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Les kamikazes : des gens ordinaires, affirme un chercheur américain

Contrairement à une idée largement répandue en Occident, la plupart des auteurs d’attentats-suicide au Moyen-Orient ne sont ni pauvres, ni ignorants, ni fous, soutient un chercheur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS - France) dans la revue américaine Science. Le chercheur américain met ainsi en doute la stratégie illusoire de prévention employée, à coup de milliards de dollars, pour éviter un nouveau 11 septembre, alors que des armées de volontaires kamikazes surgissent. « On ne s’attaque pas aux racines du phénomène », déplore le psychologue et anthropologue Scott Atran dans un entretien. « Réduire la pauvreté et favoriser l’éducation ne viendront pas à bout du terrorisme », estime-t-il. « Dépeindre les auteurs d’attentats-suicide comme le mal et de lâches déments dont le recrutement prospère grâce à la pauvreté et l’ignorance est une erreur. Il est également faux de les décrire comme des gens désespérés qui n’ont plus rien à perdre », dit-il. « L’Irak n’a rien à voir avec tout ça », s’exclame-t-il. Les études montrent que ces kamikazes musulmans sont le plus souvent des gens ordinaires des classes moyennes. Il regrette ainsi « la tendance en Occident à voir la cause de tout problème dans l’individu (un “fou, un déséquilibré”) sans presque jamais analyser le contexte » dans lequel entrent en compte des « griefs historiques et politiques », comme le « sentiment d’humiliation hérité de l’histoire », telle la question de la Palestine. « Des milliards de dollars sont gaspillés pour protéger d’innombrables cibles (centres commerciaux, universités, etc.) contre des attaques-suicide alors qu’il y a une abondance de gens déterminés à mourir », relève Scott Atran, également professeur à l’institut de recherches sociales de l’Université du Michigan (États-Unis). En revanche, la recherche psycho-sociale est négligée, selon lui. « Ces gens sont délibérément manipulés par des élites religieuses ou politiques, qui utilisent la propension humaine à voir le monde en termes religieux », explique le chercheur qui a consacré son dernier livre In Gods We Trust : The Evolutionary Landscape of Religion (à paraître prochainement en français) à la compréhension du sentiment religieux dans les sociétés. « Cette manipulation caractéristique sur le cerveau est comparable à celle qu’exercent les sociétés de fastfood ou les pourvoyeurs de pornographies qui jouent sur l’inclination humaine pour le sucre ou le sexe », indique-t-il. Le chercheur suggère notamment aux États-Unis et à leurs alliés « d’encourager les modérés et d’entamer des débats civiques, afin de favoriser les échanges entre membres des différentes religions et groupes politiques ». Il critique toute l’aide internationale qui était redistribuée aux mosquées sans discernement, « avec pour résultat le contraire de ce qui était escompté ».
Contrairement à une idée largement répandue en Occident, la plupart des auteurs d’attentats-suicide au Moyen-Orient ne sont ni pauvres, ni ignorants, ni fous, soutient un chercheur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS - France) dans la revue américaine Science. Le chercheur américain met ainsi en doute la stratégie illusoire de prévention employée, à coup de milliards...