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Le Valium, seul moyen de calmer les enfants irakiens sous les bombardements(photo)

Lorsque les pleurs de ses enfants lui sont devenus insupportables, Fahd Alawi n’a rien trouvé d’autre à faire que de leur donner un peu de Valium. Pour qu’ils s’endorment enfin. Après une nuit d’intenses bombardements, les plus violents depuis le début de la guerre le 20 mars, les Bagdadis ont attendu le petit jour hier matin pour essayer de fermer l’œil et oublier les heures d’angoisse passées sous un orage de feu. Pour la première fois depuis plusieurs nuits, les missiles et les bombes de la coalition américano-britannique ont frappé des cibles au cœur même de Bagdad. « Personne n’a pu dormir », raconte Fahd Alawi, un fabriquant de meubles de 38 ans. Les traits fatigués, des poches sous les yeux, il explique qu’il a dû donner à ses enfants des cachets pour calmer leur peur et leurs pleurs. « Une bombe est tombée sur une voiture dans notre rue. Et elle s’est mise à brûler. Ce n’était que le début », explique-t-il. Toute la nuit, la ville a été secouée par de fortes déflagrations et le ciel s’est illuminé d’éclairs et du rougeoiement des explosions. Les avions de la coalition ont utilisé des bombes à forte pénétration qui ont fait trembler les immeubles les plus solides. « Pour les enfants, cela a été un cauchemar total », assure Louaï Hussein, 42 ans, propriétaire d’une boutique de cosmétique dans un quartier sud de la ville, qui était complètement désert hier matin. À quelque distance, les frappes ont visé des cibles dans la périphérie de Bagdad, le long des axes qu’un éventuel assaut des troupes américaines et britanniques devrait suivre. Des explosions en chapelet et le crépitement de la défense antiaérienne ont résonné toute la nuit. La famille de Louaï Hussein a trouvé refuge dans une seule pièce de leur maison de deux étages, mais qui a été construite trop récemment pour avoir un abri, comme le gouvernement en avait fait obligation durant la guerre Iran-Irak, de 1980 à 1988. « J’avais l’impression que la maison allait nous tomber sur la tête, dit-il. Nous n’avons pas fermé l’œil. Nous nous sommes écroulés de fatigue les uns après les autres au lever du jour. » Le docteur Ali Hachem, qui vit près d’un des deux centres de communication visés, le centre d’al-Ulwiyya, sur l’artère commerçante Saadoun, avait pensé avoir pris toutes ses précautions. Avant le début de la guerre, il a totalement isolé une pièce de sa maison en posant sur les murs d’épaisses plaques de bois et en les tapissant de feuilles de matière plastique contre une éventuelle attaque aux armes chimiques. Mais rien n’y a fait. « Ma maison est totalement isolée, explique-t-il les traits tirés et les joues mangées par la barbe, mais je me suis réveillé quand même. C’était comme un tremblement de terre. » Il a confirmé que les pharmaciens vendaient de plus en plus de calmants à des parents qui ne savent plus comment faire dormir leur progéniture. Mais il semble que même ces précautions ne suffisent pas pour rassurer ni les enfants ni les adultes. « Ma petite fille Zina a six ans et elle a fait pipi dans son lit, explique Jassem Ahmad, un épicier. Elle a pleuré toute la nuit. Et elle n’a pas cessé de répéter “Je veux tuer l’Amérique” comme si l’Amérique était une personne. »
Lorsque les pleurs de ses enfants lui sont devenus insupportables, Fahd Alawi n’a rien trouvé d’autre à faire que de leur donner un peu de Valium. Pour qu’ils s’endorment enfin. Après une nuit d’intenses bombardements, les plus violents depuis le début de la guerre le 20 mars, les Bagdadis ont attendu le petit jour hier matin pour essayer de fermer l’œil et oublier les...