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Le raccommodage (relatif) avec Washington facilite le déblocage des dossiers locaux

En se prononçant contre la guerre, le Liban savait qu’il allait indisposer les USA. Il avait dès lors résolu de geler ses affaires intérieures, pour qu’elles ne se ressentent pas trop des tensions extérieures. La période d’expectative forcée est maintenant terminée. Aussi bien l’épilogue de Bagdad, hier, que les franches explications, la veille, avec Battle rétablissent une situation quasi normale. Comme il se confirme que (pour le moment et sans préjuger de l’évolution future sur l’axe Damas-Washington) les États-Unis ne veulent pas se brouiller avec nous, le pouvoir se remet au travail. Cette réactivation avait d’ailleurs été convenue, et préparée, lors du tête-à-tête Lahoud-Hariri, vendredi dernier. Il s’agit, en premier lieu, de procéder aux nominations diplomatiques. Et des concertations multilatérales sont entreprises pour assurer un ordre du jour particulièrement fourni au Conseil des ministres de ce jeudi. Il faut rattraper le temps perdu d’autant plus vite que le temps à venir baigne dans une inquiétante incertitude. C’est en effet maintenant que commence la redoutable période dite des retombées radioactives. Maillon faible de la chaîne régionale, ce pays doit se prémunir, s’organiser, du mieux qu’il peut. Il a en effet tout à craindre, aussi bien du côté d’Israël que d’un remodelage américain de la région. Ce projet, divulgué par Colin Powell avant même que la guerre ne commence, est combattu avec force par la Syrie. Dont l’un des atouts, on ne l’ignore pas, reste la carte libanaise. La persistance éventuelle de son conflit avec les USA peut se répercuter sur la scène locale. Et il s’y ajouterait la montée en puissance des extrémismes, suite à la grande colère provoquée par l’invasion US d’un pays arabe et islamique. Partant de là, les responsables libanais se font du souci pour la stabilité sécuritaire. Ils y consacrent toute leur attention, après le signal de Dora. Le pouvoir fait savoir urbi et orbi que la sécurité est une ligne rouge, qu’il frappera d’une main de fer toute tentative de subversion. Et des officiels ne cachent pas que le message s’adresse principalement aux activistes qui seraient tentés d’attaquer les intérêts américains ou britanniques ici. La mobilisation est en tout cas totale du côté des services sécuritaires ou militaires concernés. Le renseignement travaille d’arrache-pied, les effectifs ont été renforcés ainsi que la brigade des maîtres-chiens chargés de dépister les explosifs. D’ailleurs, ce thème de la sécurité a un effet positif sur le plan diplomatique pur. En effet, au nom de la priorité sécuritaire, les responsables locaux font valoir que jamais la coordination n’a été aussi étroite avec les Américains, sous l’emblème de la lutte commune contre le terrorisme comme contre le crime organisé. Les Américains reconnaissent d’ailleurs volontiers que les Libanais se sont montrés particulièrement coopératifs et productifs depuis le 11 septembre. D’après ce que l’on peut comprendre des contacts de Battle, Washington, sans en être satisfait, comprend la position libanaise concernant l’Irak. Il n’y a donc pas de rancœur. Pour le moment, répétons-le, car le Liban fait attelage avec la Syrie et les rapports syro-américains ne sont pas tout à fait clairs au stade actuel. Ces relations restent toutefois sous contrôle. Ainsi, les Américains ont veillé à ce qu’Israël ne profite pas de leur guerre en Irak pour attaquer le Liban. Ils y avaient certes intérêt, mais ce pays leur doit de n’avoir pas subi une nouvelle agression. Tout à fait plausible quand on connaît Sharon. Un piège que la Syrie, de son côté, semble avoir aidé à déjouer. On note en effet qu’aucune escalade n’a eu lieu au Liban-Sud, région qui est sous l’influence politique de Damas. Enfin, les décideurs contribuent à la stabilité libanaise en déconseillant toute agitation aux politiciens du cru, responsables en tête. C’est pourquoi l’on n’entend pour l’heure parler ni d’un changement de gouvernement ni même d’un remaniement ministériel. Philippe ABI-AKL
En se prononçant contre la guerre, le Liban savait qu’il allait indisposer les USA. Il avait dès lors résolu de geler ses affaires intérieures, pour qu’elles ne se ressentent pas trop des tensions extérieures. La période d’expectative forcée est maintenant terminée. Aussi bien l’épilogue de Bagdad, hier, que les franches explications, la veille, avec Battle...