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DOSSIER ARMÉNIEN L’ambassade de Turquie use de son droit de réponse : « Les événements de 1915 ne sont pas un génocide »

Les événements douloureux de 1915 (...) « reflètent les conséquences d’un acte de guerre. En aucun cas ils ne peuvent être considérés comme la preuve d’un génocide que l’on s’obstine à attribuer aujourd’hui aux Ottomans ». C’est l’essentiel d’une mise au point que nous adresse Oya Tatlinar, conseiller de presse à l’ambassade de Turquie. Nous la publions dans le cadre du droit de réponse : « Les différents articles et commentaires parus dans votre édition du 24 courant m’amènent à vous livrer les remarques suivantes sur le dossier arménien : « Permettez-moi de préciser tout d’abord que je regrette l’analogie faite entre les événements douloureux de 1915 et les atrocités commises par Hitler. La citation attribuée à ce dernier “ mais qui se souvient encore du massacre des arméniens ? ” est fausse. C’est le Dr Robert John, de descendance arménienne, qui l’affirme dans un article paru dans le numéro du 2 août 1984 de The Armenian Reporter publié aux États-Unis. C’est la même conclusion que tire un autre professeur américain, Health Lowry, dans une étude approfondie intitulée “ The United States Congress and Adolf Hitler on the Armenians ”. Permettez-moi de vous rappeler en dernier lieu que le tribunal de Nuremberg n’a jamais considéré comme officiel le document qui contient une telle citation prétendue comme émanant de Hitler. Je ne peux dès lors que regretter un tel amalgame tout à fait incongru. « L’histoire est une matière très sérieuse qui ne tolère aucune tentative de propagation de contre-vérité, telle que le prétendu désir de vengeance des Turcs sur les Arméniens pendant la Première Guerre mondiale. Vous n’êtes pas sans savoir que pendant huit siècles, en l’occurrence du XIe jusqu’à la moitié du XIXe siècle, les populations turque et arménienne d’Anatolie ont mené une coexistence pacifique qui n’a pas sa pareille dans les annales de l’histoire. « Les Arméniens ont servi dans l’empire ottoman et occupé des postes clefs dans la bureaucratie. Au XIXe siècle, par exemple, vingt-neuf Arméniens accédèrent au rang de pacha, suprême degré dans la hiérarchie gouvernementale. Il y eut vingt-deux ministres arméniens, parmi lesquels des ministres des Affaires étrangères, des Finances, du Commerce et des Communications. Le nombre des représentants arméniens élus et nommés au Parlement constitué après 1876 était de trente-trois. Le premier mutasarrif du Mont-Liban était d’ailleurs un arménien-catholique, Daoud Pacha. « Connaissez-vous un autre État qui confierait des postes aussi importants aux représentants d’une communauté qu’il projetterait d’exterminer un jour ? Quelle étrange méthode de vengeance alors qu’on sait que même durant les événements de 1915, plusieurs fonctionnaires, voire des sous-préfets d’origine arménienne, étaient restés en poste ? Que s’est-il vraiment passé alors ? « Cette communauté arménienne choyée et protégée tout au long des siècles a abandonné sa loyauté et s’est laissé prendre par les promesses de la Russie tsariste qui se lança à partir de 1820 dans une grande politique d’expansion. La guerre russo-turque de 1877-1878 éveilla les rêves d’indépendance des Arméniens. La collaboration russo-arménienne atteignit son apogée lors de la Première Guerre mondiale. Les Arméniens seront d’ailleurs remerciés le 21 avril 1915 par le tsar Nicolas II pour “ les services rendus à la Russie ”. « Les Arméniens ne nient d’ailleurs pas qu’ils ont combattu les Ottomans. Boghos Noubar Pacha, chef de la délégation arménienne à la conférence de paix de Paris, l’a écrit dans sa lettre du 20 novembre 1918 adressée au ministre français des Affaires étrangères, S. Pichor. Il a réclamé à ce titre le statut de belligérant pour les Arméniens. « La décision de procéder au déplacement des populations arméniennes installées dans les zones de combat a été prise dans les conditions ci-dessus résumées. « Ce déplacement fut pénible. Il y a eu des abus, des tragédies, des morts. La réalité de ces malheurs est d’autant moins discutable qu’elle a été reconnue aussitôt par le gouvernement ottoman qui a immédiatement réagi en faisant poursuivre les coupables. « C’est vrai qu’un drame a été vécu à l’époque en Anatolie. Il n’a cependant pas épargné non plus la population turque. C’était donc une tragédie commune, faite de souffrances mutuelles et de centaines de milliers de victimes des deux côtés. Tous les gouvernements turcs ont regretté tant les 2,5 millions de Turcs décédés que les morts arméniens. « En 1913, il n’y avait que 1,3 million d’Arméniens dans tout l’empire ottoman, Boghos Noubar Pacha, responsable arménien, dont le nom a été déjà cité, dans une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères, déclarait que 600 à 700 000 Arméniens avaient été transférés, que 390 000 d’entre eux avaient atteint leur destination, et qu’il restait encore 280 000 Arméniens dans l’empire ottoman en 1919. Il nous faut donc conclure que 200 à 300 000 Arméniens ont péri durant la Première Guerre mondiale, soit en combattant contre l’armée, soit du fait de conditions incontrôlables lors du transfert. « Ces chiffres, aussi déplorables qu’ils soient, reflètent les conséquences d’un acte de guerre. En aucun cas il ne peuvent être considérés comme la preuve d’un génocide que l’on s’obstine à attribuer aujourd’hui aux Ottomans. « D’ailleurs, il ne faut pas être dupe. L’insistance sur la notion de génocide n’est pas aussi innocente que l’on voudrait nous faire croire. Ce n’est en tout cas pas le reflet du souci, ô combien louable si c’était vrai, de préserver la mémoire collective. « Selon la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide entrée en vigueur le 11 janvier, d’ailleurs signée et ratifiée par la Turquie, le génocide est un crime imprescriptible, un crime qui peut être puni à n’importe quel moment quelle que soit la date à laquelle il a été commis. Si ce crime était reconnu, il deviendrait possible de formuler des revendications territoriales à l’encontre de la Turquie. Ceux qui se prononcent, parfois de bonne foi, en faveur de la cause arménienne ne doivent pas perdre de vue ces visées irrédentistes qui se traduisent de nos jours par l’occupation d’un quart du territoire azéri. »
Les événements douloureux de 1915 (...) « reflètent les conséquences d’un acte de guerre. En aucun cas ils ne peuvent être considérés comme la preuve d’un génocide que l’on s’obstine à attribuer aujourd’hui aux Ottomans ». C’est l’essentiel d’une mise au point que nous adresse Oya Tatlinar, conseiller de presse à l’ambassade de Turquie. Nous la publions...