Rechercher
Rechercher

Actualités

Les sorties de la semaine – Nicholson impressionne («About Schmidt») – Kidman surprend («The Hours») – Le Liban en Suède («Yalla! Yalla!)(photos)

Sorties prévues pour le jeudi 27/3 (sous réserve) – Frida, de Julie Taymor, avec Salma Hayek, Alfred Molina, Ashley Judd. – Daredevil, de Mark Steven Johnson, avec Ben Affleck, Jennifer Garner, Colin Farrell. Ira-t-on au cinéma pendant la guerre? En principe, oui: on verra bien. En tout cas, cette semaine, la programmation est intéressante. «About Schmidt», d’Alexander Payne, est un très bon film où Jack Nicholson réussit une nouvelle démonstration de son talent multiforme; Nicole Kidman n’est pas moins étonnante (et aussi inattendue) dans «The Hours», de Stephen Daldry (compte-rendu de Dyma Demirdjian). Enfin, sortie confirmée de «Yalla! Yalla!», de Josef Fares. Aujourd’hui, 23, c’est (sauf imprévu!) la soirée des Oscars. Chez nous, les sorties des films nominés sont plus ou moins connectées avec l’événement. Vie et survie d’un homme ordinaire About Schmidt, d’Alexander Payne Schmidt est son nom. Il pourrait s’appeler, tout aussi bien, Smith, ou Jones, ou encore Brown. Schmidt a 66 ans. Il a travaillé, une grande partie de sa vie, dans une compagnie d’assurances. Une longue carrière «réussie», entouré de collègues amicaux. Ce qui signifie, en bref, qu’il est temps pour lui de se retirer: le film s’ouvre sur la réunion de bureau organisée pour la circonstance (allocutions traditionnelles, cadeau d’une montre en or, etc.). Et maintenant, Schmidt va, en quelque sorte, «battre en retraite». En se demandant ce qu’il pourra bien faire de sa vie. Schmidt a une famille. Il est marié à Helen depuis 42 ans: une femme accorte, agréable, qui tient la maison en ordre, sans se faire autrement remarquer. Le couple a une fille, Jeannie, qui vient de se fiancer: elle s’apprête d’ailleurs à faire un long voyage pour s’occuper des préparatifs de son mariage. Comme on voit, ce tableau familial est «typiquement» américain (mais pas seulement américain!). Deux occupations meublent l’emploi du temps de Warren Schmidt: la télévision, d’abord et comme par hasard, et puis l’entretien de sa nouvelle grande caravane, confortablement aménagée (et où il aime prendre son petit déjeuner!). Rien d’exaltant dans cette routine quotidienne. Mais l’inattendu va surgir: Helen meurt subitement, et Warren découvre alors, dans les affaires personnelles de la défunte, un courrier «sentimental» ne laissant aucun doute sur une ancienne liaison de sa femme. Amer de se sentir trahi, comme déboussolé, Warren décide de gagner, au volant de sa caravane, la ville lointaine où se trouve sa fille. Avec une idée en tête: empêcher le mariage de Jeannie, dont le fiancé paraît à Warren un être totalement médiocre. L’aspect de «road-movie» que prend le film – un autre élément de la culture américain, fréquemment utilisé au cinéma – rappelle le thème du dernier David Lynch, The Straight Story (99 – sorti au Liban), avec d’évidentes différences. Mais il y a, dans les deux films, les rencontres et les haltes, la vision d’une Amérique provinciale, sinon profonde, différente. Arrivé à destination, Warren rencontre, ou plutôt affronte la nouvelle famille de sa fille: une collection de personnages affligeants... Il ne fera rien, en définitive, pour contrer les projets de Jeannie: de retour chez lui, désemparé, il dressera un bilan – plus exactement un non-bilan. Pourtant le film se termine sur une scène très brève, qui est aussi une surprise venue d’ailleurs, de très loin. Ces larmes que verse Warren ne sont pas de rédemption, à peine d’espoir. D’une ambiguïté magnifique, elles signifient aussi l’acceptation d’une mort annoncée. Ainsi est évité un cliché redoutable. Grâce, il faut le reconnaître, à l’expression bouleversante de Jack Nicholson, qui ne fut jamais aussi sobre et convaincant: Images de la vie, c’était le titre français d’un film de Douglas Sirk (en v.o.: Imitation of Life – 1959). Et qui ne le sait, il n’est pas si facile de vivre... EMPIRE/DUNES/SODECO/ GALAXY, LES AMBASSADES Rappel Yalla! Yalla!, de Josef Fares Déjà présenté dans notre dernière chronique, le film de Josef Fares devrait finir par sortir cette semaine (sauf nouvel imprévu!). Yalla! Yalla!: un titre qui prend une résonance étrange dans le contexte actuel... Le film est sous-titré en arabe et en anglais. Empire/SODECO – Salle Six L’éloge de la vie The Hours, de Stephen Daldry Adapté du roman de Michael Cunningham (prix Pulitzer 1999), The Hours était le titre provisoire du roman de Virginia Woolf, Mrs. Dalloway, autour duquel gravitent les personnages du film. Il raconte trois histoires, celles de trois héroïnes à trois périodes différentes: dans la banlieue de Londres, au début des années 20, Virginia Woolf (Nicole Kidman) lutte contre ses démons et entame l’écriture de son roman. Dans les années 50, à Los Angeles, Laura Brown (Julianne Moore) lit cet ouvrage qui bouleverse sa vie. À New York, aujourd’hui, Clarissa Vaughn (Meryl Streep) est la version moderne de Mrs. Dalloway (elle porte d’ailleurs son prénom). Nous voyageons d’une époque à l’autre, d’une histoire à l’autre en suivant le destin de ces femmes, leur vie concentrée en un seul jour. The Hours suit une structure non linéaire; procédé délaissé par le cinéma hollywoodien depuis les années 70, et récemment revenu au goût du jour (Femme fatale). Mais c’est avec subtilité et douceur que le réalisateur change de décors et de temps. Les héroïnes se font écho en usant des mêmes gestes, des mêmes mots. Tout est fait avec finesse et harmonie. À aucun moment nous ne ressentons de coupures. Trois immenses comédiennes défendent un film très littéraire, aux personnages féminins complexes. Bien qu’il soit l’adaptation d’un livre et qu’il fasse référence à Mrs. Dalloway, il n’est absolument pas nécessaire de connaître l’univers de Virginia Woolf pour apprécier le film. Il suffit de se laisser porter par la musique vaporeuse et mélancolique, de comprendre et d’accepter la souffrance et la faiblesse qui unissent ces trois femmes, afin que la magie opère. Ce film d’émotion peut paraître sombre, en traitant de thèmes tels que la perte des sentiments, le mal de vivre et la peur de la solitude. Et même si le commencement des «heures» est marqué par un suicide dont le spectre rythmera l’histoire, le film est un éloge à la vie, à l’amour et à nos faiblesses qui font de nous ce que nous sommes. Nicole Kidman est surprenante et méconnaissable. Outre son faux nez qui la métamorphose totalement, l’aidant ainsi à mieux rentrer dans la peau du personnage, la force de son jeu tient surtout aux nuances de son regard, de sa gestuelle, de son corps qu’elle porte comme une enveloppe encombrante. Julianne Moore est parfaite en femme au foyer, en mariée malheureuse et solitaire. Bien qu’elle ait moins de texte, ses scènes n’en perdent aucun intérêt. Meryl Streep, quant à elle, jongle à merveille entre sentiment de bonheur et sentiment de tristesse. N’oublions pas de mentionner les personnages secondaires, tout aussi touchants et remarquables: Claire Danes, Toni Colette, Ed Harris et John C. Reilly. Que de superlatifs donc pour un film délectable et bouleversant. Sortie réportée (date indéterminée) Ciné-clubs • Ciné-club de l’Iesav Bagdad Café, film allemand de Percy Adlon (1988), avec Marianne Sägebrecht et Jack Palance (durée: 1h48). Aucun rapport avec les sujets du jour! Dans ce café étrangement planté en plein désert californien, on reçoit des amis et on joue des musiques branchées. Le divertissement est original. Théâtre Béryte (USJ), lundi 24, à 19h30. • Ciné-club de l’École supérieure des affaires Suite et fin du cycle «Tibet, destination Élévation»: Little Buddha, film anglo-français de Bernardo Bertolucci (1993), avec Keanu Reeves, Bridget Fonda, Ying Ruochang et Chris Isaac (durée: 2h20). Un lama arrive aux États-Unis, en provenance du lointain Bhoutan: un garçon américain (Jess Conrad, 9 ans) a été désigné comme la réincarnation d’un grand chef spirituel du bouddhisme! On peut exprimer des réserves sur certains aspects du film, mais l’œuvre de Bertolucci témoigne d’une ambition assez rare au cinéma. L’ampleur de la réalisation, la sincérité et l’ardeur des interprètes, la beauté des paysages frappent le spectateur. Sans atteindre au nirvana, l’expérience ne manque pas d’originalité. Avec des interrogations troublantes sur le bouddhisme. Esa, rue Clemenceau, mardi 25, à 20h40. • Ciné-club du Centre culturel français Suite du cycle «Poésie en image(s)»: Mauvais sang, un film de Léos Carax (1985/86), avec Juliette Binoche, Michel Piccoli, Julie Delpy et Denis Lavant (durée: 2h05). Noir, plus que noir, étrangement noir. Seul Carax pouvait imaginer et filmer une pareille histoire. Dans un Paris «décalé» – et menacé par une comète – une intrigue amoureuse condamnée par le destin et des personnages aussi étranges que dangereux. Acteurs et actrices sont dans le coup: bon sang ne saurait mentir! Salle Montaigne, mercredi 26, à 19h15. Carnet • Tennessee Williams: Le 20e anniversaire de la mort de Tennesse Williams, écrivain, dramaturge et scénariste (c’était le 25 février 1983), n’est pas passé inaperçu. La place de cet auteur dans les lettres américaines, encore que particulière, est importante. Avant de connaître une renommée glorieuse – en 1945 – il avait traversé des temps difficiles. Sa réputation d’homosexuel ne lui avait pas facilité les choses. Vers la fin de sa vie, solitaire et désabusé, il devait sombrer dans la drogue et l’alcool. De ses dix-neuf pièces, bon nombre furent adaptées au cinéma. Les titres sont éloquents: A Streetcar Named Desire, d’Élia Kazan – Cat on a Hot Tin Roof et Sweet Bird of Youth (deux films de Richard Brooks) – Suddenly, Last Summer, de Joseph L. Mankiewicz – et Baby Doll, encore de Kazan, dont il avait écrit le scénario. Françoise Sagan tenait Tennessee Williams pour un des plus grands poètes de l’Amérique. • Horst Buchholz: Acteur allemand (1933-2003). Travaille tout jeune à la radio et au doublage de films. Débute au théâtre en 1951. Physique séduisant de jeune premier (mais sans fadeur). Le metteur en scène français Julien Duvivier l’engage, en 55, pour son film Marianne de ma jeunesse. Il triomphe sur la scène à Broadway. Deux films marquent sa carrière à Hollywood: The Magnificent Seven, de John Sturges (60), et One, Two, Three, de Billy Wilder (62). Buchholz était venu à Beyrouth lors d’un Festival international du cinéma au Liban. RUBRIQUE RÉALISÉE PAR JEAN-PIERRE GOUX-PELLETAN
Sorties prévues pour le jeudi 27/3 (sous réserve) – Frida, de Julie Taymor, avec Salma Hayek, Alfred Molina, Ashley Judd. – Daredevil, de Mark Steven Johnson, avec Ben Affleck, Jennifer Garner, Colin Farrell. Ira-t-on au cinéma pendant la guerre? En principe, oui: on verra bien. En tout cas, cette semaine, la programmation est intéressante. «About Schmidt», d’Alexander...