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Liban- Iran - Le chef de l’État iranien s’est adressé aux députés, place de l’Étoile Vibrante plaidoirie de Khatami en faveur de la démocratie(photo)

Le choix du lieu, en l’occurrence le Parlement, est on ne peut plus symbolique : à partir de la tribune parlementaire, le président iranien, Mohammed Khatami, a lancé une vibrante plaidoirie en faveur de la démocratie, qu’il a présentée comme étant le seul moyen stratégique efficace, susceptible de maintenir l’équilibre des rapports entre les nations et de court-circuiter les tentatives des États-Unis d’imposer leur volonté à l’échelle mondiale. Il ne s’agit cependant pas de n’importe quelle démocratie. Celle qui est prônée par le président iranien repose sur la volonté populaire. Elle implique « la soumission à la volonté du peuple dans la détermination du genre de gouvernement et de vie qu’il souhaite et la reconnaissance du droit de la population à la souveraineté ». Le message est sans doute adressé aux Américains présents en Irak, mais aussi aux régimes arabes et peut-être même au Liban où la notion de démocratie est des plus nébuleuses. Le rendez-vous place de l’Étoile était prévu à 10h30, mais comme la conférence de presse qu’il donnait au Phoenicia s’est prolongée plus que prévu, M. Khatami est arrivé au Parlement avec un retard de trois quarts d’heure. Les députés et les membres du gouvernement étaient déjà à leurs places et la tribune réservée aux visiteurs et aux journalistes pleine à craquer. Les propos du président iranien s’inscrivent dans le prolongement du discours modéré et conciliant qu’il tient depuis son arrivée au Liban, lundi, et qu’il a conclu, hier, par un rappel du dialogue des cultures et des civilisations qui privilégie, selon lui, l’émergence d’un système mondial au sein duquel les peuples pourront bénéficier des mêmes droits. M. Khatami a entamé son discours par l’évocation de sa dernière visite au Liban et « du plaisir que lui ont procuré les entretiens caractérisés par leur simplicité et leur cordialité ». C’est un vibrant hommage qu’il a rendu au Liban et à la convivialité « constructive » islamo-chrétienne « qui dure depuis des siècles ». Le président iranien a insisté sur cette convivialité, notamment lorsqu’il a abordé le thème de la résistance anti-israélienne. Selon lui, si l’État hébreu a envahi le Liban (en 1982) et occupé une partie de son territoire, c’est parce que les Libanais « devaient payer le prix de leur attachement à leurs traditions démocratiques et à la coexistence marquée par la fraternité et l’affabilité ». Le discours est prononcé en persan. Protocole oblige. Une traduction simultanée vers l’arabe est assurée et des copies du discours qui a été traduit en arabe et en anglais sont également distribuées. S’il a estimé que c’est grâce à la résistance que le Liban a pu libérer son territoire, M. Khatami n’en a pas moins considéré que cette résistance n’a pas été l’apanage d’une partie déterminée, mais qu’elle a été l’œuvre de l’ensemble des Libanais. « C’est une nouvelle preuve de démocratie », a-t-il lancé, avant de s’étendre longuement sur l’appui des chrétiens du Liban aux combattants anti-israéliens. « Ce qui a donc libéré le Liban, c’est la résistance, la solidarité nationale et l’attachement acharné à la démocratie. Saluons cette unité et cette cohésion », a-t-il déclaré, estimant qu’en ces temps de crise au Moyen-Orient, c’est de l’expérience libanaise qu’il faut s’inspirer. « Nous avons besoin de ces deux principes : la démocratie pour gérer nos sociétés et la résistance pour faire face à toute agression qui risque de compromettre l’indépendance de nos pays et les droits de nos citoyens », a affirmé M. Khatami. Pour lui, la mondialisation, qui s’est accompagnée d’une transformation du système économique international et d’une croissance des communications internationales, commande une nouvelle lecture du concept de la démocratie, d’autant, a-t-il expliqué, que ces développements ont entraîné une régression du rôle traditionnel, direct et exécutif, des gouvernements. Ce dernier phénomène, a expliqué M. Khatami, a eu pour effet de promouvoir l’idée de la démocratie dans le monde, mais il a également entraîné un certain chaos au niveau des relations politiques, que ce soit à l’intérieur des pays ou sur le plan international, favorisant l’émergence de deux tendances : la première, a-t-il poursuivi, tend à utiliser un pouvoir illimité pour établir une autorité centrale internationale, alors que la deuxième vise à instituer et à consolider un système démocratique dans le monde moderne. « Les capacités et la puissance techniques, économiques et militaires des États-Unis, a renchéri M. Khatami, pourraient être le signe précurseur d’une nouvelle donne en fonction de laquelle une force internationale tentera d’imposer un nouvel ordre mondial. » « S’il faut faire montre de clairvoyance en ces graves circonstances, il faudra insister sur l’importance de la souveraineté des peuples et des choix démocratiques sur le double plan national et international et s’efforcer de les réaliser, car le modèle américain va en définitive déboucher sur la division de la scène internationale en deux parties : les pays de l’axe dominant et les pays marginalisés, et donner lieu à de nouvelles profondes divisions », a soutenu M. Khatami. Gare au fondamentalisme Il s’est longuement étendu sur le danger de la politique américaine, mettant notamment l’accent sur « le modèle unique de culture et de politique » ainsi que sur l’exacerbation des mouvements intégristes, musulmans, chrétiens et juifs, qui émergeraient soit pour soutenir, soit pour contester le nouvel ordre mondial et qui mettraient en danger la sécurité internationale. « Les stratégies démocratiques s’accordent avec la nature des développements culturels, sociaux et politiques dans le monde et permettent de préserver l’équilibre des relations internationales et de faire face aux orientations unilatérales, ainsi qu’au recours à la force. Mais il faut que ces stratégies reposent sur la volonté des peuples à déterminer la qualité de gouvernement et de vie qu’ils souhaitent et sur la reconnaissance du droit des populations à la souveraineté », a indiqué le président iranien, en estimant que ces orientations ne sont pas en contradiction avec les principes religieux. Son discours constituait en quelque sorte une suite à celui qu’il avait prononcé la veille à la Cité sportive Camille Chamoun, lorsqu’il avait déclaré qu’il « fallait créer un environnement où les agresseurs ne pourront pas réussir ». M. Khatami a cependant estimé que les États islamiques n’ont pas besoin de modèles démocratiques imposés ou importés, en insistant sur le fait que « la voie de la démocratie est d’ordre interne et qu’elle passe à travers (le respect de) la liberté, la justice et les droits constitutionnels des peuples ». Auparavant, M. Berry avait rendu un vibrant hommage à son hôte et à l’Iran et vivement dénoncé à son tour la nouvelle politique américaine. À l’instar du président Khatami, il a fait état d’une « orientation unilatérale croissante pour monopoliser la décision internationale et annuler le rôle politique de l’Onu » et estimé que celle-ci entraînera « un conflit entre une civilisation matérielle stagnante adoptant des moyens techno-électroniques, l’économie de puissance et le clonage face à notre civilisation basée sur les religions monothéistes ». T. A. L’absence de Battle Une absence très remarquée place de l’Étoile : celle de l’ambassadeur des États-Unis, Vincent Battle, qui avait été pourtant convié à la séance. De nombreuses personnalités politiques et diplomatiques étaient présentes pour écouter le discours du président iranien. Au terme de la séance, M. Mohammed Khatami a reçu les députés, venus le saluer, dans le salon attenant au bureau du président de la Chambre. M. Berry se tenait à ses côtés pour lui présenter chaque député. Lorsqu’il lui a présenté le président de la commission parlementaire de la Jeunesse et du Sport, Émile E. Lahoud, M. Khatami l’a spontanément embrassé. C’est le seul parlementaire qu’il a d’ailleurs embrassé.
Le choix du lieu, en l’occurrence le Parlement, est on ne peut plus symbolique : à partir de la tribune parlementaire, le président iranien, Mohammed Khatami, a lancé une vibrante plaidoirie en faveur de la démocratie, qu’il a présentée comme étant le seul moyen stratégique efficace, susceptible de maintenir l’équilibre des rapports entre les nations et de...