SANTÉ - Des mesures draconiennes ont été prises dans les aéroports de plusieurs capitales internationales L’épidémie de pneumonie atypique s’aggrave : déjà 167 cas recensés dans le monde(photo)

L’épidémie de pneumonie d’origine mystérieuse, qui a fait au moins neuf morts en Asie et au Canada, s’est aggravée. Ainsi, 167 cas ont déjà été recensés dont 83 à Hong Kong, tandis que les contrôles sanitaires se sont renforcés dans le transport aérien et des mesures exceptionnelles ont été prises dans les aéroports de plusieurs capitales mondiales « Le chiffre est alarmant », a admis hier le secrétaire à la Santé de Hong Kong Yeoh Eng-Kiong, tout en demandant aux habitants du territoire de « conserver leur calme » et de ne « pas céder à la panique ». Il a affirmé que la croissance de nombre de cas confirmés s’explique par le fait que les services de santé se sont activement mis à la recherche de malades pouvant souffrir de cette affection, alors que ces derniers pensaient jusqu’ici être simplement atteints de fièvre. M. Yeoh a souligné que les derniers cas déclarés concernent 16 étudiants en médecine, et 23 sont des proches des malades, insistant sur le fait que l’épidémie ne s’est pas étendue sur une grande échelle. « Hong Kong est un endroit sûr et il n’y a pas de signe que la maladie se soit répandue dans la communauté », a affirmé M. Yeoh. À Hanoi, au moins 48 personnes avaient contracté hier la maladie, selon des sources médicales. Si l’épidémie semble contrôlée à l’hôpital français de Hanoi, qui compte toujours 31 malades depuis le décès samedi d’une infirmière vietnamienne, l’hôpital de Bach Mai faisait état de 19 cas dont cinq dans un état critique. Selon l’agence Vietnam News (VNA), les autorités vietnamiennes ont mobilisé une centaine de volontaires et mis en place un comité de pilotage dimanche pour tenter de contrôler l’épidémie. Un début de panique s’est emparé de Hanoi où les familles d’expatriés hésitent à emmener leurs enfants à l’école et où certains songent à quitter le pays. Une panique « non justifiée » actuellement, selon le Dr Yves Nicolai, directeur général de l’hôpital français, une structure privée qui a cessé toute activité médicale classique pour se consacrer uniquement à la lutte contre le SARS (Severe Acute Respiratory Syndrome). Pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la diffusion rapide de la maladie grâce au transport aérien constitue une menace pour la santé à l’échelle de la planète. « En raison de la diffusion du SARS dans plusieurs pays en peu de temps, l’OMS a publié aujourd’hui des conseils de secours pour les voyageurs et les compagnies aériennes », a expliqué un communiqué de l’organisation publié à Genève. Quelque 190 cas possibles, des personnels médicaux dans leur majorité, ont été notifiés à l’OMS en provenance du Canada, de Chine, de Hong Kong, d’Indonésie, de Singapour, de Thaïlande et du Vietnam. En matinée, les autorités sanitaires suisses ont annoncé avoir pris des mesures de précaution dans les aéroports après l’apparition de deux cas suspects à Genève, tous deux de retour récemment d’un voyage dans le Sud-Est asiatique. En Slovénie, un cas suspect a également été détecté. Il s’agit d’une femme, qui a récemment séjourné au Vietnam, mais le diagnostic n’a pas été confirmé. Cette pneumopathie dont les symptômes ressemblent à ceux de la grippe commence par une forte fièvre supérieure à 38 degrés Celsius ainsi que par un ou plusieurs symptômes respiratoires (toux, difficultés respiratoires, souffle court). Ces symptômes sont, semble-t-il, les mêmes que ceux notés dans la province de Guangdong (Canton) dans le sud de la Chine début février lors d’une épidémie ayant touché 305 personnes dont 5 sont mortes. La compagnie aérienne hongkongaise Cathay Pacific a annoncé dans un communiqué avoir pris des « mesures de précaution sanitaire » en raison de l’épidémie. « La compagnie a pour règle de ne pas accepter à bord tout passager dont on sait qu’il souffre d’une maladie contagieuse », rappelle le chef des services médicaux de Cathay Pacific, le Dr John Merritt. En outre, une attention particulière doit être accordée aux filtres à air dans les avions qui contiennent des gouttes de condensation et des poussières responsables de la propagation de germes infectieux. La Malaisie à son tour après Singapour, où 20 cas ont été enregistrés, et Taïwan ont demandé à leurs ressortissants d’éviter de se rendre dans les zones touchées par l’épidémie. Enfin, les Philippines et l’Indonésie semblaient lundi avoir été épargnées, contrairement à ce qu’on redoutait jusque-là.