleuvres, mine de rien. Et une fois le ver introduit dans la pomme, le laisser creuser son chemin. Comme le virus du Sras.Heureusement,...
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