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GUERRE EN IRAK - Crainte d’une flambée durable des prix du brut L’hypothèse d’une récession mondiale désormais crédible

Le scénario tant redouté d’une récession mondiale est désormais ouvertement évoqué, devant les difficultés rencontrées en Irak par la coalition anglo-américaine, avec la quasi-certitude d’un conflit long et la possibilité d’une flambée durable des prix du pétrole. « En cas de guerre longue, on ne peut exclure une récession économique mondiale ». Cette confession du directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Horst Koehler, a confirmé cette semaine les pires craintes des milieux économiques. La croissance mondiale devrait être selon le FMI « d’environ 3 % » cette année, a réaffirmé M. Koehler. Mais il a immédiatement précisé que ce pronostic était « basé sur un conflit militaire de courte durée en Irak et une reprise conjoncturelle progressive au second semestre ». Or la forte résistance opposée sur le terrain par les Irakiens à la coalition américano-britannique a fait voler en éclat la perspective d’une guerre éclair, et a provoqué une baisse généralisée des marchés. Avant même ce retournement, le chef économiste de la Banque centrale européenne, l’Allemand Otmar Issing, avait déjà estimé que « le déclenchement de la guerre en Irak pourrait peser à terme sur le commerce mondial en provoquant notamment un renchérissement du coût des échanges internationaux ». Hier, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pedro Solbes, s’est montré à peine plus rassurant. L’hypothèse d’une récession, provoquée par la hausse du pétrole et la chute de la confiance, est désormais dans les cartes des prévisionnistes de la Commission européenne, même s’ils jugent encore ce scénario « peu probable », a-t-il dit. Techniquement, une récession se caractérise par deux trimestres consécutifs de recul de l’activité économique. Elle a pour conséquence immédiate une augmentation massive du chômage. Pour Horst Koehler, comme pour tous les économistes, le principal facteur de risque pour l’économie mondiale réside dans une flambée du marché du pétrole, qui obéirait davantage à des considérations psychologiques qu’à la réalité de l’approvisionnement énergétique. Le patron du FMI y ajoute « la capacité de résistance des consommateurs américains et la fragilité de quelques pays en voie de développement ». Aux États-Unis, les derniers indicateurs sur les commandes de bien durables et les ventes de logements neufs publiés dans la semaine « montrent que l’état général de l’économie américaine n’est pas très bon », a indiqué à New York Jeff Sarrett, l’un des directeurs de Marblehead Asset Management. En cas de prolongement du conflit, certains économistes américains n’excluent pas une menace sérieuse de détérioration de l’économie, voire une croissance nulle au deuxième trimestre, avec un petit risque de baisse de l’activité. L’Europe, qui ne dispose plus de marge de manœuvre budgétaire, serait particulièrement pénalisée par un choc pétrolier de longue durée, estiment les économistes. « Les perspectives économiques européennes à court terme ne sont pas très favorables. Les derniers indicateurs publiés ne laissent pas beaucoup de place à l’optimisme », a reconnu M. Solbes. En fonction des événements en Irak, l’Europe pourrait donc, comme le laisse entendre M. Issing, au mieux connaître une croissance molle, au pire plonger dans la récession. Les marchés n’ont pas attendu pour répercuter ces mauvaises nouvelles et ces doutes sur la croissance mondiale, et notamment américaine. Les marchés boursiers et le pétrole hésitants, le dollar en baisse Les marchés boursiers et pétroliers ont été hésitants hier, changeant de tendance en cours de journée, tandis que le dollar a continué à se replier, dans l’attente d’informations sur la guerre en Irak dont la durée inquiète les opérateurs. C’est le marché du pétrole qui a connu le plus de remous hier. Le prix du baril a évolué à son plus haut niveau depuis le déclenchement de la guerre le 20 mars avant de s’incrire finalement en baisse par rapport aux cours de la veille. Vers 16h57 GMT à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, référence sur l’International Petroleum Exchange (IPE) de Londres valait 26,67 dollars, en baisse de 15 cents par rapport à jeudi soir. En cours de journée il a dépassé les 27,5 dollars. À New York, le brut de référence pour livraison en mai restait au dessus des 30 dollars le baril, mais à 30,12 dollars il était en baisse de 25 cents par rapport à la veille. En cours de journée il a dépassé les 30,7 dollars. La crainte d’une absence prolongée du pétrole irakien s’est conjuguée aux troubles politiques au Nigeria, qui perturbent la production de ce grand pays exportateur. Mais les courtiers ont ensuite « réalisé que les puits de pétrole, en particulier ceux du sud de l’Irak, avaient été plus ou moins sécurisés par la coalition » anglo-américaine a expliqué Christopher Bellew de Prudential Bache. Les marchés boursiers ont eux aussi eu du mal à trouver une orientation.Vers 16h55 GMT le DJIA, principal indicateur de Wall Street, reculait de 0,29 % et l’indice composite du Nasdaq de 0,28 %. L’indice Standard and Poor’s 500, plus représentatif de la tendance générale, cédait 0,14 %. Les trois indices réduisaient nettement leurs pertes. Le marché restait « sur la défensive. Le besoin de renforts en Irak va prolonger la campagne » militaire, a commenté Larry Wachtel, stratège de Prudential Securities. Les chiffres des dépenses de consommation des ménages aux États-Unis publié hier après-midi, meilleurs que prévu, et la hausse inattendue de l’indice définitif de confiance des consommateurs dans l’économie aux États-Unis, ont sans doute contribué à apaiser un peu l’atmosphère. « Le fait que des troupes (américaines) supplémentaires soient dépêchées dans le Golfe signifie de plus en plus pour les intervenants du marché qu’ils doivent compter avec une guerre longue et très disputée », a souligné Christian Schmidt, analyste de marché de la banque Helaba à Francfort. Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a réaffirmé jeudi que les États-Unis étaient « plus près du début que de la fin du conflit ». Sur le marché des changes, le dollar a perdu du terrain face aux principales devises hier. Vers 17h00 GMT (18h00 GMT), l’euro s’échangeait à 1,0764 dollar contre 1,0693 dollars jeudi soir à New York.
Le scénario tant redouté d’une récession mondiale est désormais ouvertement évoqué, devant les difficultés rencontrées en Irak par la coalition anglo-américaine, avec la quasi-certitude d’un conflit long et la possibilité d’une flambée durable des prix du pétrole. « En cas de guerre longue, on ne peut exclure une récession économique mondiale ». Cette confession...